La championne afghane de cyclisme va signer avec l’équipe israélienne
Cette place dans l'équipe signifie que Fariba Hashimi a une chance de participer au Tour de France Femmes ; Sylvan Adams : "ensemble, nous écrivons l'Histoire"
Des scènes émouvantes ont eu lieu dimanche sur la ligne d’arrivée du championnat national afghan de cyclisme, alors que les sœurs Fariba (19 ans) et Yulduz (22 ans) Hashimi ont terminé respectivement première et deuxième.
Ces championnats se disputaient à Aigle, en Suisse, et non en Afghanistan où « le sport est mort pour les femmes », selon Masomah Ali Zada, l’une des participantes.
Les sœurs Hashimi étaient parties, quelques jours seulement avant que les talibans n’entrent dans Kaboul. Fariba a depuis commencé à se construire une nouvelle vie en Italie.
Après cette victoire, l’équipe féminine du WorldTour d’Israël – Premier Tech Roland a offert à Fariba un contrat pour la saison à venir, qu’elle a accepté avec joie. Cette place dans l’équipe signifie que Fariba a une chance de participer au Tour de France Femmes, et avec l’annonce d’une équipe continentale U23 en préparation, Yulduz la rejoindra l’année prochaine.
Le propriétaire d’Israël – Premier Tech, Sylvan Adams, qui a joué un rôle clé dans des opérations de sauvetage qui ont permis à des centaines d’Afghans d’échapper aux talibans en août 2021, a déclaré « écrire une page d’Histoire ici, puisque ces deux femmes courageuses deviennent les premières de leur pays à atteindre ce niveau du sport. Cela fait partie de notre engagement à aider les jeunes cyclistes du monde entier, des pays en développement aux zones de guerre. De notre initiative « Racing for Change » au Rwanda à l’Afghanistan, nous sommes plus qu’une équipe de cyclistes. »
Il s’agissait également d’une décision professionnelle fondée sur le mérite, a expliqué Ruben Contreras, le propriétaire et directeur d’Israël – Premier Tech Roland. « Les deux sœurs ont couru pour l’équipe italienne Valcar et se sont montrées prometteuses », a-t-il déclaré. « Nous nous attendons à ce qu’elles progressent beaucoup avec nous ».
Mais pour la nouvelle championne, comme elle l’a expliqué, cette opportunité signifiait bien plus que de simples perspectives de carrière.
« Je ne peux pas mentir – c’est tellement excitant mais il y a aussi de la pression. Honnêtement, je ne pensais pas que j’aurais cette opportunité de rouler pour une équipe WorldTour et d’avoir une chance de participer au Tour de France. Je vais relever le défi et courir pour toutes les femmes d’Afghanistan. Mon pays est aujourd’hui dangereux pour de nombreuses femmes qui y vivent. Les femmes ne sont pas libres de vivre et de s’épanouir comme elles le souhaitent, mais si elles me voient participer au Tour de France sous les couleurs afghanes, elles verront que tout est possible », a déclaré Fariba Hashimi.
Au total, 49 cyclistes afghanes vivant en Suisse, en Italie, en France, en Allemagne, au Canada et à Singapour se sont affrontées sur un parcours de 57 km autour d’Aigle, cette ville du canton de Vaud où l’UCI, à l’initiative de ces Championnats, a son siège
Elles faisaient partie des 400 femmes afghanes sauvées des talibans grâce à l’homme d’affaires et philanthrope canadien Sylvan Adams, propriétaire de l’équipe UCI World Tour – Israël – Premier Tech, qui a travaillé en coopération avec IsraAID, une organisation non gouvernementale internationale d’aide humanitaire basée en Israël, et la Confédération cycliste asiatique, pour transporter les femmes par avion en lieu sûr.
Certaines ont eu du mal à terminer la course, car elles avaient été secourues il y a quelques mois à peine et n’avaient ni le temps ni les ressources pour s’entraîner. Mais elles n’ont pas abandonné, même lorsque le parcours de 57 kilomètres leur paraissait tortueux.
L’une de ces femmes, Zarifa Hussaini, était à bout de souffle et épuisée, mais a affiché un large sourire à l’arrivée.
« C’était très dur de finir après plus d’un an de lutte pour s’échapper… mais je ne pouvais pas me laisser aller et m’arrêter. C’était ma course pour la liberté, et je ne pouvais pas me permettre d’abandonner », a-t-elle déclaré.
Depuis leur retour, les talibans ont imposé à la société civile une série de restrictions dont une grande partie vise à soumettre les femmes à leur conception ultra-rigoriste de l’islam.
« Qu’une femme fasse du sport aujourd’hui en Afghanistan est juste impensable. Et la situation empire chaque jour », confirme Benafsha Faizi, journaliste et ancienne porte-parole du comité olympique afghan qui a été évacuée du pays avec l’aide de l’Union cycliste internationale (UCI) en 2021.
L’AFP a contribué à cet article.