Israël en guerre - Jour 495

Rechercher

La Banque d’Israël réduit les perspectives de croissance et maintient son taux d’intérêt

Le gouverneur Amir Yaron exhorte le gouvernement à adopter le budget 2025 avec des mesures d'austérité et des politiques responsables pour maintenir la "robustesse de l'économie"

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Le gouverneur de la Banque centrale d'Israël, Amir Yaron, pendant une conférence de presse à la Banque d'Israël, à Jérusalem, le 2 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le gouverneur de la Banque centrale d'Israël, Amir Yaron, pendant une conférence de presse à la Banque d'Israël, à Jérusalem, le 2 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La Banque centrale d’Israël a revu à la baisse mercredi ses prévisions de croissance pour cette année et l’année prochaine, alors que la guerre prolongée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas et l’intensification récente des combats contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah continuent de peser lourdement sur les finances du pays.

La Banque centrale s’attend désormais à ce que l’économie croisse de 0,5 % en 2024 et de 3,8 % en 2025, en supposant que la guerre se poursuive avec une forte intensité jusqu’au début de l’année prochaine. Cette prévision a été révisée par rapport à une projection de croissance précédente en juillet de 1,5 % en 2024 et de 4,2 % en 2025.

« La guerre a d’importantes ramifications économiques, et le chemin du retour à la pleine activité de l’économie israélienne est encore devant nous », a déclaré le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, lors d’une conférence de presse à Jérusalem. « Nous sommes confrontés à des défis économiques importants, et pour les relever, il faut mener une politique économique responsable, à la fois fiscale et monétaire, afin d’assurer le maintien de la robustesse financière et de la croissance économique à l’avenir. »

La Banque d’Israël a indiqué que la réduction des prévisions de croissance pour 2025 « reflète une intensification des combats au début de 2025 [par rapport à l’évaluation faite dans les prévisions de juillet] et un retard dans la reprise progressive de l’activité économique au second semestre de 2025 ».

Le Trésor, qui a revu à la baisse ses prévisions de croissance le mois dernier, prévoit une croissance de l’économie de 1,1 % en 2024 et de 4,4 % en 2025.

Parallèlement aux prévisions de croissance révisées, la Banque centrale a décidé de maintenir le taux d’intérêt de référence à 4,5 % pour une sixième séance consécutive, citant une large augmentation du rythme de l’inflation. Cette décision est conforme aux prévisions de la plupart des économistes.

Une étable du moshav Beit Shearim dans le nord d’Israël après une roquette du Hezbollah qui a tué quinze vaches laitières et en a grièvement blessé trois autres, le 23 septembre 2024. (Crédit : Police israélienne)

En janvier, la Banque centrale d’Israël avait abaissé les coûts d’emprunt de 25 points de base, de 4,75 %, pour la première fois en près de quatre ans, afin de soutenir les ménages et les entreprises dans les premiers mois de la guerre contre le Hamas, et alors que l’environnement inflationniste se relâchait.

Les coûts directs de la guerre ont grimpé à un montant estimé à 250 milliards de shekels depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle les terroristes du Hamas ont envahi les communautés du sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en emportant 251 otage dans la bande de Gaza. Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le Hamas qui s’y déroule.

La semaine dernière, l’Iran a tiré une salve massive de quelque 200 missiles balistiques sur Israël après que l’armée israélienne a mené une série de frappes contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban, y compris  l’élimination de son chef de longue date Hassan Nasrallah.

« En raison de la détérioration de la situation dans le nord, la prime de risque d’Israël […] a fortement augmenté », a déclaré Yaron.

« Une prime de risque élevée implique des coûts de financement plus élevés, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, et est susceptible de réduire les investissements et d’avoir un impact négatif sur la croissance économique. »

Les projections de croissance révisées de la Banque centrale interviennent après que deux grandes agences de notation, S&P et Moody’s, ont récemment abaissé la note de crédit d’Israël, car toutes deux considèrent que la guerre en cours durera bien jusqu’en 2025, ce qui accélérera les retombées économiques, accentuera la pression sur les caisses de l’État et conduira à une reprise plus lente qu’estimée précédemment.

S&P a ramené ses prévisions de croissance à 0 % pour 2024 et à 2,2 % pour 2025, contre 5 % précédemment. Moody’s prévoit une croissance du PIB de 0,5 % cette année et a abaissé ses prévisions pour l’année prochaine à 1,5 % seulement, contre 4 % précédemment.

Yaron a exhorté les décideurs politiques à « prêter attention et à prendre au sérieux les évaluations des agences de notation, car elles reflètent les défis et les risques auxquels est confrontée l’économie israélienne telle qu’elle est perçue par le monde ». Et ce, alors que le ministre des Finances, Bezalel Smotrich , minimise l’impact des dégradations de notes survenues au cours de l’année écoulée sur les investissements et l’économie.

Des pompiers s’efforçant d’éteindre un incendie après qu’une roquette tirée par le Hezbollah depuis le Liban a touché un bâtiment de stockage de la municipalité locale, à Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, le 24 septembre 2024. (Crédit : Leo Correa/AP)

« La confiance des marchés et des institutions économiques internationales est essentielle pour la stabilité de l’économie israélienne », a-t-il souligné.

Pour assurer la confiance continue des marchés financiers et des investisseurs dans l’économie israélienne, Yaron a appelé le gouvernement à agir et à progresser dans l’adoption d’un budget responsable pour 2025, avec les ajustements fiscaux requis qui s’élèvent à 30 milliards de shekels, et à traiter les questions économiques.

« Il est important que le gouvernement et la Knesset approuvent des ajustements fiscaux significatifs de nature permanente, contrairement à l’augmentation constante des dépenses de défense », a déclaré Yaron.

« Du point de vue de la composition du budget, les ajustements devraient être répartis sur une population aussi large que possible, et il est important que le gouvernement donne la priorité aux dépenses qui soutiennent la croissance, réduise les incitations négatives à aller travailler et élimine les ministères non essentiels. »

En raison de la hausse des coûts de financement de la guerre prolongée, la Banque centrale s’attend désormais à ce que le gouvernement enregistre un déficit budgétaire de 7,2 % du PIB en 2024. Ce chiffre est supérieur à l’objectif de déficit budgétaire de 6,6 % fixé par le gouvernement pour la fin de cette année. L’explosion des coûts de la guerre a déjà entraîné un déficit budgétaire de 8,3 % du PIB en août.

Selon les projections de la Banque centrale, malgré des prévisions de croissance en baisse, une modification des taux d’intérêt n’est pas envisageable pour l’année à venir en raison de la hausse des prix à la consommation, de l’affaiblissement du shekel et d’une politique budgétaire expansionniste pour financer la guerre.

Commentant l’orientation de la future trajectoire des taux d’intérêt, Yaron a indiqué qu’elle dépendra « des données et des développements. »

Au cours de l’année écoulée, la guerre a stimulé les dépenses de défense et les dépenses civiles et a fait grimper le coût des produits frais et des voyages à l’étranger, car de nombreuses compagnies aériennes étrangères ont cessé de desservir Israël, ce qui a entraîné une hausse des prix à la consommation. Le taux d’inflation annuel d’Israël s’est accéléré pour atteindre 3,6 % en août, ce qui est bien supérieur à la fourchette de 1 % à 3 % fixée par le gouvernement.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le ministre des Finances Bezalel Smotrich assistant à un vote sur le budget de l’État, à la Knesset, à Jérusalem, le 13 mars 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’augmentation des prix des fruits et légumes est principalement due à une pénurie de l’offre, car la majeure partie des terres agricoles israéliennes se situe autour de la zone de « l’enveloppe de Gaza » – la région connue en hébreu sous le nom d’Otef Azza –  déchirée par la guerre et dans le nord, le long de la frontière avec le Liban, où de nombreux résidents, y compris des agriculteurs, ont été évacués. En outre, les travailleurs palestiniens, qui constituent une grande partie de la main-d’œuvre agricole israélienne, n’ont pas pu reprendre leur travail depuis le début de la guerre.

Pour l’année à venir, les experts de la Banque centrale ont revu leurs prévisions d’inflation à la hausse, à 3,2 %, citant l’environnement intérieur plus inflationniste qu’estimé précédemment, en partie en raison de l’intensité prolongée de la guerre jusqu’en 2025.

« Les facteurs susceptibles de conduire à une augmentation supplémentaire de l’environnement inflationniste sont la poursuite de la guerre et son impact sur l’activité économique, y compris la dépréciation du shekel », a déclaré Yaron.

« Si nous constatons une accélération du taux d’inflation plus rapide que nos prévisions, nous pourrions également augmenter le taux d’intérêt. »

Depuis la dernière décision sur les taux d’intérêt, fin août, le shekel s’est déprécié de 2,8 % par rapport au dollar. Un shekel plus faible rend les produits importés plus chers, ce qui alimente les prix des biens de consommation.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.