Israël va indemniser la famille d’Omar Asad, mort après avoir été arrêté par Tsahal
Le ministère de la Défense versera 500 000 shekels à la famille de ce ressortissant américano-israélien âgé de 78 ans, décédé d'une crise cardiaque après son arrestation
Le ministère de la Défense indemnisera la famille d’un ressortissant américano-israélien âgé de 78 ans qui avait succombé à une crise cardiaque après avoir été menotté, bâillonné et abandonné sur un chantier de construction par des soldats israéliens en plein hiver.
Le pays a convenu de verser à la famille d’Omar Asad, 78 ans, environ
500 000 shekels, a fait savoir au Times of Israel un porte-parole du ministère de la Défense, confirmant ainsi des informations transmises vendredi par la chaîne Kan.
En échange, « les partis concernées ont également convenu de retirer la plainte [concernant la mort de l’homme] contre l’État qui avait été déposée devant le tribunal », a continué le porte-parole.
« En même temps et au vu des circonstances uniques caractérisant cet incident malheureux, il a été convenu devant les juges que la famille recevrait la somme de 500 000 shekels », a continué le porte-parole.
De hauts-responsables israéliens avaient qualifié ce décès de « grave échec moral », ce qui pourrait expliquer pourquoi Jérusalem a donné exceptionnellement son accord à ce principe d’indemnisation.
Les États-Unis avaient exercé des pressions intenses sur Israël pour ouvrir une enquête sur l’incident et pour que les responsables de la mort du septuagénaire soient jugés devant les tribunaux. Asad était aussi citoyen américain.
Une enquête ouverte par Tsahal sur cet incident survenu le 12 janvier avait évoqué « un échec éthique » de la part des soldats impliqués. Deux officiers avaient été démis de leurs fonctions et un troisième avait été formellement condamné. Une enquête pénale est également en cours.
La mort d’Asad avait suscité une vive réaction de la part de l’administration Biden, le département d’État soulignant dans ses multiples déclarations publiées à ce sujet qu’il prenait très au sérieux la sécurité de ses ressortissants à l’étranger.
Même après l’enquête interne de Tsahal, les États-Unis avaient continué d’appeler à une « enquête criminelle approfondie » et l’ambassadeur américain Tom Nides avait rencontré le chef d’État-major Aviv Kohavi pour s’entretenir sur les avancées des investigations.
Kohavi avait alors « clairement indiqué qu’il s’agissait d’un grave incident moral contraire aux valeurs de Tsahal ».
Des législateurs démocrates s’étaient également inquiétés de la mort d’Asad, exigeant une enquête sans cacher leur préoccupation face, plus largement, aux pratiques militaires israéliennes en Cisjordanie.
Selon une enquête initiale de l’armée, Asad avait été placé en détention par des soldats du bataillon Netzah Yehuda qui avaient dressé un checkpoint dans le village de Jiljilya, en Cisjordanie, arrêtant les voitures et vérifiant l’identité de leurs occupants.
Asad – qui avait refusé de s’identifier quand les militaires le lui avaient demandé et qui s’était insurgé contre ces derniers – avait alors été arrêté par les troupes qui lui avaient attaché les mains.
Ils l’avaient ensuite emmené sur un chantier de construction voisin, où il avait été laissé sur le sol dans la nuit glaciale du mois de janvier.
Afin de l’empêcher de crier et d’avertir les voitures qui s’approchaient de la présence du checkpoint, ils l’avaient bâillonné, l’empêchant de parler d’abord avec les mains puis en plaçant un bout de tissu dans sa bouche pendant un court moment, a permis d’établir l’enquête.
Trois autres Palestiniens avaient été amenés dans le même bâtiment. Quand les soldats avaient décidé de partir, trente minutes plus tard à peu près, ils avaient libéré les quatre hommes et ils les avaient laissés partir, a noté l’enquête.
Mais Asad ne bougeait plus. Les militaires l’avaient laissé sur le chantier, expliquant ultérieurement aux enquêteurs de Tsahal qu’ils avaient pensé qu’il s’était endormi.
Asad, citoyen américain qui avait passé de nombreuses années aux États-Unis, avait été retrouvé mort quelques heures plus tard, une menotte en plastique encore attachée autour de l’une de ses mains et un bandeau sur les yeux.
Une autopsie menée par l’Autorité palestinienne et qui avait été réexaminée par Tsahal avait déterminé qu’il était mort d’une crise cardiaque entraînée par le stress et des suites de « blessures externes », notamment « d’hématomes et de frottements » causés par le fait que la victime avait été bâillonnée et menottée. Asad avait subi, dans le passé, des interventions chirurgicales à cœur ouvert et il était en mauvaise santé, avait fait savoir sa famille.