La France « regrette » le gel des 138 M $ destinés aux terroristes palestiniens
"Selon les chiffres des services de sécurité, l'Autorité palestinienne a versé en 2018 cette somme aux terroristes emprisonnés," a déclaré le bureau du Premier ministre
La France « regrette » la décision d’Israël, datée du dimanche 17 février, de geler les 138 millions de dollars (122 millions d’euros) qu’il devait verser à l’Autorité palestinienne (AP) afin de protester contre les allocations que cette dernière octroie aux familles de terroristes palestiniens, selon un communiqué du bureau du Premier ministre israélien.
« Selon les chiffres des services de sécurité, l’Autorité palestinienne a versé en 2018 cette somme aux terroristes emprisonnés, à leurs familles et aux anciens détenus. C’est pour cela que nous avons décidé de geler cette même somme d’argent qu’Israël reverse au titre des taxes » prélevées par l’Etat hébreu sur les produits palestiniens importés, indique ce communiqué.
« La France regrette la décision des autorités israéliennes de geler une partie des revenus fiscaux qu’elles devaient verser à l’Autorité palestinienne et exprime sa préoccupation que la situation financière déjà précaire ne s’aggrave encore », a réagi vendredi Paris dans un communiqué.
« La France appelle au plein respect des obligations au titre des accords d’Oslo, en particulier celles issues du Protocole de Paris régissant les relations économiques et financières entre Israël et l’Autorité palestinienne, » poursuit le communiqué.
La France regrette la décision des autorités israéliennes de geler une partie des revenus fiscaux qu'elles devaient…
Posted by France Diplomatie on Friday, February 22, 2019
Selon ces accords le gouvernement israélien doit reverser régulièrement à l’Autorité palestinienne la TVA et les droits de douane qu’il prélève sur les produits importés par les Palestiniens.
Mais en juillet 2018, le Parlement israélien a voté une loi visant à geler ces versements à hauteur du montant des allocations accordées par l’Autorité palestinienne aux auteurs d’attaques anti-israéliennes et à leurs familles.
Elle n’avait jamais été appliquée mais il y a deux semaines, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé son intention de le faire après le meurtre d’une jeune Israélienne par un Palestinien à Jérusalem.
L’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas verse des allocations aux familles de Palestiniens détenus par Israël en fonction des peines infligées par la justice de l’Etat hébreu.
Ces prisonniers sont en effet considérés par de nombreux Palestiniens comme des « martyrs ».
Abbas a souligné à maintes reprises que le soutien aux familles des prisonniers et des « martyrs » « constitue un devoir national, humanitaire et social qui doit toujours être rempli indépendamment des pressions israéliennes et internationales. »
Selon les termes de la loi adoptée en 2018 par Israël, le ministre de la Défense présentera en fin d’année au cabinet un rapport sur les sommes payées par l’Autorité palestinienne aux prisonniers palestiniens et à leurs familles l’année écoulée.
L’année suivante, Israël gèlera chaque mois 1/12 de la somme indiquée dans le rapport sur les taxes et droits de douane qu’il doit aux Palestiniens.
Dans le cas où le ministre de la Défense annonce que l’Autorité palestinienne cesse de verser ces allocations, le cabinet pourra décider de dégeler partiellement ou complètement les fonds retenus.
De hauts-responsables palestiniens ont âprement critiqué la décision prise par le cabinet israélien de sécurité.
Le responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Ahmed Majdalani a accusé de tentative de chantage Israël et les Etats-Unis, qui ont coupé plus d’une centaine de millions de dollars d’aide aux Palestiniens.
« Réduire les fonds versés à la trésorerie palestinienne est une forme de sanction collective imposée par Israël », a -t-il dit, selon la chaîne Kan. « Cette mesure peut mettre en péril l’économie palestinienne et saper la capacité de l’AP à payer les salaires au moment opportun ».
« Le gouvernement de l’occupation tente de détruire l’autorité nationale en partenariat avec l’administration américaine de Donald Trump, », a estimé Majdalani dans un communiqué.
D’autres responsables de l’AP ont indiqué à la Treizième chaîne que le président de l’AP Mahmoud Abbas pourrait refuser tous les revenus fiscaux pour protester contre cette initiative israélienne.
Ils ont ajouté que la mesure pourrait avoir des répercussions sur la coopération sécuritaire israélo-palestinienne.