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La justice allemande ouvre la voie au procès d’une ex-secrétaire d’un camp nazi

Il s'agirait de la première femme jugée dans une procédure judiciaire concernant les atrocités nazies ; elle est accusée de complicité de meurtres dans plus de 10 000 cas

Illustration : un marteau de commissaire-priseur. (Crédit : Pixabay)
Illustration : un marteau de commissaire-priseur. (Crédit : Pixabay)

Ancienne secrétaire dans un camp de concentration, une nonagénaire risque aujourd’hui un procès pour complicité de meurtres devant la justice allemande qui a élargi, ces dernières années, le champ des poursuites visant les responsables de crimes nazis.

Aujourd’hui âgée de 95 ans, elle serait la première femme à comparaître dans le cadre des plus récentes procédures menées en Allemagne pour juger les atrocités nazies, alors que plusieurs hommes ont été poursuivis.

L’accusée, dont le parquet n’a pas révélé l’identité, serait néanmoins jugée devant une cour spéciale pour mineurs car elle était encore adolescente au moment des faits.

L’acte d’accusation l’incrimine de « complicité de meurtres dans plus de
10 000 cas. Dans d’autres cas, elle est poursuivie pour complicité dans des tentatives de meurtres », écrit le parquet de Itzehoe (nord-ouest de l’Allemagne) dans un communiqué.

Le ministère public lui reproche d’avoir entre juin 1943 et avril 1945 « apporté son aide aux responsables du massacre systématique de prisonniers juifs, de partisans polonais et de prisonniers de guerre soviétiques russes dans sa fonction de sténographe et de secrétaire du commandant de l’ancien camp de concentration Stutthof », situé à 40 km de la ville de Gdansk, aujourd’hui en Pologne.

La porte principale menant à l’ancien camp de concentration nazi de Stutthof, à Sztutowo, en Pologne, le 18 juillet 2017. (AP Photo / Czarek Sokolowski)

Potentiellement « apte » à être jugée

Dans ce camp, le premier établi hors d’Allemagne, quelque 65 000 personnes, essentiellement des Juifs des pays baltes et de Pologne, sont mortes, abattues d’une balle dans la nuque, gazées au Zyklon B, pendues, quand elles n’ont pas succombé au froid, aux épidémies et au travail forcé.

La tenue d’un procès n’est toutefois pas encore assurée : la justice doit d’abord décider si, en raison de son grand âge, l’ancienne employée du camp est apte à être renvoyée devant un tribunal.

Interrogé par l’AFP, le ministère public suppose actuellement qu’elle est « apte à être jugée ».

Les investigations dans ce dossier ont été « très longues » avec des interrogations de témoins aux Etats-Unis et en Israël notamment, a précisé le porte-parole du parquet Peter Müller-Rakow.

La « question juridique centrale » de la procédure sera la question de la « responsabilité concrète » de l’accusée pour la complicité des meurtres qui lui sont reprochés. Cela ne pourra être clarifié « qu’au cours de l’audition des témoins » devant le tribunal, a-t-il ajouté.

Justice tardive

Selon les médias allemands, une dizaine d’instructions judiciaires relatives aux crimes nazis sont en cours dans le pays.

La chaîne NDR avait notamment mentionné en 2019 le cas d’Irmgard F., ancienne secrétaire personnelle d’un commandant du camp de Stutthof et qui vit aujourd’hui dans une maison de retraite au nord de Hambourg.

Un autre dossier concerne un ancien gardien SS de ce même camp, également âgé de 95 ans. Il a été mis en accusation en juillet dernier pour complicité de meurtres dans plusieurs centaines de cas. Sa capacité à comparaître est là encore en train d’être évaluée et aucune date de procès n’a été fixée.

Ces dernières années, l’Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps le chef d’accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice.

En juillet 2020, le tribunal de Hambourg avait condamné à deux ans de prison avec sursis Bruno Dey, un ancien garde de camp de concentration de 93 ans pour complicité dans 5 232 cas de meurtres et tentatives de meurtres à Stutthof.

L’ancien gardien SS Bruno Dey, 93 ans, couvre son visage dans le tribunal pendant son procès à Hamburg, le 21 octobre 2019. (Crédit : Daniel Bockwoldt / POOL / AFP

Le cas le plus emblématique a été la condamnation à cinq ans de prison de l’ancien gardien du camp d’extermination de Sobibor, John Demjanjuk en 2011.

Aussi controversée que soit cette justice tardive, elle permet « de donner une voix aux victimes, à leurs familles, et de ramener les faits dans la conscience publique », avait expliqué à l’AFP, lors d’une précédente procédure, le juriste Andrej Umansky, auteur d’un ouvrage sur la Shoah à l’Est.

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