Jérusalem enfreint la loi sur le recyclage des emballages et risque des amendes
Le ministère de la Protection de l'environnement avertit la municipalité qu'elle est en infraction car elle ne fournit pas de conteneurs oranges à tous les immeubles résidentiels
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Le ministère de la Protection de l’environnement menace la municipalité de Jérusalem d’une amende de 528 000 shekels (120 000 euros) en raison de son non-respect de la loi adoptée en 2011 qui oblige les autorités locales à distribuer des bacs de recyclage pour les emballages et les contenants.
Israël s’appuie sur un système de recyclage à la source, ce qui veut dire que ce sont les citoyens qui sont responsables de trier les déchets et de les jeter dans les conteneurs appropriés. Les produits recyclés ainsi, contrairement à ceux jetés dans le reste des déchets et triés ultérieurement, sont de meilleure qualité, car les risques de contamination croisée, provoquée notamment par les déchets alimentaires, l’huile ou la graisse, sont moindres.
Jérusalem, en revanche, a mis en place un système qui voit les habitants se débarrasser de leurs contenants et emballages avec le reste des déchets. Le tout est ensuite envoyé à une entreprise située au nord de la ville qui se charge de faire le tri et de revendre les matériaux recyclés.
Il semble que ce soit le contrat liant la municipalité à l’entreprise Greenet qui empêche l’application de la loi sur le recyclage dans la ville.
Obligations légales
Les autorités locales sont dans l’obligation de mettre en place des infrastructures pour le recyclage, notamment des conteneurs séparés destinés aux emballages (bouteilles, cartons, boites de conserve, sacs plastique, etc.) ainsi qu’au verre, au papier, au carton épais et aux déchets électroniques. Des structures pour récupérer le bois (tels que celui issu des palettes) doivent également être mises à la disposition des entreprises. Les autorités locales doivent transporter ces déchets vers les usines de tri et/ou de recyclage et informer la population sur le bon usage des différentes poubelles. Les vertes sont ainsi destinées aux déchets ménagers non recyclables, tels que les lingettes, le plastique à usage unique, les couches sales et les contenants présentant des restes de nourriture.
Les Hiérosolymitains ont accès à l’intérieur ou l’extérieur de leur immeuble à ces conteneurs verts et à deux voire parfois trois autres types de poubelles — pour les bouteilles en plastique recyclables avec bouchons, le papier et les emballages cartons. Ils doivent se rendre — parfois beaucoup plus loin — à d’autres conteneurs pour recycler le métal, les déchets électroniques et le verre (autre que les bouteilles consignées).
Les poubelles oranges pour les emballages et contenants recyclables disponibles dans 93 municipalités. Elle brillent par leu absence pour 4,5 millions d’Israéliens dans la capitale. Elles sont censées se trouver près des conteneurs pour les déchets ménagers mis à disposition dans chaque immeuble résidentiel.
Les résidents de la ville jettent, à la place, la plupart de ce qui est destiné à ces poubelles avec le reste des ordures ménagères.

Pour des raisons qui restent floues, la municipalité de Jérusalem n’a pas signé de contrat avec l’organisme à but non lucratif Tamir, chargé par le gouvernement depuis décembre 2011 de s’occuper de la collecte des emballages et contenants. À la place, elle a ouvert une usine au nord de la ville en 2015 pour recycler tous les déchets des particuliers — y compris les contenants — et signé un contrat permettant à l’exploitant de l’usine, Greennet, de trier les déchets et de les revendre.
Le directeur-général de Greennet, Ofer Bogin, a confirmé au Times of Israel que cela faisait partie du business model de l’entreprise. Si ce modèle est mis à mal, Greennet réclamera des dédommagements financiers à la municipalité, fait savoir Ofer Bogin.
Mais tandis que le ministère de la Protection de l’environnement a financé une partie de l’usine, il n’a pas approuvé l’absence de poubelles et fait pression sur la municipalité pour qu’elles mettent à disposition des conteneurs oranges.
Fin décembre 2016, la municipalité a capitulé et signé un contrat avec Tamir, mais pour un projet pilote très limité dans le quartier de Beit Hakerem, et pour deux ans seulement. Elle a également accepté d’installer dans la ville environ 100 bacs de recyclage pourpres pour le verre — soit moitié moins que nécessaire pour la capitale.

Lorsque l’accord a pris fin l’année dernière, Tamir a refusé de le renouveler sans programme de distribution de poubelles oranges à travers la ville. L’organisme avait fini par accepter la demande de la municipalité de pouvoir en fournir seulement à 80 000 familles — soit un tiers du total de la ville. Mais rien ne s’est produit depuis. Les conteneurs pourpres sont néanmoins toujours présents malgré l’expiration du contrat.
Des bacs de recyclage « qui disparaissent »
En outre, comme l’ont remarqué les résidents et comme l’a confirmé le ministère, la municipalité a même retiré des poubelles de recyclage.
L’approche en trois volets du ministère, qui reflète les directives de l’UE sur les déchets, a d’abord pour but d’encourager le public à trier à la source ce qui est recyclable (via les différents conteneurs), puis d’envoyer le reste des déchets ménagers (notamment organiques) ailleurs pour qu’ils soient triés et enfin de mettre en place des usines de conversion des déchets en énergie qui incinéreront ce qui n’est pas recyclable.
Où finissent les déchets non recyclables ?
Greennet reçoit et trie l’ensemble du contenu des poubelles vertes de Jérusalem — soit 1 500 tonnes chaque jour. Près de 60 % de ces déchets sont ensuite enfouis dans le Néguev car ils ne peuvent pas ou peu être recyclés.
À l’exception des emballages et des contenants, qui sont revendus, le reste des déchets — principalement organiques ou des éléments n’ayant pas été triés à Atarot — est transféré à une entreprise appelée Veridis, qui les raffine, en envoie deux tiers au secteur agricole et le tiers restant dans des sites d’enfouissement.

Conversion en énergie
Jeudi, le ministère de la Protection environnementale et celui des Finances ont annoncé la publication d’un Certificat préliminaire pour la première usine du pays à convertir les déchets en énergie, qui doit être construite à Ma’ale Adumim, près de Jérusalem en Cisjordanie. Sa construction devrait coûter un milliard de shekels (270 millions d’euros environ) et durer au moins six ans.
Municipalité de Jérusalem : « Nous sommes des pionniers du recyclage »
Dans un communiqué, la Municipalité de Jérusalem se décrit comme un leader en matière de recyclage et une pionnière pour avoir établi l’usine de tri des déchets ménagers avec le ministère de la Protection de l’environnement.
Elle dit être en contact constant avec celui-ci pour trouver les solutions les plus adaptées aux besoins particuliers de la ville.

Plus de 3 000 bacs de recyclage seraient ainsi présents à Jérusalem, assure la mairie dans le communiqué, ajoutant que seules quelques poubelles ont été retirées récemment, car abîmées et donc potentiellement dangereuses ou parce qu’elles encombraient le trottoir.
Mais 90 bacs de recyclage ont été réinstallés, et de nombreux autres le seront dans le futur, assure la municipalité.