La Knesset veut supprimer la pension de l’ex-ministre Segev accusé d’espionnage
Les députés veulent révoquer les paiements mensuels de milliers de shekels à l'ex-détenu et ex-député qui est actuellement accusé de trahison
Le député du Likud, Amir Ohana, a déclaré jeudi que les parlementaires sont en train d’élaborer un projet de loi visant à mettre fin au versement des pensions de retraite de l’ancien ministre Gonen Segev s’il est reconnu coupable d’espionnage pour le compte de l’Iran.
Segev reçoit actuellement une pension mensuelle de plusieurs milliers de shekels. Ohana a déclaré à la chaîne d’information Hadashot que les députés ont été scandalisés de constater qu’en l’état actuel des choses, Segev continuerait à percevoir les paiements même s’il était reconnu coupable de crimes graves contre l’État.
Segev a été accusé le mois dernier d’espionnage pour l’Iran, donnant à l’ennemi juré d’Israël des informations prétendument sensibles sur l’emplacement des centres de sécurité et de l’industrie énergétique du pays, a révélé l’agence de sécurité du Shin Bet.
Ohana a indiqué qu’il travaille actuellement à l’adoption d’une loi qui fera en sorte que l’ancien ministre de l’Énergie et de l’Infrastructure ne reçoive plus les prestations s’il est reconnu coupable.
Segev était prétendument un agent actif au moment de son arrestation et s’était rendu à deux reprises en Iran pour rencontrer ses interlocuteurs.
Ohana a souligné qu’il existe un précédent pour un député d’être privé de sa pension. En effet, en 2007, Azmi Bishara, fondateur du parti politique arabe israélien Balad, a démissionné de son poste à la Knesset et a fui le pays après avoir fait l’objet d’une enquête policière pour espionnage au profit de l’organisation terroriste du Hezbollah, basée au Liban.

Ohana a expliqué que Bishara a été déchu de sa pension, mais la loi promulguée à cette fin ne concernait que son cas. Aujourd’hui, le député du Likud tente de rédiger un projet de loi qui concernera également Segev au cas où il serait condamné.
« Nous nous souvenons tous de l’affaire [de Bishara] », a déclaré Ohana. « Dans le sillage de la situation absurde qui s’est produite, lorsque l’État d’Israël a continué à lui verser une pension alors même qu’il avait fui les enquêtes sur les soupçons d’espionnage pour le Hezbollah, une loi a été créée spécialement pour cette situation. Cependant, elle a été créée spécifiquement pour le cas [Bishara] et n’inclut donc pas les cas comme celui de Gonen Segev. Ma loi tentera d’élargir les paramètres pour qu’elle s’applique aussi à Segev. »
Segev, un politicien en disgrâce qui a fait de la prison pour trafic de drogue, a été extradé de Guinée équatoriale vers Israël.
Selon le Shin Bet, Segev est sciemment en contact avec les responsables du renseignement iranien depuis 2012, et a établi le premier contact avec eux à l’ambassade d’Iran au Nigeria.
« Segev a donné à ses opérateurs des informations sur le secteur de l’énergie [d’Israël], sur les lieux de haute sécurité en Israël, sur les bâtiments et les agents des corps diplomatiques et de sécurité, et plus encore », a déclaré le Shin Bet dans un communiqué.

« Segev s’est même rendu deux fois en Iran pour rencontrer ses interlocuteurs en sachant pertinemment qu’il s’agissait d’agents des services de renseignement iraniens », a déclaré le service de sécurité.
Le Shin Bet a déclaré que Segev a rencontré ses interlocuteurs iraniens dans des hôtels et des lieux sûrs du monde entier et qu’il a utilisé un dispositif spécial crypté pour leur envoyer des messages en secret.
Il a été accusé d’avoir pris contact avec des personnalités israéliennes dans les domaines de la sécurité, de la défense et de la diplomatie dans le but de leur soutirer des informations à envoyer à l’Iran.
Selon le Shin Bet, il a également essayé d’établir des liens directs entre ses contacts israéliens et ses interlocuteurs iraniens, en présentant les espions comme des hommes d’affaires.
A la mi-mai, Segev s’est rendu du Nigeria en Guinée équatoriale où il a été arrêté par la police locale et expulsé vers Israël, a indiqué l’agence de renseignement.
En tant que membre du gouvernement et responsable des ministères chargés de l’énergie et de l’infrastructure nationale, Segev aurait eu accès à des documents sensibles pendant qu’il était politicien. Étant donné que les éléments relatifs à l’affaire n’ont pas été entièrement divulgués, on ne sait pas exactement quels dommages il a pu causer à la sécurité d’Israël.
L’ancien homme politique vivait à l’étranger depuis sa libération de prison après avoir été reconnu coupable de trafic de drogue en 2006.