La destruction de tunnels du Hezbollah « presque terminée », selon Netanyahu
Le Premier ministre, qui avait rejeté l'idée d'élections anticipées au nom de la sécurité le mois dernier, a été critiqué d'avoir utilisé les tunnels comme prétexte
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé mardi qu’une opération de l’armée pour localiser et détruire des tunnels construits selon Israël par le groupe terroriste libanais du Hezbollah pour infiltrer son territoire serait bientôt terminée.
Israël a lancé le 4 décembre une vaste opération de détection et de destruction de tunnels le long de sa frontière avec le Liban. L’armée israélienne affirme avoir localisé quatre souterrains creusés selon elle par le Hezbollah, un de ses ennemis soutenu par l’Iran.
« Un travail exceptionnel a été effectué ici pour empêcher le Hezbollah d’utiliser l’arme des tunnels », a déclaré le Premier ministre israélien lors d’une visite sur le site des opérations.
« L’opération est bientôt terminée », a-t-il ajouté dans des propos cités par son bureau.
Netanyahu, qui est également ministre de la Défense, était accompagné par d’autres membres du cabinet. Ils ont été briefés par le chef d’Etat-major Gadi Eizenkot et le chef du commandement du nord, le général de division Yoel Strick.
Le mois dernier, Netanyahu avait réprimandé les élus qui ont failli faire tomber le gouvernement, citant les préoccupations sécuritaires au nord. Il a été critiqué par les experts et par ses rivaux politiques depuis que la coalition a annoncé lundi des élections anticipées, même si la situation sécuritaire semble inchangée.
La plupart des analystes estiment que ce rétropédalage a été motivé par la crainte d’une éventuelle mise en examen de Netanyahu, qui pourrait être annoncé au printemps. Les élections se tiendront le 9 avril.
Dimanche, Eizenkot a également déclaré que l’opération touchait à sa fin.
« La plupart des passages qui entrent en Israël ont été trouvés, et je pense que nous terminerons cette mission dans un futur proche », a déclaré Eizenkot.
Cependant, lors d’une visite pour les journalistes au front nord mercredi, un haut responsable de l’armée a déclaré que l’armée était lancée dans une opération pour une durée indéterminée.
« Nous ne sommes pas limités par le temps. Cela peut prendre des jours, des semaines, des mois. Nous les trouverons tous », a déclaré le responsable.
Pour le moment, l’armée israélienne a découvert quatre tunnels d’attaque transfrontaliers. Après avoir évalué leur état, l’armée a commencé à détruire ces passages jeudi.
Le responsable du processus de destruction a expliqué que des tunnels avaient été détruits et que d’autres seraient neutralisés « à l’avenir ».
Israël estime que les tunnels auraient pu être utilisés pour mener des attaques surprises dans une guerre future, permettant à des dizaines voire des centaines de combattants d’entrer en Israël par le biais d’infiltrations souterraines massives et le lancement de roquettes, de missiles et d’obus de mortier sur le nord d’Israël.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a confirmé la semaine dernière l’existence d’au moins deux tunnels d’attaque transfrontaliers creusés depuis le sud du Liban vers Israël et qu’ils constituent une violation de la résolution des Nations unies qui avait mis fin à la Seconde guerre du Liban.
De son côté, l’ONU a affirmé le 19 décembre que si les quatre tunnels constituent une « violation grave » d’une de ses résolutions qui avait mis un terme au conflit israélo-libanais en 2006, « ils ne semblent pas avoir de points de sortie côté israélien ».
Les gardiens de la paix de l’ONU ont appelé des renforts pour garantir le calme à la frontière.
La résolution 1701 a permis de mettre fin à la Seconde guerre du Liban et impose à tous les groupes armés, à l’exception de l’armée libanaise de rester au nord de la rivière Litani.
L’armée a déclaré qu’elle avait connaissance de l’existence d’autres tunnels mais qu’elle ne les avait pas encore dévoilés.
Le nombre précis de tunnels et les détails de l’opération ont été placés sous embargo par le censeur de l’armée.
L’opération se déroule à proximité du territoire libanais, parfois du côté nord de mur frontalier, mais se cantonne au territoire israélien.
Une incursion de l’armée israélienne au Liban pourrait déclencher une importante confrontation avec le Hezbollah, qui se targue d’être un défenseur du Liban contre l’agression israélienne. Le Liban a fait savoir qu’une guerre n’était pas au programme tant que les troupes israéliennes ne franchissent pas la frontière.
Les responsables israéliens ont indiqué que l’armée pourrait avoir à opérer en territoire libanais, si nécessaire, pour détruire les tunnels. Le président libanais Michel Aoun, un allié du Hezbollah, a déclaré mardi que les Etats-Unis lui avaient garanti qu’Israël n’avait « aucune intention agressive » avec l’opération Bouclier du nord.
Israël maintient que ces tunnels constituent une « sérieuse violation de la résolution 1701 et de la souveraineté de l’Etat d’Israël ».
Judah Ari Gross et l’AFP ont contribué à cet article.