La Jordanie met en garde Washington et Londres concernant l’annexion
S'adressant à Mike Pompeo et Dominic Raab, Ayman Safadi a demandé instamment la préservation de la paix et souligné la forte opposition d'Amman à cette "menace sans précédent"

Jeudi soir, le ministre jordanien des Affaires étrangères a mis en garde les diplomates américain et britannique concernant la « menace sans précédent » que l’annexion prévue de certaines parties de la Cisjordanie par Israël fait peser sur la région, a déclaré son cabinet.
Ayman Safadi s’est entretenu avec son homologue britannique Dominic Raab, l’exhortant à faire des efforts pour « sauvegarder » la paix et empêcher Israël de mettre en œuvre son projet d’annexion, a rapporté le Jordan Times.
Lors d’une conversation avec le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, il a rapporté avoir exprimé la forte opposition de la Jordanie à ce projet, qui, selon lui, mettrait en danger les perspectives de paix.
La semaine dernière, Amman a menacé de revoir ses relations avec Israël si l’État juif allait de l’avant avec ces initiatives controversées.
« Nous n’accepterons pas les mesures unilatérales d’Israël pour annexer des terres palestiniennes et nous serions obligés de revoir tous les aspects de nos relations avec Israël », a averti le Premier ministre Omar al-Razzaz auprès de l’agence de presse officielle Petra.

L’accord de coalition qui sous-tend le nouveau gouvernement d’unité israélien, assermenté dimanche dernier, lui permet, à partir du 1er juillet, de prendre des mesures pour mettre en œuvre le plan de paix controversé du président américain Donald Trump pour le conflit israélo-palestinien.
Ce plan, rejeté par les Palestiniens, donne le feu vert de Washington pour qu’Israël annexe les implantations juives et la vallée du Jourdain, une bande de terre située le long de la frontière avec la Jordanie.
Les Palestiniens affirment que le plan américain met fin aux perspectives d’une solution à deux États dans le conflit avec Israël, qui dure depuis des décennies.
Jeudi, Washington a préconisé à ses citoyens de faire preuve d’une prudence accrue lorsqu’ils se rendent en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, en prévision d’éventuelles violences.
Une alerte à la sécurité lancée par l’ambassade des États-Unis à Jérusalem a conseillé aux citoyens de « maintenir un niveau élevé de vigilance et de prendre les mesures appropriées pour accroître leur sensibilisation à la sécurité ».

Il a averti que « la violence peut se produire avec peu ou pas d’avertissement, ciblant les lieux touristiques, les centres de transport, les points de contrôle du gouvernement, les marchés et les installations commerciales ou les installations gouvernementales ».
En début de semaine, la liaison militaire d’Israël avec les Palestiniens a averti le chef d’état-major de Tsahal et le ministre de la Défense d’une potentielle vague de violences en cas de poursuite des projets du gouvernement.
La semaine dernière, le président de l’AP, Mahmoud Abbas, a annoncé que ses forces de sécurité mettaient fin à la coordination avec Israël en signe de contestation.
Alors que les responsables de la sécurité israélienne ont confirmé que l’AP a mis fin à la coopération en matière de sécurité, la Treizième chaîne a rapporté que Ramallah avait envoyé des messages à Israël disant que malgré la fin de la coopération, elle ne permettrait pas d’attentats terroristes contre les Israéliens ou un soulèvement populaire de masse.
Bien que peu discutée publiquement, la coopération d’Israël avec les forces de sécurité palestiniennes a permis de déjouer de très nombreux attentats terroristes majeurs et a été un facteur important du calme relatif en Cisjordanie ces dernières années.
Netanyahu a répété, lundi, l’échéance établie dans l’accord de coalition – le mois de juillet – comme date définie pour le lancement du processus d’élargissement de la souveraineté israélienne. Il a indiqué aux députés du Likud n’avoir aucunement l’intention de la changer.

L’initiative sera coordonnée avec Washington et conformément au plan sur le Moyen-Orient qui a été rendu public par le président américain Donald Trump au mois de janvier et qui approuvait l’application de la souveraineté de l’État juif sur environ 30 % de la Cisjordanie.
La promesse d’annexion de Netanyahu a été condamnée par un nombre croissant de pays et notamment par des États arabes, comme la Jordanie, et par des nations européennes comme la France et l’Allemagne.
Ces derniers jours, même des responsables de l’administration Trump ont semblé chercher à freiner la possibilité que Washington puisse donner rapidement le feu vert à cette initiative, sans progrès préalable réalisé dans les négociations entre Israël et les Palestiniens.
Le porte-parole du département d’État a expliqué, au début du mois, que toute action devait entrer dans le cadre de discussions entre les deux parties sur le plan de paix de l’administration.
Judah Ari Gross a contribué à cet article.