La cheffe de la communauté juive de Munich critique le numéro 2 de Bavière
De son côté, Markus Soeder a déclaré que le licenciement de son allié politique, accusé d’avoir rédigé un tract à caractère antisémite quand il était lycéen, serait une sanction "disproportionnée"
Charlotte Knobloch, cheffe de la communauté juive de Munich, a déclaré dimanche dans un communiqué que le vice-gouverneur de Bavière, Hubert Aiwanger, « doit rétablir la confiance et montrer clairement que ses actions sont démocratiquement et légalement inébranlables », après avoir fait l’objet d’accusations de création d’un tract antisémite alors qu’il était adolescent, il y a plusieurs dizaines d’années.
Elle s’exprimait après un entretien avec le gouverneur de Bavière, Markus Soeder, qui avait déclaré plus tôt dans la journée de dimanche que le licenciement de Aiwanger serait une sanction « disproportionnée ».
Soeder fait l’objet de vives critiques de la part des responsables politiques en raison de son refus d’écarter Aiwanger, chef de file du parti populiste des Électeurs libres, un partenaire mineur de la coalition.
Aiwanger, 52 ans, est accusé d’avoir rédigé un tract à caractère antisémite quand il était lycéen.
L’intéressé avait commencé par nier en bloc les accusations, dénonçant une « chasse aux sorcières », puis par reconnaître que le tract, retrouvé dans son cartable de l’époque, existait bien mais qu’il avait été rédigé par son frère.
Ce n’est que plus tard qu’il avait présenté des excuses pour ne pas avoir pris suffisamment tôt ses distances avec le contenu du tract.
Le texte, écrit au lycée au cours de l’année scolaire 1987/88, se voulait apparemment une réaction à un concours organisé sur l’histoire allemande visant à déterminer « Qui est le plus grand traître à la patrie ».
Dans le tract, ces « traîtres » étaient invités à se présenter « au camp de concentration de Dachau pour un entretien d’embauche » et « un vol libre à travers la cheminée du camp d’Auschwitz » ou « un séjour à vie dans une fosse commune ».
Le Premier ministre bavarois a « fait un simple calcul de pouvoir » et, ce faisant, a « porté atteinte à la réputation de notre pays », a déclaré la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, du parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, au groupe de médias RND.
Aiwanger « n’a pas présenté d’excuses convaincantes et n’a pas été en mesure de réfuter les accusations de manière convaincante », a-t-elle ajouté.
Omid Nouripour, codirigeant du parti des Verts, a, pour sa part, accusé Soeder de privilégier la tactique politique au détriment d’une véritable confrontation avec le passé.
« C’est indécent et mauvais pour la Bavière, ainsi que pour l’Allemagne », a-t-il déclaré au magazine Spiegel.
Selon Knobloch, les derniers jours qui ont suivi l’éclatement du scandale ont été « très éprouvants ».
Le maintien en poste de M. Aiwanger semble motivé par des raisons politiques alors que se profilent des élections régionales bavaroises en octobre.
Son départ aurait très probablement provoqué une rupture de l’alliance locale entre la CSU et le parti des Électeurs Libres, ce qui aurait pu se retourner contre le mouvement de M. Söder et obliger ce dernier à s’allier avec les écologistes dans une région à l’électorat très conservateur.