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Juifs spoliés en France : la justice contre la restitution de toiles de Derain

Pour le tribunal correctionnel de Paris, il subsiste des "incertitudes persistantes quant à l'identification des tableaux" ayant appartenu au grand galeriste parisien René Gimpel

Claire Touchard, la petite-fille du collectionneur René Gimpel, dont les biens ont été saisis par les nazis. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Claire Touchard, la petite-fille du collectionneur René Gimpel, dont les biens ont été saisis par les nazis. (Crédit : capture d'écran YouTube)

La justice française a débouté jeudi les héritiers d’un collectionneur d’art juif spolié pendant la guerre qui demandaient la restitution de trois toiles du fauviste André Derain exposées depuis des années dans des musées.

Pour le tribunal correctionnel de Paris, des « incertitudes persistantes quant à l’identification des tableaux » subsistent, selon la décision consultée par l’AFP.

« Parce que nous sommes sûrs de notre bon droit, nous allons faire appel », a réagi la petite-fille du collectionneur René Gimpel, Claire Touchard. « Nous considérons au vu du jugement que c’est difficile de décrocher des tableaux des collections nationales et que les juges ont peut-être été un peu timides », a-t-elle dit à la presse.

Plus de 75 ans après l’Occupation, les descendants du grand galeriste parisien René Gimpel attendent encore de récupérer l’ensemble des œuvres spoliées ou disparues dans la guerre. Après des années d’enquête, ils avaient affirmé avoir retrouvé trois Derain, acquis par leur aïeul lors de la vente de la collection Kahnweiler en 1921 à Paris.

Ils réclament au ministère de la Culture la restitution de ces toiles peintes entre 1907 et 1910, « Paysage à Cassis », « La Chapelle-sous-Crecy » et « Pinède, Cassis », exposées pour les deux premières au musée d’art moderne de Troyes et pour la troisième au musée Cantini de Marseille.

Ils se fondent pour cela sur une ordonnance d’avril 1945 sur la nullité des actes de spoliation.

Ces œuvres ont voyagé, changé de nom, parfois été rentoilées : à l’audience, le 25 juin, les avocats du ministère et des musées avaient mis en doute la concordance entre les œuvres réclamées et celles acquises par René Gimpel.

C’est ce qu’a retenu le tribunal, estimant que ces incertitudes « ne permettent pas d’appliquer » l’ordonnance de 1945.

Pour l’avocate du musée d’art moderne de Troyes, Béatrice Cohen, « le tribunal a rendu une décision juste : il a noté toutes les incertitudes sur l’identification et le parcours des tableaux ».

« Un ‘moulin’ qui devient une ‘chapelle’, des œuvres qui changent de dimension, une signature qui est au bas du « Paysage à Cassis » au musée et qui était au dos de l’œuvre dans le catalogue de la vente Kahnweiler… trop d’incohérences », a résumé l’avocate, se félicitant par ailleurs que le musée de Troyes ait été mis hors de cause, n’étant qu' »affectataire » et non propriétaire des toiles exposées, enregistrées dans les collections nationales.

Le tribunal ne remet pas en cause le fait que René Gimpel, un des plus grands collectionneurs d’art du début du XXe siècle, résistant et mort en déportation en janvier 1945, ait été spolié. Il avait fui Paris en octobre 1940 pour la Riviera française, été arrêté en 1944 et déporté au camp de Neuengamme.

« S’il est établi que les autorités allemandes ont confisqué deux caisses contenant pour l’une quatre et pour l’autre 23 tableaux, confiées à l’entreprise Robinot pour transport en 1942, rien ne permet d’affirmer que les tableaux litigieux se trouvaient dans ces caisses, en l’absence d’inventaire de leur contenu », relève les juges dans leur décision.

« Je comprends que le tribunal ait été prudent. Nous ne savons pas dans quelles conditions les tableaux ont été vendus. C’était la guerre, René Gimpel était interdit d’exercer », a expliqué l’avocate des héritiers, Corinne Hershkovitch, qui avait entamé en 2013 des démarches auprès des musées.

« Nous avons beaucoup d’éléments qui prouvent que René Gimpel a été dépossédé de ces tableaux entre le 16 juin 1940 et 1944, ce qui normalement devrait suffire pour appliquer les dispositions de l’ordonnance de 1945 », a-t-elle ajouté.

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