Jack Lew : Les liens entre les États-Unis et Israël n’ont pas changé
L'envoyé américain en Israël affirme que seule « une série de munitions » a été retenue et que "fondamentalement, rien n'a changé" entre Israël et les États-Unis
L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Jack Lew, a insisté dimanche sur le fait que « fondamentalement, rien n’a changé dans les relations de base » entre Israël et les États-Unis, malgré la décision de l’administration Biden, la semaine dernière, de retarder une livraison de bombes à forte charge à Israël, et la déclaration du président Biden selon laquelle il ne fournirait pas d’armes offensives à Israël en vue d’une incursion de grande envergure de l’armée israélienne dans les centres de population de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Notant que l’aide militaire de Washington à Jérusalem a augmenté depuis que la guerre a éclaté à Gaza après l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, Lew souligne dans une interview accordée à la Douzième chaîne que seul « un ensemble de munitions » a été retenu, et que « tout le reste continue de circuler ».
Les deux parties « doivent continuer à discuter « des questions liées à l’utilisation de bombes de grand diamètre, de bombes lourdes, en particulier lorsqu’elles sont susceptibles d’être utilisées dans des zones urbaines densément peuplées », a-t-il déclaré.
« Mais je pense que c’est une erreur de penser que quelque chose a fondamentalement changé dans la relation », a-t-il répété.
Interrogé par l’intervieweuse Yonit Levy sur l’intention déclarée de Joe Biden de ne pas fournir d’armes offensives à Israël « si elles sont utilisées dans ces centres de population “, Lew a répondu : « Ce que le président a dit, c’est qu’il ne pense pas que ce soit une bonne idée d’avoir une opération terrestre de grande envergure dans une zone fortement peuplée. Mais il a spécifiquement dit que des bombes de 1 000 kg ne devraient pas être utilisées dans ce contexte. »
Lew a toutefois noté que Biden a clairement indiqué qu’Israël ne s’était pas engagé, jusqu’à présent, dans le type d’opération terrestre majeure à Rafah à laquelle les États-Unis s’opposent. Jusqu’à présent, l’opération de Rafah n’a pas « franchi la zone où se situent nos désaccords. J’espère que nous ne nous retrouverons pas avec de vrais désaccords ».
Poussé par Levy, qui demande si le président a vraiment dit « arrêtez la guerre et ne renversez pas le Hamas », l’ambassadeur se dérobe et déclare que les États-Unis ont souligné, dès le début de la guerre, qu’Israël a la responsabilité de protéger les civils innocents.
À la question de savoir si l’objectif de la guerre reste l’élimination du Hamas, il a répondu que les États-Unis « n’auraient jamais utilisé ce langage ».
« Le défi consiste à réduire le Hamas au point qu’il ne constitue plus une menace », a affirmé Lew. « Nous avons toujours dit que le Hamas ne devait être ni un organe politique ni un organe de gouvernement. Cela ne signifie pas qu’il faille éliminer jusqu’au dernier membre du Hamas. »
« Nous n’avons jamais dit qu’il n’était pas légitime de s’en prendre aux quatre bataillons que le Hamas maintient à Rafah », a ajouté Lew. « Nous avons dit qu’il y avait une meilleure façon de le faire », notamment par le biais « d’opérations ciblées ».
Répondant aux critiques, y compris au sein du parti démocrate, selon lesquelles le refus de Biden de fournir des armes est une concession à l’extrême-gauche et aide les ennemis d’Israël, Lew a fait remarquer que l’administration vient juste d’approuver la poursuite de l’aide militaire. (Elle l’a fait, a-t-elle déclaré vendredi, en dépit des craintes que certaines armes américaines aient été utilisées dans des circonstances incompatibles avec le droit humanitaire international).
Le secrétaire d’État Antony Blinken a conclu « qu’il n’y aurait pas d’interruption de l’aide américaine à Israël », a précisé Lew. « C’est d’une importance capitale. Beaucoup de gens critiquent cette décision. Je pense que c’était la bonne décision », a-t-il ajoute. « Il faut considérer cette décision dans le contexte du retard d’une cargaison de bombes lourdes. Il faut l’envisager dans un contexte plus large. »
Interrogé sur l’état des négociations sur la prise d’otages, Lew a déclaré : « Les gens comprennent mal » ce qui s’est passé au cours de la semaine dernière. « Une proposition qu’Israël, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar ont élaborée pour l’envoyer au Hamas est revenue avec des changements. Ces changements ne sont pas acceptables pour Israël. Nous avons dit qu’ils n’étaient pas acceptables, mais que vous pouviez continuer à négocier […] Nous continuons à pousser toutes les parties à rester engagées ».
Concernant un rapport selon lequel les États-Unis offrent à Israël des informations sensibles sur la localisation des dirigeants du Hamas, laissant entendre qu’ils ont retenu ces informations jusqu’à présent, Lew a répondu : « Nous nous aidons depuis un certain temps sur ces questions » et que les Etats-Unis et Israël ont un « objectif commun de vaincre le Hamas, de trouver les dirigeants du Hamas, de fermer la frontière à la contrebande […] Nous partageons assez largement nos informations ».
Lew n’a pas pu répondre à la question de savoir comment la guerre allait se terminer, mais il a souligné qu’il s’agissait « déjà de la plus longue guerre d’Israël depuis la Guerre d’Indépendance » et qu’Israël avait « payé un lourd tribut ».
« Tout le monde souhaite que cette guerre se termine, je l’espère. Nous voulons certainement qu’elle se termine de manière à ce qu’Israël soit en sécurité, que vos fils et vos filles n’aient pas à aller se battre et que les gens puissent rentrer chez eux et vivre dans leurs maisons. Tel devrait être notre objectif commun. »