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Israël soumet une dernière proposition aux États-Unis qui ne fait pas l’unanimité

Un officiel a estimé que les nouvelles clauses pourraient "porter un coup mortel aux négociations" ; la délégation israélienne devrait partir dimanche pour Rome

Les familles et les sympathisants des otages israéliens manifestent devant le bureau de l'ambassade américaine à Tel Aviv, le 24 juillet 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Les familles et les sympathisants des otages israéliens manifestent devant le bureau de l'ambassade américaine à Tel Aviv, le 24 juillet 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Israël a relayé une nouvelle proposition dans le cadre des discussions portant sur un accord sur les otages détenus à Gaza, la transmettant à la Maison Blanche samedi, dans un contexte de pourparlers en cours avec le Hamas. Mais des sources qui se sont exprimées dans les médias israéliens ont indiqué que ces demandes récentes qui ont été soumises par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pourraient faire avorter les négociations.

Selon la Douzième chaîne, la proposition demande la mise en place d’un mécanisme d’inspection qui garantira que les terroristes ne pourront plus entrer dans le nord de la bande. Elle prévoit qu’Israël maintiendra sa présence sur la frontière séparant l’Égypte de Gaza durant la première phase de l’accord et elle insiste sur le fait qu’Israël devra recevoir la liste, en bonne et due forme, de tous les otages qui sont encore en vie.

Le reportage a cité les propos tenus par un haut-fonctionnaire israélien qui a semblé sceptique face à ces demandes, estimant que la proposition pourrait ne pas être seulement présentée au Hamas par les intermédiaires arabes. « Je doute du fait que cette proposition soit transmise au Hamas au vu des changements substantiels qui ont été apportés » par rapport à la proposition initiale, a commenté l’officiel.

Le site d’information Walla a, lui aussi, cité des membres de l’équipe chargée de mener les négociations et elle a repris les réflexions faites par des responsables israéliens appartenant à l’establishment sécuritaire israélien – qui ont fait savoir qu’il était peu probable que le Hamas accepte ces nouvelles demandes, ce qui était susceptible d’entraîner une crise dans les discussions.

Un membre de la délégation israélienne en charge des pourparlers a dit à Haaretz que la demande portant sur un mécanisme d’inspection qui empêcherait le retour des hommes armés dans le nord de l’enclave côtière était « un coup mortel porté aux négociations ».

« L’establishment de la sécurité pourra tout à fait prendre en charge les défis sécuritaires sans ce mécanisme », a affirmé la source qui a ajouté que Netanyahu, avec ses demandes, « met en péril sans réfléchir la vie des otages ».

Cette nouvelle offre a été faite alors que le chef du Mossad, David Barnea, devrait s’entretenir à Rome dans la journée de dimanche avec les médiateurs dans les pourparlers — le responsable de la CIA William Burns, le dirigeant des renseignements égyptiens Abbas Kamel et le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman al-Thani.

Un responsable palestinien qui n’a pas été identifié à déclaré à la chaîne Kan que l’offre israélienne avait été établie « pour mettre des obstacles dans les pourparlers » et que, dans les faits, elle permettait à Israël de décliner l’offre sans avoir à le dire explicitement.

Le chef de la CIA William Burns, le chef des services de renseignement égyptiens Abbas Kamel, le chef du Mossad David Barnea et le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman al-Thani. (Crédit : Collage/AP/AFP)

Un haut-responsable palestinien dont les propos ont été repris dans le journal Al-Mayadeen, qui est proche du Hezbollah, dans la journée de samedi a indiqué que le Hamas considérerait comme nulles et non-avenues toutes les nouvelles propositions qui lui seraient faites.

De son côté, Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zanguaker qui est également une personnalité de premier plan dans la lutte en faveur du rapatriement des captifs, a accusé Netanyahu, samedi, d’empêcher tous les progrès vers un accord avec sa nouvelle proposition.

« Il y a un accord sur la table et Netanyahu est en train de l’assassiner », a déclaré Zangauker dans une déclaration faite avant le rassemblement qui était organisé à Tel Aviv. « Il a transmis aujourd’hui une nouvelle proposition qui lui permet encore de continuer à traîner les pieds et qui, selon les responsables de la sécurité, entraînera une crise dans les négociations ».

« Il y a un accord qui est sur la table et Netanyahu est en train de l’assassiner », a-t-elle commenté lors d’une manifestation qui a lieu, tous les samedis, aux abords du siège de Tsahal à Tel Aviv.

Les nouvelles requêtes d’Israël arrivent dans le sillage de trois conditions « non-négociables » dont Netanyahu avait fait la liste dans un communiqué, le 7 juillet : Optimiser le nombre d’otages encore en vie à libérer, empêcher le retour des hommes armés dans le nord de l’enclave côtière et arrêter le trafic d’armes depuis l’Égypte qui a bénéficié au Hamas depuis son arrivée au pouvoir.

La Douzième chaîne a noté, mercredi, que Netanyahu tentait d’obtenir un engagement écrit de la part du président Joe Biden qui stipulera que les États-Unis soutiendront le droit d’Israël à reprendre les combats jusqu’à ce que les objectifs de guerre de l’État juif soient atteints – c’est la quatrième condition « non-négociable » qui a été présentée par le Premier ministre.

La dernière offre israélienne a été transmise à la Maison Blanche alors que Netanyahu mettait un terme à un déplacement aux États-Unis, où il se trouve depuis lundi dernier.

Einav Zanguaker s’exprime pendant une conférence de presse des proches d’otages détenus par le Hamas à Gaza devant le siège de Tsahal, la Kirya, à Tel Aviv, le 27 juillet 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Biden et Netanyahu ont rencontré des proches des captifs américains dans la journée de jeudi. Lors de cette rencontre, le président américain a noté que « je veux vous dire que je ferai tout ce qui est possible, que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir » pour obtenir la libération des otages.

Jonathan Dekel-Chen, le père de Sagui Dekel-Chen, a expliqué à l’issue de cette réunion que « nous sommes probablement plus optimistes que nous ne l’avons jamais été depuis la première série de remises en liberté des otages, à la fin du mois de novembre ».

Les discussions n’ont pas permis de mettre en place une trêve à Gaza et de faire libérer les captifs depuis le cessez-le-feu d’une semaine qui avait eu lieu au mois de novembre – le Hamas avait alors libéré 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens. Les négociations en cours portent sur une proposition qui avait été soumise par Israël en date du 27 mai et qui avait été présentée par Biden lors d’un discours, le 31 mai.

Jonathan Dekel-Chen, au centre, père de l’otage américain Sagui Dekel-Chen, ainsi que d’autres familles d’otages à Gaza, s’adressent aux journalistes après leur rencontre avec le président américain Joe Biden et le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche à Washington, jeudi 25 juillet 2024. (Crédit : Susan Walsh/AP)

Sur les 251 personnes qui avaient été kidnappées par le Hamas lors du pogrom du 7 octobre, 111 seraient encore dans les geôles du Hamas à Gaza. 39 d’entre eux sont morts en captivité, a confirmé l’armée israélienne, et le groupe terroriste détient leurs corps sans vie.

Le 7 octobre, des milliers de terroristes avaient commis un massacre dans le sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes. Israël avait riposté en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 39 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 15 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

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