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La Bibliothèque nationale va numériser les manuscrits sacrés de Beta Israël

Des dizaines de textes rares en Geez, l'ancienne langue liturgique sémitique utilisée en Éthiopie, seront mis en ligne pour la première fois

Le chef de Liqa Kahenat, Berko Tegegne, lisant un extrait de l'Orit, à la Bibliothèque nationale d'Israël, sur une photo publiée le 8 octobre 2024. (Crédit : Michael Zekri/NLI)
Le chef de Liqa Kahenat, Berko Tegegne, lisant un extrait de l'Orit, à la Bibliothèque nationale d'Israël, sur une photo publiée le 8 octobre 2024. (Crédit : Michael Zekri/NLI)

La Bibliothèque nationale d’Israël (NLI) a conclu un accord avec les dirigeants de la communauté Beta Israël (juive éthiopienne) pour s’engager dans un vaste projet de numérisation des textes sacrés de la communauté, a annoncé la NLI cette semaine.

Après une récente réunion à la bibliothèque avec les chefs religieux de Beta Israël, il a été convenu que « des scans numériques à haute résolution de ces documents seront générés et mis à la disposition du public via le site web de la Bibliothèque, tandis que les documents originaux resteront la propriété des communautés », selon l’annonce.

Ces manuscrits, rédigés en Geez, l’ancienne langue liturgique sémitique, comprennent plusieurs copies de l’Orit – ou Octateuque -, la Beta Israël Torah, qui comprend les cinq livres de Moïse ainsi que les livres de Josué, des Juges et de Ruth.

D’autres documents comprennent « les textes apocryphes juifs des Jubilés et d’Hénoch, des livres de prières tels que le Livre des Psaumes, et bien d’autres choses encore », a déclaré la Bibliothèque.

Certains de ces documents sont vieux de plusieurs siècles et ont été transportés à la main en Israël, souvent après de dangereux périples à travers l’Éthiopie, pendant la période d’immigration de Beta Israël dans les années 1980 et au début des années 1990. La plupart de ces textes étaient détenus en privé par les Kessim – les chefs spirituels éthiopiens – de la communauté ou dans les synagogues, mais n’étaient pas accessibles au public.

D’ores et déjà, dix-sept documents ont été scannés et « seront bientôt disponibles en ligne », précise l’avis. Il s’agit notamment de quatre exemplaires de l’Orit, d’un Mesihafe Kufale (Livre des Jubilés) du 18e siècle, d’un exemplaire de Mazmura Dawit (les Psaumes de David), de l’Ardeet (Livre des Disciples), du Mashafa Malaekt (Livre d’Hénoch) ainsi que de plusieurs livres de prières.

L’Orit détenu par le Liqa Kahenat Chief Kes Berko Tegegne avec (de gauche à droite) Naftali Avraham, Dr. Chaïm Neria, Dr. Raquel Ukeles et Dr. Dalit Rom-Shiloni, à la Bibliothèque nationale d’Israël, sur une photo publiée le 8 octobre 2024. (Crédit : Michael Zekri/NLI)

Ce projet est le fruit d’une collaboration entre la Bibliothèque nationale d’Israël, le Centre du patrimoine juif éthiopien et l’Université de Tel Aviv, dont le programme de maîtrise « Orit Guardians » vise à étudier et à sauvegarder les écritures et la culture de Beta Israël, selon le communiqué.

« Ces dernières années, nous avons pu documenter de nombreux mystères [ésotériques] de la tradition et du riche patrimoine des Juifs éthiopiens grâce à la coopération avec le Kessim », a déclaré Naftali Avraham, directeur-général du Centre du patrimoine juif éthiopien.

« Je suis heureux que, dans ce projet également, le Centre ait fait valoir l’importance de la numérisation des livres auprès du Kessim, et qu’ils aient adhéré au projet parce qu’ils reconnaissaient l’importance de la conservation », a-t-il ajouté.

Le site web de la Bibliothèque héberge déjà une copie numérisée de l’Orit, qui a été donnée à la bibliothèque en 2016 par la communauté Beta Israël. Selon les spécialistes, l’Orit trouve ses racines dans la Septante, une traduction grecque du Pentateuque (les cinq livres de Moïse) datant du milieu du 3e siècle avant notre ère, qui constitue la base du Nouveau Testament.

Entreprise par des Juifs d’Alexandrie, cette traduction a été utilisée par le grand philosophe juif Philon dans son travail d’exégèse biblique. Selon les spécialistes, la Septante est à la base de plusieurs versions de l’Ancien Testament, dont les versions syriaque et copte. La version Geez a probablement été traduite à partir de la Septante aux 5e ou 6e siècles de notre ère.

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