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La Knesset engage sa relation avec les crypto-monnaies

Avec prudence, les régulateurs mettent en garde contre les dangers et les limites de ces devises, mais les élus y voient des opportunités et un "grand potentiel économique"

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Photo du centre de change de Bitcoin sur la rue Dizengoff, à Tel Aviv, qui compte un musée décrivant l'histoire de la crypto-monnaie et qui abrite un guichet automatique de Bitcoin. C’est également un lieu de rencontres pour les adeptes des crypto-monnaies. 5 novembre 2017 (Miriam Alster / FLASH90)
Photo du centre de change de Bitcoin sur la rue Dizengoff, à Tel Aviv, qui compte un musée décrivant l'histoire de la crypto-monnaie et qui abrite un guichet automatique de Bitcoin. C’est également un lieu de rencontres pour les adeptes des crypto-monnaies. 5 novembre 2017 (Miriam Alster / FLASH90)

La Knesset a commencé lundi à étudier sa façon de faire face à la récente explosion des crypto-monnaies. Si les régulateurs financiers encouragent à la prudence, les législateurs voient un grand potentiel dans ces nouvelles monnaies numériques.

Lors d’une audience convoquée par le président de l’opposition Isaac Herzog et organisée au sein de la puissante commission des Finances de la Knesset, le président du panel, le député Moshe Gafni, a demandé aux régulateurs israéliens de soumettre leurs recommandations dans les 45 jours à venir afin de taxer les crypto-monnaies, d’éviter qu’elles puissent servir au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme et de protéger les investisseurs.

Il a également appelé les représentants israéliens des géants des crypto-monnaies – y compris le Bitcoin et l’Ethereum – à soumettre leur avis concernant une réglementation.

« Après avoir appris ma leçon, il est devenu évident que ce phénomène pourrait être abandonné, mais pourrait aussi prendre de l’ampleur et devenir une question centrale dans notre quotidien financier », a déclaré Gafni (YaHadout HaTorah).

Il a ordonné à l’Autorité fiscale israélienne, à l’Autorité israélienne des valeurs mobilières et à l’Autorité israélienne de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme de définir rapidement de nouvelles lignes directrices sur l’utilisation de ces fonds numériques.

Le président du Comité des finances, Moshe Gafni, dirige une réunion à la Knesset à Jérusalem, le 6 septembre 2016 (Yonatan Sindel / Flash90)

« Soyons clairs : la commission des Finances a commencé à s’occuper de cela et nous demandons aux régulateurs de donner un coup d’accélérateur afin qu’ils formulent leur position sur la question », a déclaré Gafni. « Il est possible qu’il y ait ici un grand potentiel économique. En tout cas, le train a déjà quitté la gare et nous exigeons qu’une position à adopter soit rapidement proposée. »

Le président de la commission a également admis que les crypto-monnaies pourraient saper le système bancaire et mettre fin aux frais bancaires, notant que le comité analysait souvent la lutte des « citoyens contre les banques ».

« La monnaie numérique pourrait résoudre ce problème », a-t-il ajouté, faisant allusion à un retrait progressif des banques.

Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également prédit que les banques pourraient faire partie du passé.

« Toutes les banques finiront-elles par disparaître ? La réponse est oui », a déclaré Netanyahu aux journalistes à la mi-décembre. « Est-ce que cela devrait arriver demain ? Est-ce que cela devrait arriver avec le Bitcoin ? C’est une question à se poser. »

Le Bitcoin est une monnaie virtuelle créée à partir d’un code informatique. Elle ainsi que d’autres monnaies virtuelles utilisent la blockchain, qui enregistre les transactions. Celles-ci sont mises à jour en temps réel sur un registre en ligne maintenu par un réseau d’ordinateurs.

Sa valeur a atteint les 16 500 euros en décembre dernier alors qu’elle ne valait environ que 800 euros en janvier dernier. Néanmoins, son cours a baissé après une série d’avertissements émis par des gouvernements et des analystes au sujet du risque et de la volatilité associés aux crypto-monnaies. De nombreux analystes voient la hausse spectaculaire de la valeur du Bitcoin comme une bulle financière plutôt que comme un signe qu’il pourrait être un concurrent numérique des devises existantes.

« Ce n’est certainement pas une monnaie »

Le Dr. Shlomit Wagman, chef par intérim de l’Autorité israélienne de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme, a averti lundi les membres de la Knesset d’une utilisation répandue de la crypto-monnaie par les criminels et les organisations terroristes.

« Les opportunités globales présentées par le Bitcoin sont évidentes, mais il y a des dangers significatifs liés au blanchiment d’argent similaires [aux dangers posés par] l’argent liquide », a déclaré Wagman. « Il n’y a pas d’identification géographique ; [cette technologie] contourne les institutions financières et les pays. Les groupes terroristes utilisent les plateformes liées, ce qui nécessite un examen plus approfondi. »

Toutefois, Wagman a déclaré qu’elle ne préconisait pas une interdiction de la crypto-monnaie, mais simplement l’application de la réglementation anti-blanchiment d’argent sur les monnaies numériques.

Shmuel Hauser, président de l’Autorité israélienne des valeurs mobilières, lors d’une réunion du Comité des finances à la Knesset, le 11 septembre 2017 (Miriam Alster / FLASH90)

Shmuel Hauser, directeur sortant de l’Autorité israélienne des Titres, s’est également adressé au panel et a proposé à nouveau que les sociétés de crypto-monnaie ne puissent être incluses dans les indices boursiers de Tel Aviv pendant deux ans.

« Je pense que l’un des plus grands dangers est précisément les devises numériques, qui ont également un potentiel incroyable », a déclaré Hauser.

Citant la valeur follement volatile de la crypto-monnaie et la frénésie d’achat autour de celle-ci, Hauser a déclaré que la tendance le « dérangeait ».

Il a également brièvement fait échos des opérations frauduleuses autour de la crypto-monnaie.

« Le plus important est que les investisseurs sachent qu’il y a quelqu’un qui les protège », a-t-il déclaré.

Des pièces de Bitcoin (Photo AFP / Karen Bleier)

Les régulateurs qui se sont adressés au panel ce lundi ont insisté sur le fait que la crypto-monnaie n’était pas une monnaie.

« Nous la considérons comme un actif financier, mais à l’heure actuelle, ce n’est certainement pas une devise », a déclaré Nadine Baudot-Trajtenberg, vice-gouverneure de la Banque d’Israël, qui a également souligné sa volatilité, son anonymat et le fait qu’il s’agit d’un avoir.

Ce sentiment a été repris par Moshe Asher de l’administration fiscale, qui a déclaré que « le Bitcoin est un bien » et devrait donc être soumis à imposition. Il a déclaré que l’administration fiscale allait bientôt mettre en place ses recommandations sur la taxation des crypto-monnaies.

Mais les investisseurs des crypto-monnaies ont imploré les législateurs de parvenir à une réglementation « amicale » et d’éviter de gâcher ce qu’ils ont décrit comme une opportunité « révolutionnaire ».

« Il y a une énorme révolution ici, à l’échelle de la révolution industrielle, de l’invention de l’électricité », a déclaré Yoni Assia, CEO du réseau d’investissement eToro.

Si la « révolution » en est maintenant dans ses « premières étapes », elle sera « inscrite dans les livres d’histoire que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants liront », a-t-il ajouté.

Il y a ici l’opportunité de créer de nouvelles institutions économiques, a-t-il ajouté, et ce « à une échelle qu’Israël n’a jamais connue ».

Simona Weinglass et l’AFP ont contribué à cet article.

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