La construction de 2 342 logements approuvée dans les implantations
La majorité des habitations seront construites dans les profondeurs de la Cisjordanie ; des projets ont été aussi approuvées pour un avant-poste de la vallée du Jourdain
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Israël a donné le feu vert pour faire avancer les plans de construction de 2 342 habitations en Cisjordanie – une année record en termes de nombre d’unités de logement approuvées depuis l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump.
La sous-commission de l’administration civile – instance du ministère de la Défense responsable de l’autorisation des constructions dans les implantations – a publié jeudi le protocole d’une rencontre qui a eu lieu au début du mois et au cours de laquelle les approbations ont été données. Aucun détail n’avait filtré jusqu’à présent.
Cette session trimestrielle a été la dernière du calendrier 2019, qui a vu l’approbation de 8 337 habitations – le plus grand nombre depuis 2013. Chacune des trois années passées par Trump au pouvoir aura connu une augmentation du nombre d’habitations approuvées : 6 742 ont reçu le feu vert en 2017 et 5 618 en 2018.
Sous les termes de dispositions non-officielles prises pour les implantations et coordonnées avec la Maison Blanche depuis que Trump est arrivé au bureau Ovale, Israël a convenu que la commission de l’Administration civile se rencontrerait une fois tous les trois mois et non plus tous les mois.
Rompant avec ses prédécesseurs, l’administration Trump a évité de critiquer les constructions d’implantation. L’envoyé pour la paix sortant Jason Greenblatt avait expliqué se référer aux localités israéliennes situées au-delà de la Ligne verte comme à des « banlieues et villes » tandis que l’ambassadeur américain David Friedman a clamé ne rien voir de répréhensible dans le maintien du contrôle de certaines parties de la Cisjordanie par Israël.
Toutefois, les deux ont déclaré que l’Etat juif devait, pour le moment, s’abstenir de mettre en place des plans d’annexion, alors que Washington se prépare à présenter le volet politique de son plan de paix – une présentation qui devrait encore être retardée en raison de l’impasse politique dans laquelle se trouve Israël, qui semble ne pas avoir d’issue pour l’instant.
De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a, via sa porte-parole lors d’un point presse le 4 novembre, « condamné les récentes décisions des autorités israéliennes visant à permettre la construction de 2 342 de logements en Cisjordanie, ainsi que les travaux d’infrastructure à proximité de Bethléem ».
« Ces décisions s’inscrivent dans un contexte préoccupant d’accélération de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et sapent les conditions d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, fondée sur la solution à deux États, était-il ajouté. La France appelle les autorités israéliennes à renoncer à ces projets comme à tous ceux qui remettraient en cause la solution des deux États. »

Sur les habitations ayant avancé à des stades variés de planification, le 10 octobre, 719 ont reçu une approbation à la construction finale.
52 % des 2 342 habitations se situeront au-delà du parcours prévu ou d’ores et déjà construit de la barrière de sécurité et dans les profondeurs de la Cisjordanie.
Parmi les plans avancés, le projet de 182 maisons à Mevoot Yericho, dans la vallée du Jourdain. Quelques jours avant le scrutin du mois dernier, le cabinet avait voté la légalisation de l’avant-poste.
Autre projet ayant avancé, le plan de 382 maisons dans l’implantation de Dolev, dans le centre de la Cisjordanie. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait ordonné que ce plan soit accéléré après un attentat terroriste qui avait eu lieu aux abords d’une piscine naturelle voisine et qui avait fait un mort, Rina Schnerb, 17 ans.
Mercredi également, l’instance du ministère de la Défense a donné son approbation finale à l’expansion d’un tunnel contournant Bethléem depuis l’ouest. Le groupe de veille des implantations La Paix maintenant a estimé que ce projet « augmentera de manière spectaculaire le nombre d’habitants dans les implantations du secteur de Bethléem ».

Le président du conseil de Gush Etzion, Shlomo Neeman, a salué l’approbation, disant que le plan réduirait significativement le temps de transport vers Jérusalem depuis sa municipalité, au centre de la Cisjordanie, et qu’il fournit « une réponse appropriée aux résidents en diminuant les souffrances subies quotidiennement [en raison de la circulation sur la route].
Pour sa part, La Paix maintenant a appelé le prochain gouvernement à « geler le développement des implantations et à se battre pour la reprise immédiate des négociations avec les Palestiniens, sans conditions préalables, pour mettre un terme au conflit sanglant sur la base du principe de deux Etats pour deux peuples ».
Toutes les implantations sont considérées comme illégales par la communauté internationale et elles sont construites sur des terres de Cisjordanie considérées par les Palestiniens comme faisant partie de leur futur Etat. Israël fait la distinction entre celles qu’il a approuvées et celles qu’il n’a pas officiellement reconnues.
Le Premier ministre, dont la survie politique est menacée au terme d’élections n’ayant pas fait de vainqueur clair et qui courtisait l’électorat des implantations juives lors de ce scrutin, avait promis d’annexer l’essentiel de la vallée du Jourdain s’il était reconduit dans ses fonctions.
L’AFP a contribué à cet article.