La force Radwan comptait envahir Israël depuis Kafr Kila désormais contrôlé par Tsahal
Il ne reste plus grand chose du village, centre névralgique du Hezbollah à la frontière israélienne ; l'offensive terrestre israélienne a permis de démanteler l'infrastructure terroriste

KAFR KILA, Sud-Liban – Une heure seulement après un barrage de roquettes tirées par le Hezbollah sur le nord d’Israël lundi matin, le Times of Israel et d’autres journalistes ont traversé Metula – aujourd’hui une ville fantôme à la frontière nord d’Israël – à bord d’un convoi de véhicules blindés, pour se rendre directement dans la zone de guerre au sud du Liban.
Équipés de casques et de gilets pare-balles, les journalistes sont entrés à Kafr Kila, un village frontalier qui, jusqu’à récemment, servait de plaque tournante au Hezbollah, l’un des groupes terroristes les plus puissants et les plus riches au monde. Le village était destiné à servir de base pour une invasion d’Israël.
Le plan du Hezbollah, intitulé « Conquête de la Galilée », prévoyait que les forces de l’unité Radwan attaqueraient la frontière depuis ce point, envahiraient et s’empareraient de Metula, pour y perpétrer des assassinats et des enlèvements, comme le Hamas l’a fait dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, explique le colonel Avraham Marciano, commandant de la 769e brigade « Hiram », responsable de la partie orientale de la frontière avec le Liban.
Fin septembre, les troupes de Tsahal ont demandé aux 3 000 habitants de Kafr Kila de quitter la zone. Après des semaines de combats intenses, la plupart des terroristes du Hezbollah du village ont été éliminés.
Marciano, qui nous a servi de guide, nous a indiqué un monticule de débris à 50 mètres de l’endroit où nous nous trouvions. C’est là, a-t-il expliqué, que les troupes ont découvert une entrée de tunnel souterrain s’étendant sur plusieurs centaines de mètres, et atteignant presque le mur de la frontière avec Israël.
« Plusieurs bataillons de l’unité d’élite Radwan du Hezbollah prévoyaient de pénétrer dans le tunnel depuis la rue principale du village pour récupérer l’équipement entreposé », a poursuivi Marciano. Dans le village, Tsahal a trouvé des milliers d’armes, de lanceurs et d’équipements tactiques appartenant aux terroristes de la force d’élite du Hezbollah.
Les terroristes prévoyaient ensuite de sortir par un passage situé à quelques minutes à pied du mur frontalier, de l’autre côté duquel se trouve un quartier résidentiel de Metula.
« Ils avaient prévu d’envahir les lieux pour y commettre des assassinats et toutes les autres exactions insoutenables perpétrées le 7 octobre 2023 dans le sud du pays », a expliqué le colonel.

Une incursion terrestre limitée
Le Hezbollah a commencé ses frappes sur le nord d’Israël un jour après le pogrom perpétré le 7 octobre 2023 par le groupe terroriste palestinien du Hamas, au cours duquel 3 000 terroristes ont massacré plus de 1 200 personnes dans le sud d’Israël et en ont enlevé 251 pour les emmener dans la bande de Gaza.
Après avoir été la cible pendant près d’un an de frappes transfrontalières de roquettes et de drones du Hezbollah, qui ont contraint 60 000 habitants du nord d’Israël à quitter leur domicile, Israël a intensifié considérablement ses opérations en septembre, menant des frappes contre des chefs de terrain et contre des dirigeants de haut rang à Beyrouth, et visant les stocks d’armes du groupe terroriste, paralysant ainsi une grande partie de ses capacités.
Alors que Tsahal, et notamment la 769e brigade, opérait près de la frontière nord depuis le 8 octobre 2023, ce n’est qu’à la fin du mois de septembre de cette année que l’armée a conduit une incursion terrestre. Cette opération, de portée limitée, vise les terroristes du Hezbollah et les infrastructures relativement proches de la frontière.
Les combats dans le sud du Liban ont été particulièrement intenses et meurtriers, surtout la semaine dernière. Israël déplore la perte de 17 soldats, tous sauf un étant des réservistes. En un an de conflit, 60 soldats de Tsahal ont perdu la vie lors de ces affrontements transfrontaliers au nord et des opérations terrestres.

Tsahal estime avoir tué plus de 2 000 terroristes du Hezbollah au cours de la guerre. Une centaine de membres d’autres groupes terroristes, ainsi que des centaines de civils, auraient également été tués au Liban.
Entrée en territoire ennemi
Notre convoi de journalistes est entré au Liban près de la porte de Fatima, autrefois connue sous le nom de « Good Fence Crossing », utilisée de 1982 à 2000 pendant l’occupation israélienne du sud du Liban.

Oskar Lawther, conducteur de l’un des véhicules blindés de transport de troupes (APC) de la 769e brigade, a expliqué qu’il s’était souvent demandé à quoi ressemblait l’autre côté de la frontière lorsqu’il patrouillait du côté israélien.
Notre premier arrêt, aux abords de Kafr Kila, est un point d’observation stratégique sur Israël, qui aurait pu être un belvédère pittoresque pour une randonnée. « C’est un observatoire historique… Les dirigeants de l’unité Radwan venaient ici pour observer Israël en contrebas », a expliqué Marciano aux journalistes au sommet de la colline. « C’est d’ici que les terroristes du Hezbollah observaient Israël et visaient les maisons des citoyens. »
C’est depuis cet endroit que les terroristes ont frappé directement une maison à Kfar Yuval en janvier, tuant Barak Ayalon, 45 ans, membre de l’équipe de sécurité de la communauté, et sa mère, Miri Ayalon, 76 ans.

« Il y avait des armes, des drapeaux du Hezbollah et des photos de Nasrallah et d’autres dirigeants du Hezbollah dans chacune des maisons de ce village », a affirmé Marciano, ajoutant que tous les habitants de Kafr Kila avaient des liens avec le Hezbollah.
« Nous ferions mieux de nous dépêcher », dit-il en jetant un coup d’œil prudent autour de lui. « Il y a deux jours, un missile antichar est tombé à l’endroit où nous nous trouvons. »
Le balagan du Moyen-Orient
Les soldats et les journalistes avancent prudemment sur la colline, contournant des douilles de roquettes et d’autres débris.

Marciano nous a fait un briefing succinct avec une vue sur le village.
« Nous avions une liste d’objectifs, et nous avons atteint environ 65 % de ceux-ci », a déclaré Marciano.
Tout autour de la colline rocailleuse se trouvent des maisons évacuées, certaines complètement détruites, d’autres encore debout.
« Le Hezbollah était là, et à présent nous y sommes », a dit Marciano. « Notre objectif est de détruire toutes les infrastructures du Hezbollah pour nous assurer qu’il ne puisse pas revenir. »

Bien qu’il se dise optimiste, il a néanmoins affirmé que l’armée devait faire face au balagan, ou à la folie du Moyen-Orient.
« Je ne suis pas prophète, » a-t-il poursuivi. « Je ne peux pas dire que le Hezbollah ne reviendra jamais ici. Mais je veux libérer la région du Hezbollah pour que mes enfants n’aient pas à se battre. »
Il marque une pause. « Peut-être que mes petits-enfants devront se battre, mais pas mes enfants. »
En parlant du futur
Lorsqu’on lui a demandé quels étaient les objectifs de l’armée dans cette guerre, Marciano a rappelé qu’en 2006, Israël avait signé un cessez-le-feu avec le Hezbollah après 34 jours de combats sans victoire décisive.
La guerre s’est terminée lorsqu’Israël, le Hezbollah et le gouvernement libanais ont accepté la résolution 1701 de l’ONU, qui exigeait le désarmement et le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani – des termes qui n’ont jamais été respectés.

À l’époque, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a été tué dans une frappe aérienne de Tsahal à Beyrouth le 27 septembre, avait fanfaronné, affirmant qu’Israël était « plus faible qu’une toile d’araignée ».
Pendant les 18 années qui ont suivi, le Hezbollah a établi des bases dans les villages du sud du Liban, en se rapprochant de plus en plus de la frontière. En décembre, Tsahal a déclaré que le Hezbollah utilisait « les infrastructures locales à des fins terroristes, exploitant la population civile et l’utilisant comme bouclier humain pour ses opérations. »
« Nous ne sommes plus en 2006 », a affirmé le réserviste Efraim Feiglin, qui supervisait la presse. « Cette fois, nous continuerons jusqu’à la victoire. »
Ce que signifie exactement la victoire et qui retournera à Kafr Kila ou dans les autres villages autrefois contrôlés par le Hezbollah une fois les combats terminés, n’est, toutefois, pas très clair.
Mais pour l’instant, Marciano se consacre à l’un des objectifs de guerre fixés par le gouvernement israélien : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les gens puissent rentrer chez eux dans le nord. Nous prendrons le temps nécessaire pour accomplir notre tâche. »

Des explosions fortes
Certaines sections du mur frontalier, côté libanais, étaient couvertes de graffitis classiques, des gribouillis en anglais avec des cœurs et des noms de personnes, mais aussi de dessins de propagande représentant des dirigeants du Hezbollah.
Plus loin, le mur portait également des traces de la présence des troupes israéliennes, avec des mots récemment écrits en hébreu disant : « Vous l’avez voulue, vous l’avez eue. »
Lawther nous a expliqué que cela voulait dire que le Hezbollah avait voulu la guerre, et qu’il l’avait eue.

Les bulldozers de Tsahal avançaient lentement dans le village, dégageant les débris. Il reste encore des bâtiments piégés à inspecter, des cellules terroristes à démanteler et des forces cachées à affronter, a précisé Marciano.
Les soldats de la brigade Golani et ceux des parachutistes travaillent ensemble pour débarrasser le village de ses terroristes, a-t-il ajouté, soulignant la coopération entre ces deux unités, traditionnellement rivales.
Marciano nous a fait passer devant une station-service qui, selon lui, appartenait autrefois au Hezbollah et qui est aujourd’hui détruite, juste en face du mur frontalier.

Au loin, de l’autre côté de la colline, il y a eu une explosion soudaine et forte provenant d’un bombardement d’artillerie, ce qui a fait bondir l’auteure de ces lignes.
« L’adrénaline, c’est bien », plaisante un soldat. « Ca fait travailler le cœur. »
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