La coalition ne soutiendra probablement pas le projet de loi de son chef
Une source gouvernementale affirme que David Bitan sait qu’il n’aura pas le soutien nécessaire pour restreindre la liberté d’expression des citoyens israéliens
Il est probable qu’un projet de loi interdisant aux citoyens israéliens de demander des actions contre Israël devant les institutions internationales n’obtienne pas le soutien nécessaire pour être voté à la Knesset, a déclaré lundi une source interne à la coalition.
Le projet de loi est le travail du président de la coalition, David Bitan, député du Likud, qui a appelé la semaine dernière à déchoir de la nationalité israélienne Hagai El-Ad, le directeur de B’Tselem, qui avait demandé la semaine précédente des mesures contre Israël en raison des implantations en Cisjordanie devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Bitan avait déclaré que la législation proposée interdirait aux Israéliens de demander des actions contre l’Etat juif devant des institutions internationales pouvant imposer des sanctions, comme le Conseil de sécurité, et que les transgresseurs perdraient leur citoyenneté.
Sa proposition a été critiquée à gauche comme à droite, les députés parlant de projet non démocratique, ignorant et à court-terme.
Une source interne à la coalition a déclaré à Haaretz que l’impression générale était que toute l’affaire était « une tentative de la part de Bitan de faire parler de lui dans les médias, plus qu’un acte réellement applicable. »
« Bitan a d’abord proposé de révoquer la citoyenneté du directeur de B’Tselem, et le lendemain, quand il a réalisé qu’il n’avait aucune chance, il a rapidement annoncé un autre projet de loi sur le sujet », a déclaré la source.
« Bitan est sérieux. Même lui sait qu’il n’aura pas le soutien nécessaire pour restreindre le droit de liberté d’expression des citoyens israéliens », ont ajouté les sources.
El-Ad avait déclenché un scandale en Israël quand il avait dénoncé le 14 octobre devant le Conseil de sécurité des Nations unies la « violence bureaucratique invisible et quotidienne » qui domine la vie des Palestiniens, « du berceau à la tombe », notamment par le contrôle israélien sur les entrées et sorties des Territoires et les droits agricoles.
Les remarques du directeur de l’ONG avaient été largement dénoncées par les politiques israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait promis d’interdire aux volontaires du service national de travailler avec l’association de défense des droits de l’Homme de gauche.
Bitan avait déclaré que les actes du directeur de B’Tselem constituait un « abus flagrant de confiance de la part d’un citoyen israélien envers l’Etat, et qu’il serait donc approprié pour lui de trouver une autre nationalité. »
B’Tselem avait répondu aux remarques de Bitan, déclarant que « ces menaces ne nous dissuaderont pas, nous et des centaines de milliers d’Israéliens qui s’opposent à l’occupation. »
« Depuis près de 50 ans, les Palestiniens n’ont pas de nationalité ou de droit. A présent, le président de la coalition, le messager du Premier ministre, veut annuler la citoyenneté de ceux qui s’expriment contre cette réalité », a déclaré l’organisation.