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Interview

La famille de l’otage Nimrod Cohen fait pression et manifeste pour sa libération

La famille du soldat traîné hors de son char le 7 octobre accuse le gouvernement d’abandonner les otages ; un ex-captif affirme avoir vu Cohen en vie il y a huit mois

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Viki, Yehuda et Yotam Cohen chez eux à Rehovot, le 6 février 2025 (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)
Viki, Yehuda et Yotam Cohen chez eux à Rehovot, le 6 février 2025 (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Lorsque le gouvernement a exigé mardi la libération de tous les otages détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas avant samedi, Yehuda Cohen, le père de l’otage Nimrod Cohen, se trouvait à Washington, DC ; c’est sa cinquième mission aux États-Unis pour tenter de sauver son fils.

Nimrod, aujourd’hui âgé de 20 ans, ne figure pas sur la liste des 17 otages devant encore être libérés dans le cadre de la première phase du cessez-le-feu en cours à Gaza. Comme c’est un soldat, il sera l’un des derniers otages à être libéré des gêoles du Hamas.

« Je rencontre des républicains, des démocrates, la presse, tout le monde », a confié Cohen au Times of Israel. « Et même après la libération de Nimrod, nous resterons mobilisés jusqu’à ce que tous les otages soient rentrés chez eux, jusqu’à la fin de cette épreuve. »

Cohen garde l’espoir qu’il y aura une suite à la première phase du cessez-le-feu, même s’il est convaincu que la deuxième phase posera des difficultés.

« Tout dépendra de la pression exercée par [le président américain Donald] Trump sur [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu », a-t-il soutenu.

Mais pour l’instant, Cohen, sa femme Viki, leur fils aîné Yotam et Romi, la jumelle de Nimrod, continuent à tout mettre en œuvre pour que Nimrod rentre chez lui.

Viki Cohen, mère de l’otage Nimrod Cohen, se tient devant la manifestation Shift 101 qui se déroule à côté du quartier général de Tsahal à Tel Aviv, le 9 février 2025. (Crédit Oded Engel)

Dimanche, après la dernière libération de trois otages supplémentaires, rendus à Israël, les Cohen et Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, ont saisi la Haute Cour afin d’obtenir la publication intégrale de l’accord de cessez-le-feu à Gaza et des modalités de libération des otages conclues avec le Hamas.

Les détails de la deuxième phase de l’accord restent confidentiels, le gouvernement israélien refusant pour l’instant de les divulguer, a précisé Cohen.

« Notre objectif, basé sur l’expérience du Premier ministre Netanyahu en matière de torpillage d’accords, est de nous assurer que Netanyahu ne crée pas une nouvelle fois des options pour faire échouer et torpiller la deuxième phase de l’accord », a affirmé Cohen, évoquant cette deuxième phase qui inclut son fils ainsi que Matan Zangauker.

Ce n’est un secret pour personne que Cohen n’est pas un grand admirateur du Premier ministre. Il le fait savoir depuis des mois, manifestant chaque samedi sur la rue Begin à Tel-Aviv avec plusieurs familles d’otages, dont celle de Zangauker.
Ensemble, ils dénoncent la responsabilité de Netanyahu dans les massacres perpétrés lors du pogrom du Hamas le 7 octobre 2023.

Yehuda Cohen, père de l’otage israélien Nimrod Cohen, lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages retenus en captivité depuis le pogrom du 7 octobre, à Tel Aviv le 28 décembre 2024. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Ce jour-là, Nimrod, alors tireur dans un char, et son équipe ont tenté d’arrêter la vague de terroristes du Hamas qui envahissait la base militaire de Nahal Oz. Ils faisaient partie des deux chars stationnés entre les kibboutz Nir Oz et Nirim.

Âgé de 19 ans au moment de sa capture, Nimrod se trouvait dans le char aux côtés du capitaine Omer Neutra, du sergent Shaked Dahan et du sergent Oz Daniel. Neutra commandait le char, Dahan en était le pilote, Cohen le tireur et Daniel le chargeur.

Lors de l’assaut sur le sud d’Israël, leur char a été pris pour cible par des terroristes du Hamas avec des tirs de RPG et des engins explosifs. Les quatre soldats ont été capturés et emmenés à Gaza. Des images tristement célèbres de l’attaque montrent des Palestiniens en civil rassemblés autour du char en flammes, tandis que les soldats sont traînés hors du blindé par des terroristes.

Des Palestiniens célébrant la destruction d’un char israélien à la barrière de sécurité, à l’est de Khan Younès, du côté de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)

Depuis, Tsahal a confirmé que Neutra, Dahan et Daniel ont tous trois été assassinés et que leurs dépouilles sont détenues par le Hamas. Nimrod a quant à lui été pris en otage, mais plusieurs signes de vie ont été rapportés.

Le plus récent provient d’un otage récemment libéré qui affirme avoir vu Cohen pour la dernière fois il y a huit mois. Depuis, plus aucune nouvelle.

Des familles d’otages et des militants bloquant l’autoroute Ayalon, à Tel Aviv, lors d’une manifestation en faveur de l’accord pour les otages, le 24 janvier 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

« Nous tuons le temps parce que chaque jour dure une éternité », a confié Viki, qui a arrêté de travailler en août pour se consacrer à plein temps à la lutte pour la libération de Nimrod. « Nous attendons que la première phase soit terminée pour passer à la seconde. »

Alors que les Cohen attendent le retour de Nimrod dans la maison familiale située dans une rue tranquille de Rehovot, chaque membre de la famille proteste à sa manière.

Yehuda et son fils aîné, Yotam, participent aux manifestations de la route Begin à Tel-Aviv le samedi soir, tandis que Viki et Romi, la sœur jumelle de Nimrod, assistent régulièrement aux rassemblements plus solennels de la place des Otages et à Shift 101 — des rassemblements en blanc, le plus souvent silencieux, organisés plusieurs fois par semaine devant des institutions publiques.

Yehuda Cohen, ingénieur en algorithmes chez Applied Materials, a demandé à ses collègues d’éviter de lui poser des questions sur Nimrod lorsqu’il parvient à se rendre au travail. Il a également parcouru le monde pour des missions, souvent accompagné de Yotam.

Il a passé plusieurs semaines en décembre et janvier à Paris, au Brésil et à La Haye.

En janvier, Cohen a rencontré Karim Khan, le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), pour discuter de l’émission d’un mandat d’arrêt contre Netanyahu afin de faire pression sur lui et s’assurer qu’il applique intégralement l’accord de libération des otages et de cessez-le-feu conclu avec le Hamas.

« Les réactions ont été mitigées », raconte Cohen, jeudi dernier, depuis son salon.

« J’ai reçu un message clair : ‘Vous voulez enquêter sur notre Premier ministre ? Allez-y, s’il vous plaît.’ »

Dimanche, Cohen s’est à nouveau rendu aux États-Unis, avec l’intention de suivre de près les déclarations de Trump, qu’il estime déjà engagé en faveur des otages avant même son investiture, le 20 janvier.

Yehuda Cohen, père de l’otage Nimrod Cohen, s’adressant aux manifestants depuis le pont Begin (Crédit : Vardit Alon-Korpel)

« Il y a une raison de remercier Trump », a dit Viki Cohen, qui, si elle soutient les déclarations plus politiques de son mari, précise qu’elle a sa propre manière de faire les choses. « Il a agi au moment opportun [en obtenant la signature de l’accord sur les otages], mais après une attente interminable. »

Quoi qu’il arrive, cependant, les Cohen ne cesseront de tenir Netanyahu pour responsable.

« J’ai toujours vu Bibi comme un problème », déclare Cohen, dont les drapeaux israéliens, brandis lors des manifestations hebdomadaires contre la refonte judiciaire du gouvernement de droite de Netanyahu, sont bien visibles près de sa porte d’entrée. « À une époque, on le considérait comme l’adulte responsable dans la pièce, mais la réforme judiciaire a été le déclencheur. J’ai perçu le danger qu’il représentait et, ensuite, ses politiques ont conduit à ce désastre pour ma famille. »

Alors que les Cohen attendaient la quatrième remise d’otages samedi, Viki Cohen confiait à quel point voir les otages rentrer chez eux et retrouver leurs proches était une expérience bouleversante, mêlée de soulagement, de déception, de pression et d’inquiétude.

« Je voudrais être à leur place, tenir mon propre fils dans mes bras », dit-elle.
« Nous sommes dans l’incertitude. »

Vicky et Romi Cohen, mère et sœur de l’otage Nimrod Cohen, s’exprimant sur la place des otages le 1er février 2025 (Crédit : Lior Rotstein)

Yehuda Cohen, lui, est convaincu que Nimrod rentrera à la maison et qu’il pourra enfin le serrer à nouveau dans ses bras. Selon lui, le Hamas a tout intérêt à garder les otages en vie — peut-être même plus que le gouvernement israélien. Il sait que le processus sera long.

« Il y a toute une liste avant d’arriver à Nimrod, et il faut qu’elle avance », explique-t-il. « Nous avons vu ce qui s’est passé en novembre 2023, lorsque Israël a affirmé que le Hamas avait fourni une liste erronée et que le cessez-le-feu a été rompu. Bibi cherche où il pourra tout torpiller. »

« Voir les otages rentrer chaque semaine donne l’impression de suivre une série à suspense », observe Yotam Cohen.

« C’est comme une émission de télé-réalité », ajoute-t-il. « Tout le monde la regarde, et après tout ce que tant d’Israéliens ont traversé dans cette lutte, nous méritons aussi d’en faire partie. Mais je ne peux m’empêcher d’être jaloux de ceux qui rentrent. »

Il pense aux autres otages, comme Hersh Goldberg-Polin, qu’il avait rencontré lors de son service militaire et qui a été exécuté par ses ravisseurs en même temps que cinq autres otages fin août.

« Ils auraient pu être chez eux », dit-il, évoquant également Ron Sherman, un soldat pris en otage et tué pendant sa captivité. « Ils auraient pu retrouver leurs familles. C’est la faute du gouvernement s’ils ne sont jamais revenus. »

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