Kiev : 4 survivants de la Shoah sauvés des bombes par une fondation israélienne
Parmi les rescapés - dont une survivante de Babi Yar -, Natalia, 82 ans, confie : « Il y a 70 ans, personne n'était là pour nous aider ». Pour certains, l'avenir est en Israël

Le site d’information Walla a indiqué, vendredi, que quatre survivants de la Shoah avaient été sauvés des bombardements russes, à Kiev, par une organisation caritative israélienne, dans le cadre d’actions menées pour sauver les Juifs frappés par la guerre.
Le mérite du sauvetage revient à Yad Ezer L’Haver, une fondation israélienne créée en 2001 pour venir en aide aux survivants de la Shoah en Israël, dont beaucoup vivent dans des conditions précaires.
Les survivants, tous âgés de plus de 80 ans, ont été conduits en Israël après avoir été évacués de la capitale ukrainienne alors que l’offensive russe s’intensifiait et commençait à cibler des zones civiles.
La première étape de l’évacuation les a menés jusqu’à l’hôpital de campagne israélien inauguré plus tôt cette semaine, dans l’ouest de l’Ukraine. Installé sur le terrain d’une école primaire à Mostyska, aux environs de Lviv, il est est situé à environ 630 kilomètres de Kiev.
Les survivants, épuisés par le long voyage, ont été accueillis et examinés par le personnel médical israélien pour s’assurer que leur état de santé leur permettait de poursuivre leur voyage hors d’Ukraine, certains d’entre eux ayant décidé de rejoindre Israël.

« Nous avons vécu tellement de choses difficiles, je ne pensais pas qu’Israël ferait autant pour nous sauver », a déclaré Natalia, 82 ans, de Kiev. Natalia n’était qu’un bébé lorsque la Seconde Guerre mondiale a embrasé l’Europe, forçant sa famille à fuir de ville en ville jusqu’à la fin des hostilités.
« Il y a soixante-dix ans, personne ne voulait nous aider et prendre soin de nous comme maintenant », a-t-elle indiqué.
Bien que les médecins l’aient déclarée apte à s’envoler pour Israël, Natalia a dit combien il lui était difficile de quitter l’Ukraine et sa maison.
« Nous avons tellement souffert ici », a-t-elle confié, relevant qu’être juif en Ukraine n’a jamais été facile.
« Mais c’est chez moi. Comment puis-je m’installer ailleurs à mon âge? »

Sofia, 89 ans, qui a survécu au ghetto de Lodz en Pologne, a décidé de rejoindre sa fille en Allemagne.
« Ma fille m’attend en Allemagne. J’espère la retrouver bientôt », a-t-elle déclaré.
Pour d’autres, la décision de s’installer en Israël a été plus facile. Contrairement à Natalia et Sofia, Yazek, 86 ans, a déclaré avoir hâte d’immigrer et retrouver sa famille.
« J’ai vécu si longtemps séparé de ma famille », a-t-il déclaré. « Il est temps de nous réunir, même si ce n’est que pour une courte période. Quelque part, j’ai un peu le sentiment de rentrer à la maison. »
La quatrième survivante secourue par Yad Ezer L’Haver, également nommée Natalia et aujourd’hui âgée de 86 ans, n’avait que six ans lorsqu’elle a été sauvée du massacre de Babi Yar, à Kiev, après que toute sa famille a été tuée. Elle avait survécu en se cachant dans un trou, dans le sol.
Shimon, un volontaire de Yad Ezer L’Haver impliqué dans l’opération, a déclaré que, bien que dangereuse, l’opération permettrait aux survivants âgés de connaître la paix.
« Nous avons secouru ces quatre personnes sous les bombes », a-t-il précisé. « Nous voulons leur épargner de revivre cette terreur et les laisser finir leur vie dans la dignité. »
Selon le site Web de la fondation, Yad Ezer L’Haver aurait sauvé plus de 80 survivants de la Shoah en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, le 24 février dernier.
« Je ne remercierai jamais assez nos bénévoles, qui ne prennent pas de repos et travaillent jour et nuit », a déclaré Shimon Sabag, directeur de Yad Ezer L’Haver.
« Chaque sauvetage d’un survivant de la Shoah est plus complexe que le précédent. »
« Cela fait mal au cœur de voir ces survivants, proches de la fin de leur vie et contraints de quitter leur maison, l’endroit où ils sont nés, où ils ont grandi, à cause de la guerre, sachant qu’ils ne reviendront probablement jamais », a-t-il conclu.