La Banque d’Israël exhorte au gel de dépenses prévues sur 2024 pour compenser le coût de la guerre
Les changements proposés pour le budget 2023 sont insuffisants et minent la crédibilité budgétaire du gouvernement pour couvrir les coûts de la guerre
La Banque d’Israël a averti mercredi que les réductions proposées par le Trésor au budget de l’État pour 2023 n’étaient pas suffisantes et que le gouvernement devait libérer des dépenses supplémentaires non liées à la guerre, y compris des fonds discrétionnaires de la coalition, pour faire face aux coûts des combats en cours avec le groupe terroriste du Hamas.
En plus du plan du ministère des Finances visant à réduire d’environ 4 milliards de shekels le budget de 2023 afin de financer les dépenses de guerre, il est possible de réduire encore de 8 à 10 milliards de shekels les dépenses non liées à la guerre dans le budget de l’État de l’année prochaine, y compris les paiements prévus au titre des fonds de la coalition, selon un examen effectué par la banque centrale.
« Il doit y avoir un équilibre entre la nécessité d’allouer des budgets importants pour faire face à la situation sécuritaire et la nécessité de faire preuve de responsabilité fiscale », a déclaré Adi Brender, directeur de la division de la recherche à la Banque d’Israël, notant que cela était nécessaire « pour établir la confiance des marchés, qui examinent les développements de l’économie, y compris le budget ».
« L’un des principaux moyens d’assurer cet équilibre est de modifier obligatoirement les priorités du budget, tout en évitant les dépenses planifiées qui ne sont pas nécessaires », a insisté M. Brender.
L’ampleur de la réduction budgétaire actuellement proposée n’est pas suffisamment « importante et, en tant que telle, sa contribution au renforcement de la crédibilité de l’engagement du gouvernement en matière d’ajustement budgétaire pour les coûts de la guerre est limitée », a déclaré la banque centrale dans son rapport.
La banque centrale s’inquiète indirectement du fait que le nouveau plan budgétaire du gouvernement pourrait nuire à sa position sur les marchés internationaux et avoir un impact négatif sur les décisions futures des agences de notation, ce qui pourrait entraîner des coûts plus élevés pour l’emprunt de l’État d’Israël.
L’avertissement de la Banque d’Israël intervient après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a donné mardi en fin de journée son soutien initial aux modifications apportées au budget 2023 présenté par le ministre des Finances Bezalel Smotrich. Le budget de guerre sera financé en augmentant le déficit, en canalisant les fonds des ministères et en réduisant les fonds discrétionnaires de la coalition, a déclaré le Trésor. Les modifications budgétaires doivent encore être soumises à l’approbation du cabinet et de la Knesset.
Le budget de l’État pour 2023-2024, adopté en mai, comprenait près de 14 milliards de shekels de dépenses discrétionnaires, dont une grande partie est allouée aux réseaux d’écoles ultra-orthodoxes. La décision prise la semaine dernière par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, de ne consacrer que 1,6 milliard de shekels à l’effort de guerre, sur un total estimé à 9 milliards de shekels provenant du fonds commun de la coalition qui n’a pas encore été versé dans le cadre du budget 2023-2024, a déjà fait l’objet d’attaques ces derniers jours.
Le ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz, a déclaré mercredi qu’il s’opposera à l’utilisation des fonds de la coalition à des fins non liées à la guerre, ce qui le met en porte-à-faux avec le plan budgétaire actualisé de Smotrich.
« Je pense que toutes les ressources disponibles de l’État d’Israël doivent être concentrées sur cette question [la guerre], et je ne suis pas prêt à utiliser les fonds de la coalition à des fins non liées à cette question, sans équivoque », a déclaré Gantz en réponse aux questions d’un journaliste lors d’une conférence de presse à Tel Aviv.
« Aucun accord politique de quelque nature que ce soit ne sera conclu pendant la guerre, sur quelque sujet que ce soit ou par qui que ce soit », a-t-il ajouté, alors que Smotrich aurait protégé une dépense de centaines de millions de shekels de la coalition précédemment promis aux priorités en Cisjordanie et à l’enseignement privé ultra-orthodoxe.
Pour financer les coûts de la guerre contre le groupe soutenu par l’Iran, qui a éclaté après les atrocités du 7 octobre perpétrées par le Hamas, le ministère de la Défense propose des amendements visant à augmenter le budget 2023 d’environ 31 milliards de shekels – 22 milliards de shekels pour les dépenses militaires et 9 milliards de shekels pour les dépenses civiles – tout en réduisant les autres dépenses de 4 milliards de shekels.
La Banque d’Israël a souligné que le coût budgétaire total de la guerre en 2023 dépasserait probablement les 35 milliards de shekels actuellement présentés par le ministère des Finances. En effet, des dépenses de guerre supplémentaires seront vraisemblablement à prévoir plus tard dans l’année ou en 2024, et le gouvernement devra les financer à partir de son budget.
En ce qui concerne l’après-guerre, la banque centrale a noté que les dépenses du gouvernement devraient se faire plus importantes en raison d’une augmentation permanente des dépenses liées à la défense et des intérêts à payer à mesure que le niveau et le coût de sa dette publique augmentent.