La Haute Cour valide le renvoi du maire de Tibériade pour non-adoption du budget
La ville du nord sera dirigée par un conseil municipal nommé par le ministère de l'Intérieur pour les trois prochaines années jusqu'à la tenue de nouvelles élections
La Haute Cour de justice a rejeté lundi une requête du controversé maire de Tibériade, Ron Cobi, visant à annuler son éviction pour défaut d’adoption d’un budget municipal.
Surnommé le « Donald Trump du Nord » par les médias israéliens en raison de son style agressif, Ron Cobi avait été nommé à la municipalité à l’automne 2018 suite à une campagne luttant contre l’expansion de la communauté ultra-orthodoxe croissante et son influence dans la ville, mise en évidence par une série de vidéos en direct sur Facebook, souvent grossières et menaçantes.
Cependant, il n’a pas réussi à former une coalition et, son parti ne représentant que six des quinze postes du conseil municipal, les autres membres avaient refusé de soutenir ses propositions budgétaires, même après avoir obtenu une prolongation jusqu’au 30 septembre 2019.
La loi israélienne permet au ministre de l’Intérieur de destituer un maire qui n’est pas en mesure d’adopter un budget plus d’un an après son élection. Mais en raison d’une rivalité personnelle entre le ministre de l’intérieur Aryeh Deri et Ron Cobi, ce dernier a cédé sa compétence en la matière au ministre de la protection de l’Environnement Ze’ev Elkin, qui a déclaré le mois dernier qu’il avait examiné les raisons pour lesquelles l’intéressé et le conseil municipal de Tibériade n’étaient pas parvenus à adopter un budget et qu’il ne les trouvait pas assez convaincantes pour l’excuser.
Suite à la décision de ce dernier, Aryeh Deri a nommé le directeur adjoint du ministère de l’Intérieur, Moni Ma’atok, à la présidence d’un comité spécial qui dirigera la ville pendant les trois prochaines années jusqu’aux prochaines élections municipales. Le conseil sera composé d’autres fonctionnaires du ministère.
En faisant appel de la décision devant la Haute Cour, le maire déchu a affirmé que son éviction résultait du fait que Benjamin Netanyahu était un « Premier ministre faible », l’accusant d’être « la marionnette de Deri ».
Il a également fait valoir que son renvoi n’était possible qu’en raison d’une « loi archaïque et dépassée » qui « ne tenait pas compte du fait qu’il pouvait y avoir un ministre de l’Intérieur corrompu et non professionnel ayant des intérêts ».
« Même si dix anges étaient descendus du ciel, le budget n’aurait pas été adopté. Le ministre de l’Intérieur a mis en place un conseil contre-productif pour s’assurer que le budget ne serait pas adopté », a-t-il soutenu.
« Neuf membres du conseil ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour démettre un maire, mais nous nous sommes battus et continuerons à nous battre comme des lions. »
Dans sa décision de lundi, la cour a estimé que si certains des arguments de Ron Cobi étaient valables, il n’avait pas réussi à faire adopter un budget et que le gouvernement avait le pouvoir de le démettre de ses fonctions.
Le maire « n’a pas fait tout son possible pour assurer l’adoption d’un budget en temps voulu », a statué le juge Noam Sohlberg, même s’il a déclaré que les membres du conseil municipal étaient également responsables de l’absence de budget.
En réponse à cette décision, Aryeh Deri a déclaré aux habitants que bien qu’ils aient traversé une « période difficile », « aujourd’hui, nous regardons tous vers l’avenir avec beaucoup d’espoir » et que son ministère ferait tout son possible pour remettre la ville sur les rails afin qu’elle « travaille pour ses habitants et leur fournisse les services appropriés que vous méritez ».
Pendant son mandat écourté de maire, l’édile est rapidement devenu la bête noire de la communauté ultra-orthodoxe après avoir lancé des lignes de bus gratuites le samedi dans la ville et étendu le nombre d’entreprises de divertissement et de commerces autorisés à ouvrir le jour de repos juif, tout en s’engageant à restreindre les projets de logement pour les résidents ultra-orthodoxes.
En octobre dernier, il a été pris pour cible par des inconnus. En mars, un résident de la ville a été inculpé pour lui avoir envoyé des messages de menace, et un autre a été arrêté pour avoir menacé de l’assassiner.