Israël veut « aider » l’Equateur dans sa lutte contre les cartels, affirme Noboa
La petite nation andine de près de 18 millions d'habitants est plongée dans un conflit sanglant entre narcotrafiquants qui se disputent le transit de la cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins

Le président fraîchement réélu de l’Equateur, Daniel Noboa, a affirmé jeudi dans un entretien à l’AFP qu’Israël souhaite « aider » Quito en matière de renseignement dans sa lutte contre les cartels de drogue qui gangrènent le pays sud-américain.
Autrefois considéré comme un havre de paix dans une région troublée, la petite nation andine de près de 18 millions d’habitants est plongée dans un conflit sanglant entre narcotrafiquants qui se disputent le transit de la cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins.
Le jeune dirigeant de 37 ans, réélu mi-avril, termine en France une tournée en Europe et au Moyen-Orient destinée à chercher des alliés internationaux dans sa guerre contre le crime organisé.
Il s’est rendu en Italie, au Vatican, en Espagne, aux Emirats arabes unis, en Israël et au Royaume-Uni. En Israël, il a discuté avec le gouvernement « de coopération et de renseignement, de coopération en matière de sécurité dans les ports et aux frontières. (…) Et en cela, l’Etat d’Israël, tout comme les Emirats arabes unis avec leurs systèmes de renseignement, veulent nous aider », a assuré M. Noboa à Paris.
« Pour nous, c’est essentiel, car c’est là, dans ces zones ou sur les routes vers les ports, que se situe la violence », a déclaré le président équatorien.
M. Noboa a récemment demandé au Parlement de revenir sur l’interdiction d’établir des bases militaires étrangères dans le pays afin de lutter contre le narcotrafic. Jusqu’en 2009, les Etats-Unis avaient des troupes établies sur une base militaire dans le port de Manta (sud-ouest).

Sur ce projet, « il n’y a pas en ce moment d’intérêt majeur », a reconnu le dirigeant.
Daniel Noboa a bâti son succès sur sa guerre contre le crime. Au pouvoir depuis novembre 2023, il se targue d’avoir fait baisser le taux d’homicides de 47 pour 100 000 habitants en 2023, un plus haut annuel dans le pays, à 38 en 2024, même si ce taux est remonté début 2025.
Héritier d’un magnat de la banane, le président Noboa a été réélu jusqu’en 2029 avec une confortable avance de 11 points sur la candidate de gauche Luisa Gonzalez, dauphine de l’ancien président de gauche Rafael Correa (2007-2017), condamné pour corruption et réfugié en Belgique.
« On s’attendait à un peu moins, mais la population a répondu positivement », a estimé le président à propos de cette avance aussi large qu’inattendue. Au premier tour de l’élection en février, seules 17.000 voix le séparaient de sa rivale.
Relations avec le Mexique
Mme Gonzalez a dénoncé une fraude mais les observateurs internationaux ont validé le scrutin.
Daniel Noboa, qui incarne l’élite politique équatorienne issue du monde de l’entreprise, dit ressentir « un peu de peine et de la déception » face à ces allégations. « Nous devrions regarder vers l’avenir, nous devrions travailler pour le futur », a-t-il dit à l’équipe de l’AFP, dans un salon d’un palace parisien.
Le dirigeant s’est par ailleurs montré ouvert à rétablir les relations diplomatiques avec le Mexique, rompues depuis 2024, à condition toutefois de ne pas libérer l’ex-vice-président corréiste Jorge Glas, condamné pour corruption.
Le Mexique a rompu ses relations avec l’Equateur il y a un an, après que les forces de sécurité équatoriennes ont pris d’assaut l’ambassade du Mexique à Quito pour y arrêter l’ancien vice-président qui y avait obtenu l’asile.
« Nous sommes ouverts, nous pouvons discuter et travailler ensemble tant que la condition n’est pas de libérer des personnes condamnées par la loi équatorienne », a-t-il dit.
Le gouvernement de gauche de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum s’est abstenue de reconnaître la victoire de Daniel Noboa. « Cela ne me surprend pas, je ne fais pas partie de la liste de ses personnages favoris », a rétorqué l’Equatorien.