Israël en guerre - Jour 474

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AnalyseTrump veut un accord de paix. Les Saoudiens ont une proposition déjà prête

La chaleur et l’importance de la relation entre Trump et les Saoudiens pourraient annoncer un problème pour Netanyahu

Débordant de flatterie, les Saoudiens pensent que le président américain, visionnaire, fort et décisif, peut parvenir à un accord de paix, et ils sont prêts à aider. Mais leur proposition s’oppose au gouvernement israélien

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le président américain Donald Trump et le roi d'Arabie saoudite Salmane ben Abdel Aziz al-Saoud pendant une cérémonie à la Cour royale saoudienne à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)
Le président américain Donald Trump et le roi d'Arabie saoudite Salmane ben Abdel Aziz al-Saoud pendant une cérémonie à la Cour royale saoudienne à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

Donald Trump entrera dans l’histoire au moment où il décollera de Ryad pour arriver à Tel Aviv lundi, en empruntant pour la première fois un itinéraire de vol direct entre la capitale saoudienne et l’Etat juif.

Il entrera dans l’histoire une seconde fois quand il deviendra le premier président américain en exercice à se rendre au mur Occidental, le lieu de prière le plus saint du judaïsme.

Ses hôtes saoudiens ont affirmé samedi leur confiance dans sa capacité à entrer dans l’histoire de manière plus éternelle, et plus importante en concluant un accord de paix israélo-palestinien.

Le royaume est optimiste sur la possibilité que Trump, « avec une approche et une détermination nouvelles, puisse mettre fin à ce long conflit. Il a réellement une vision, et nous pensons qu’il a la force et la détermination », a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir pendant une conférence de presse aux côtés du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson

De plus, a dit al-Jubeir, « le royaume d’Arabie saoudite se tient prêt à travailler avec les Etats-Unis pour apporter la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, et entre les Israéliens et les Arabes. »

le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à droite, et le secrétaire d'Etat américain State Rex Tillerson pendant une conférence de presse, à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Fayez Nureldine/AFP)
le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à droite, et le secrétaire d’Etat américain State Rex Tillerson pendant une conférence de presse, à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Fayez Nureldine/AFP)

L’hommage et le respect accordés personnellement à Trump – le fait que le roi Salmane, très âgé, soit venu à l’aéroport accueillir le président, et qu’il ait serré la main de la Première Dame, Melania, tête nue, ont souligné que, comme Mahmoud Abbas à la Maison Blanche au début du mois, les Saoudiens ont compris l’importance de rester bien vus du nouveau président américain, et de maximiser la flatterie.

C’est une tactique que le Premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu observe sans aucun doute avec consternation, mais sans surprise.

Le président américain Donald Trump, au centre à gauche, est accueilli par le roi saoudien Salman ben Abdel Aziz al-Saoud, au centre, suivis de Melania Trump, à leur arrivée à l'aéroport international King Khalid de Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)
Le président américain Donald Trump, au centre à gauche, est accueilli par le roi saoudien Salman ben Abdel Aziz al-Saoud, au centre, suivis de Melania Trump, à leur arrivée à l’aéroport international King Khalid de Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

Quels qu’aient été les espoirs et les attentes de Netanyahu pour la nouvelle administration, le fait est que le président n’a pas encore déplacé l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, n’a pas bougé un doigt pour revenir sur l’accord nucléaire iranien, et n’a pas donné carte blanche à Jérusalem pour construire dans les implantations de Cisjordanie.

Le président a, au contraire, accueilli Abbas à la Maison Blanche et prévu de le rencontrer à nouveau cette semaine à Bethléem. Il a couvert Abbas de compliments, notamment en saluant le partenariat américano-palestinien sur la sécurité régionale et le contre-terrorisme, des propos qui ont dû hérisser les cheveux du Premier ministre israélien.

Et maintenant, le président a signé un nombre extrêmement important d’accords économiques avec l’Arabie saoudite, pour plus de 380 milliards de dollars pendant les dix prochaines années, dont presque un tiers, 110 milliards de dollars, pour des ventes d’armes.

A titre de comparaison, il est bon de se rappeler que le mémorandum d’accord discuté sans fin par Israël et les Etats-Unis, qui fixe « l’aide sécuritaire » des Etats-Unis à Israël et a finalement été signé en septembre dernier avec l’administration Obama, a une valeur de 38 milliards de dollars pour les dix prochaines années.

Ivanka Trump pendant une cérémonie à la Cour royale saoudienne à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)
Ivanka Trump pendant une cérémonie à la Cour royale saoudienne à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

L’administration Trump a promis de garantir qu’Israël maintienne son avantage militaire qualitatif dans la région. Les ventes d’armes annoncées samedi donneront cependant accès aux Saoudiens à des armes extrêmement sophistiquées, et en très grande quantité. Et comme Tillerson et Jubeir l’ont tous deux souligné, les accords approfondissent considérablement la relation entre les deux pays, et leur engagement mutuel à la défense réciproque.

Israël va comprendre l’influence et les leviers que cette relation approfondie avec les Etats-Unis pourrait donner aux Saoudiens

Israël pourrait se réconforter avec la promesse de Tillerson de travailler étroitement avec les Saoudiens pour confronter l’influence pernicieuse de l’Iran dans la région, pour réfréner l’agression de Téhéran, son soutien au terrorisme, et son intervention dans les affaires des autres pays du Moyen Orient.

Mais alors que Trump a salué les accords « exceptionnels », fournissant des « centaines de milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis et des emplois, des emplois, des emplois », Israël va aussi comprendre l’influence et les leviers que cette relation approfondie avec les Etats-Unis pourrait donner aux Saoudiens.

Il est gratifiant d’entendre un ministre saoudien des Affaires étrangères parler ouvertement et facilement d’Israël, et de promettre d’être prêt à aider pour la paix, tout comme il a été gratifiant ces deux dernières années de voir des responsables saoudiens partager occasionnellement une scène avec des Israéliens et même, dans le cas d’un général saoudien, se rendre en Israël, rencontrer des responsables et des députés, et publier des photographies de ces rencontres.

L'ancien général, le Dr Anwar Eshki (au centre avec une cravate rayée), et d'autres membres de la délégation saoudienne ont rencontré des députés et des responsables israéliens au cours d'une visite en Israël, le 22 juillet 2016. (Crédit : Twitter)
L’ancien général, le Dr Anwar Eshki (au centre avec une cravate rayée), et d’autres membres de la délégation saoudienne ont rencontré des députés et des responsables israéliens au cours d’une visite en Israël, le 22 juillet 2016. (Crédit : Twitter)

Mais les Saoudiens ont une opinion très claire sur les paramètres de la paix israélo-palestinienne, et de la paix israélo-arabe. Il s’agit de l’Initiative de paix arabe, ou initiative de paix saoudienne. Dévoilée en 2002, elle a été réaffirmée il y a quelques semaines pendant un sommet de la Ligue arabe, où l’envoyé de Trump, Jason Greenblatt, était présent pour rencontrer plusieurs dirigeants arabes.

Pour l’instant, le gouvernement Netanyahu l’a refusée comme cadre de négociations, citant, entre autres désaccords, son opposition à la notion d’un retour israélien à une version des lignes pré-1967, et à la formulation de l’initiative au sujet des réfugiés palestiniens.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, le 15 février 2017. (Crédit : Avi Ohayun/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, le 15 février 2017. (Crédit : Avi Ohayun/GPO)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est pleinement conscient des dangers s’il dit non au président Trump. Un président qui lui a déjà dit de se retenir un peu sur les implantations.

Un président qui a dit qu’il pensait pouvoir, « honnêtement, sincèrement », obtenir un accord israélo-palestinien « plus vite que personne ne l’a jamais imaginé. »

Il est très peu probable que Netanyahu soit récemment devenu un partisan de l’Initiative de paix arabe. Le Premier ministre va donc maintenant observer avec angoisse les Saoudiens, qui ont massivement investi aux Etats-Unis, accorder à Trump le plus royal des accueils. Et il se demandera jusqu’où ils réussiront à convaincre le président de se baser sur leur initiative de paix pour conclure l’accord avec lequel Trump compte faire l’histoire israélo-palestinienne.

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