Jeffrey Goldberg, le journaliste au cœur du scandale sur les plans militaires américains
Qui est ce rédacteur en chef du magazine The Atlantic invité par erreur dans un groupe de discussions de hauts responsables américains sur des frappes américaines au Yémen ?

Invité par erreur dans un groupe de discussions de hauts responsables américains sur des frappes américaines au Yémen, Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du magazine The Atlantic, est depuis la cible de violentes attaques de Donald Trump et son gouvernement – alors même qu’il ne faisait que « s’occuper de [ses] affaires ».
« Je suis là, tranquille, à m’occuper de mes affaires. Ils m’invitent dans cette conversation Signal et maintenant ils me traitent d’ordure. C’est à n’y rien comprendre », a déclaré le journaliste de 59 ans, dans un entretien diffusé jeudi par la BBC.
« C’est leur stratégie : ne jamais défendre, seulement attaquer », a-t-il ajouté. « Peut-être devraient-ils plutôt se demander comment j’ai pu me retrouver dans la conversation. »
Qui est Jeffrey Goldberg, quel est son parcours et qu’a-t-il fait à la tête de The Atlantic ? Voici quelques éléments de réponse.
Qui est Jeffrey Goldberg ?
Né dans une famille juive new-yorkaise, Jeffrey Goldberg a émigré en Israël à la fin des années 1980. Il y a brièvement servi dans l’armée israélienne au cours de la première Intifada, notamment comme gardien d’un camp de prisonniers palestiniens, comme il le raconte dans des livres sur son expérience.
De retour aux Etats-Unis, il entre au Washington Post en tant que spécialiste police, avant de travailler pour les New York Times Magazine et New Yorker, selon le site de The Atlantic.
Spécialiste des questions de sécurité, il rejoint en 2007 le prestigieux mensuel, dont il devient en 2016 le quinzième rédacteur en chef, poste qu’il occupe toujours aujourd’hui.
Comment il a redressé The Atlantic
Fondé en 1857 à Boston, le magazine était au départ un mensuel littéraire et culturel, publiant de grands auteurs et des essais sur des sujets contemporains, notamment en faveur de l’abolition de l’esclavage.
Après avoir réduit sa publication de 12 à 10 numéros par an au début des années 2000, dans un contexte difficile pour la presse écrite, The Atlantic a repris des couleurs ces dernières années sous la direction de Jeffrey Goldberg.
Il a annoncé l’an dernier avoir dépassé la barre du million d’abonnés et être à nouveau rentable, après avoir remporté trois prix Pulitzer en 2021, 2022 et 2023.
Quelles sont ses relations avec Trump ?
Jeffrey Goldberg s’était déjà attiré les foudres de Donald Trump en 2020 pour un article dans lequel de hauts responsables militaires américains affirmaient que le président avait qualifié de « perdants » les soldats tombés lors de la Première Guerre mondiale.
La publication lundi de son article, sur son inclusion accidentelle dans une conversation de hauts responsables américains sur la messagerie Signal sur des plans de frappe au Yémen, lui a valu une nouvelle salve.
« Je sais juste que Goldberg est une ordure. Je sais que son magazine est mauvais. C’est juste un gars pour lequel je n’ai jamais eu beaucoup de respect », a dit mercredi Donald Trump à des journalistes à la Maison Blanche.

Le ministre de la Défense Pete Hegseth, fragilisé par les révélations du magazine, s’en est également pris violemment à Goldberg : « vous parlez d’un soi-disant journaliste sournois et très discrédité qui a fait profession de colporter des canulars. »
Jeffrey Goldberg a dénoncé le mépris de Donald Trump pour les militaires et sa « lâcheté » dans un recueil paru en 2024 intitulé, On heroism: McCain, Milley, Mattis, and the Cowardice of Donald Trump (« À propos de l’héroïsme : McCain, Milley, Mattis et la lâcheté de Donald Trump »).
À chaque élection présidentielle depuis 2016, The Atlantic a par ailleurs appelé à voter pour le candidat démocrate face à Donald Trump, Hillary Clinton, Joe Biden puis Kamala Harris.