Ce serait une erreur de se laisser trop emballer par la frappe de missiles américains survenue cette nuit sur une base aérienne de Syrie, au nord de Damas, là d’où, pense-t-on, aurait été lancée l’attaque aux armes chimiques méprisable de mardi.
Il ne s’agit, après tout, que d’une seule frappe de riposte sur une base aérienne et non d’un virage à 180 degrés de la politique militaire américaine. Nous ne savons pas ce que sera la politique qui sera menée par l’administration Trump si le président Bashar Assad devait continuer à commettre des attaques chimiques et nous ne pouvons sûrement pas affirmer que le président Donald Trump va dorénavant tenter de renverser le régime d’Assad.
Toutefois, le raid américain de la nuit dernière a été à la fois spectaculaire et remarquable, en particulier si on le compare à la politique du prédécesseur de Trump, Barack Obama, qui ne peut être mieux résumée que dans le simple mot « d’inaction ».
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info
Inscription gratuite !
En moins de trois mois, le président Trump, si ridiculisé, a réussi au Moyen Orient ce que n’avait jamais cherché Obama, ou même voulu chercher : Il a gagné la confiance du président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, du roi de Jordanie Abdallah II et du roi Salman d’Arabie saoudite. Et même les dirigeants de l’Autorité palestinienne font l’éloge de manière inlassable des politiques mises en œuvre au Moyen Orient par l’occupant de la Maison Blanche et des efforts livrés pour faire revivre le processus de paix avec Israël.
Le président américain Donald Trump, à gauche, avec son homologue égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, à la Maison Blanche à Washington, D.C., le 3 avril 2017. (Crédit : Nicholas Kamm/AFP)
Le camp sunnite, pragmatique, qui se sentait tellement en désaccord avec Obama, a enfin le sentiment d’être entendu et pris en considération à Washington. L’administration américaine bâtit des relations avec la bonne partie de la région plutôt que de miser, comme l’avait fait Obama, sur l’islam politique caractérisé par les Frères musulmans.
Mais plus encore que cela, cette attaque de représailles américaine envoie le message clair au camp chiite – Iran et Hezbollah – ainsi qu’à leur patron de Moscou, à savoir que la fête est finie. Cette semaine encore, Abdallah mettait en garde contre l’effort iranien d’accaparement d’une zone de contrôle s’étendant de Téhéran à Beyrouth et à Lattaquié.
Le président syrien Bashar Assad, à droite, discute avec le vice-ministre des Affaires étrangères de l’Iran Hossein Amir Abdollahian, à gauche, à Damas, en Syrie, le jeudi 3 septembre 2015 (Page Facebook de la présidence syrienne)
A travers une seule frappe limitée, le recours nocturne à la force de Trump a signalé aux acteurs chiites et à la Russie que les règles du jeu ont dorénavant changé : Il y aura maintenant un prix à payer pour envahir, massacrer, mener des actes terroristes et utiliser des armes non-conventionnelles.
Un tel message aurait dû être délivré il y a longtemps. Mais Barack Obama avait choisi l’inaction. En conséquence, les Etats-Unis ont été perçus comme faibles, comme effrayés, comme une nation qui avait abandonné ses alliés au Moyen Orient.
L’attaque de cette nuit a envoyé un message très différent et en particulier à l’opposition d’Assad.
Le président américain Barack Obama avec le président russe Vladimir Poutine pendant la séance pour prendre la photo de famille officielle lors du sommet du G20 à Antalya, en Turquie, le 15 novembre 2015 (Crédit : AFP / SAUL LOEB)
La réponse rapide et les messages immédiats de soutien de l’Arabie Saoudite et de l’opposition syrienne soulignent combien cette unique attaque américaine a eu un impact important là où c’était nécessaire.
Et pas seulement non plus un impact physique. La Russie devra dorénavant réévaluer sa gestion de la crise syrienne. Et pour l’Iran, Assad et le Hezbollah, tous devront réfléchir davantage à leurs futures initiatives dans ce qu’était auparavant la grande Syrie – et avec beaucoup plus de précaution avant que Trump ne frappe à nouveau.
C’est vous qui le dites...