Khamenei : s’abstenir de voter c’est faire la volonté des « ennemis de l’islam »
Hassan Rouhani et d'autres dirigeants ont dit récemment craindre un nouveau record du taux d'abstention après celui de 57 % mesuré aux législatives de 2020
Ne pas voter à la présidentielle du 18 juin, c’est faire la volonté des « ennemis de l’islam », a déclaré vendredi le guide suprême iranien Ali Khamenei, alors que plusieurs responsables s’inquiètent d’une abstention record ce jour-là.
La campagne électorale s’est ouverte officiellement il y a une semaine, sans bruit, dans une atmosphère d’indifférence face à une élection que beaucoup, si ce n’est tout le monde, disent courue d’avance.
« Certains veulent baisser les bras et renoncer au devoir de participer à l’élection sous des prétextes absurdes. C’est la volonté des ennemis, des ennemis de l’Iran, des ennemis de l’islam et des ennemis de la démocratie religieuse », a déclaré l’ayatollah Khamenei dans un discours télévisé.
Sans nier que les Iraniens pouvaient faire face à des difficultés à joindre les deux bouts compte tenu de la crise, M. Khamenei a néanmoins jugé que les problèmes se règlent « en faisant le bon choix, pas par l’absence de choix ».
Et il a cité un mot de l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, selon lequel « s’abstenir aux élections pendant certaines périodes peut être un péché, un des pires péchés capitaux ».
Le 27 mai déjà, M. Khamenei avait exhorté ses compatriotes à ne pas prêter attention aux appels au boycottage du scrutin, dans une allusion à des campagnes sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse « Non à la République islamique » en persan.
Les Iraniens sont appelés aux urnes le 18 juin pour élire un successeur au président Hassan Rouhani, dont la tentative de politique d’ouverture a échoué avec la dénonciation par les Etats-Unis en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt à Vienne.
L’atmosphère dans le pays est celle d’un mécontentement général face à la grave crise économique et sociale provoquée par le rétablissement des sanctions américaines ayant suivi la sortie des Etats-Unis de cet accord.
La faible représentativité des candidats ayant été autorisés à se présenter (cinq ultraconservateurs et deux réformateurs) ne contribue pas à renforcer l’intérêt pour l’élection pour laquelle le chef de l’Autorité judiciaire, l’utraconservateur Ebrahim Raïssi, qui avait obtenu 38% des voix à la présidentielle de 2017 fait figure d’archifavori.
Dans ces conditions, Rouhani et d’autres dirigeants ont dit récemment craindre un nouveau record du taux d’abstention après celui de 57 % mesuré aux législatives de 2020.