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La Maison-Blanche dévoile enfin son plan économique pour les Palestiniens

Avant la conférence des 25 et 26 juin à Bahreïn, l'équipe de Trump a annoncé vouloir lever en 10 ans 50 milliards de dollars censés transformer l'économie palestinienne

La proposition de paix économique de la Maison Blanche dévoilée sur son site web, le samedi 22 juin 2019. (Capture d'écran)
La proposition de paix économique de la Maison Blanche dévoilée sur son site web, le samedi 22 juin 2019. (Capture d'écran)

WASHINGTON – Quelques jours avant la conférence de Bahreïn parrainée par les États-Unis, la Maison-Blanche a rendu public samedi le volet économique de son plan de paix pour le Proche-Orient. La proposition vise à stimuler l’économie palestinienne en levant en une décennie une aide de 50 milliards de dollars, qui ne peut être mise en œuvre que par un accord de paix israélo-palestinien. Le plan vise aussi à doubler le PIB des Palestiniens.

Le projet de 40 pages, que le conseiller principal Jared Kushner présentera à Manama cette semaine, repose sur trois initiatives, selon le document – « libérer le potentiel économique » des Palestiniens, « permettre aux Palestiniens de réaliser leurs ambitions » et « améliorer la gouvernance palestinienne ».

Donnant pour la première fois des détails sur ce plan promis de longue date, l’administration de Donald Trump a précisé vouloir attirer d’énormes investissements internationaux au profit des Palestiniens et améliorer les infrastructures – et la gouvernance – en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Au risque de provoquer la colère des dirigeants palestiniens, l’exécutif américain a indiqué que l’argent levé serait géré par une banque de développement internationale, afin d’assurer une meilleure gouvernance et d’éviter la corruption.

Les Palestiniens ont aussitôt rejeté la proposition, estimant que Washington devait d’abord œuvrer à mettre fin au « vol par Israël » des terres palestiniennes.

« La situation économique ne doit pas être discutée avant qu’il y ait une discussion de la situation politique, et tant qu’il n’y a pas de discussion de la situation politique, nous ne parlerons d’aucune situation économique », a dit samedi le président palestinien Mahmoud Abbas dans un communiqué.

« Commencez par lever le siège de Gaza, par arrêter le vol par Israël de notre terre, de nos ressources et de notre argent, donnez-nous la liberté de mouvement et le contrôle sur nos frontières, notre espace aérien, nos eaux territoriales (…) et ensuite regardez-nous construire une économie dynamique et prospère en tant que peuple libre et souverain », avait plus tôt lancé une conseillère de M. Abbas, Hanane Achraoui.

Selon Jason Greenblatt, un conseiller de M. Trump qui a travaillé aux côtés de M. Kushner, le volet politique du plan de paix pourrait n’être dévoilé qu’en novembre.

Ni les responsables israéliens ni les Palestiniens n’assisteront à la rencontre à Bahreïn. Les Palestiniens ont refusé de participer ou de collaborer avec l’administration Trump depuis qu’elle a déplacé l’ambassade des États-Unis à Jérusalem. Les représentants officiels et les ministres israéliens n’ont pas été invités, bien qu’une délégation commerciale soit présente.

Un haut fonctionnaire de l’administration a dit au Times of Israel qu’ils voulaient que le rassemblement se concentre sur « l’aspect économique, pas politique ».

Des pays arabes comme l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite ont tous annoncé qu’ils participeraient à la conférence.

Le plan – formellement baptisé « De la paix à la prospérité » – stipule que le programme économique, s’il est mis en œuvre, doublera le produit intérieur brut palestinien, créera plus d’un million d’emplois dans les territoires, réduira le chômage palestinien à un chiffre (selon la Banque mondiale, il était de 31 % en 2018) et fera baisser de moitié le taux palestinien de pauvreté.

Des véhicules circulent pare-chocs contre pare-chocs à Ramallah, le 1er mai 2019. (Adam Rasgon/Times of Israel)

Mais si la proposition prévoit une combinaison de subventions, de prêts à faible taux d’intérêt et d’investissements privés sur une période de 10 ans, elle ne promet pas de fonds spécifiques alloués par le gouvernement américain ou par des corporations spécifiques.

La Maison-Blanche envisage que le plan soit financé principalement par les États arabes et de riches investisseurs privés. La majeure partie de cet argent irait directement en Cisjordanie et à Gaza, mais certains, selon le plan, seraient acheminés vers des pays voisins comme la Jordanie et l’Égypte.

Les 50 milliards de dollars seraient répartis en 26 milliards de dollars de prêts, 13,5 milliards de dollars de subventions et 11 milliards de dollars d’investissements privés.

La proposition comprend un certain nombre de projets spécifiques, notamment la mise à jour des postes frontière, la modernisation des centrales électriques, l’amélioration des infrastructures pour stimuler le tourisme, l’orientation professionnelle et les services de placement, ainsi que la reconstruction et la modernisation des hôpitaux et dispensaires palestiniens.

Elle appelle également à relier la Cisjordanie et Gaza, qui est actuellement dirigée par l’organisation terroriste du Hamas, à un réseau de transport moderne, notamment un service ferroviaire à grande vitesse. De telles idées ont été lancées dans le passé dans le cadre de propositions de paix antérieures, mais elles se sont heurtées à des préoccupations sécuritaires de la part d’Israël.

Les responsables de l’administration Trump ont laissé entendre dans le passé que la composante économique de l’accord serait suffisamment attrayante pour le peuple palestinien pour qu’il fasse pression sur ses dirigeants politiques afin qu’ils collaborent avec Washington.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, (à droite), rencontre le président américain Donald Trump à Bethléem, en Cisjordanie, le 23 mai 2017. (Fadi Arouri, Xinhua Pool via AP)

Après que le président américain Donald Trump a annoncé en décembre 2017 qu’il reconnaîtrait Jérusalem comme capitale d’Israël, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a estimé que l’administration n’était pas un médiateur impartial dans les négociations.

Depuis que Trump a pris ses fonctions, il a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, déplaçant l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, déclassant le consulat consacré aux questions palestiniennes, fermant le bureau diplomatique palestinien à Washington et sabrant des centaines de millions de dollars en aides à la Cisjordanie et Gaza.

La Maison-Blanche a été critiquée pour avoir mis l’accent sur les aspects économiques de son plan de paix plutôt que sur les questions politiques qui ont besoin d’être résolues. M. Kushner a cherché à apaiser ces préoccupations en affirmant que les avantages économiques ne peuvent être obtenus que par une solution politique au conflit. Néanmoins, les dirigeants palestiniens sont également extrêmement suspicieux à l’égard de Jared Kushner, un ami de la famille Netanyahu.

« Si nous parvenons également à faire décoller toute cette région, et si nous pouvons obtenir un flux plus rapide de biens et de personnes dans tous les domaines qui sont nécessaires dans l’industrie au lieu des balles, des munitions et de la guerre, alors je pense que cela conduira vraiment à une forte augmentation des investissements dans la région et à plus d’emplois et une meilleure qualité de vie et avec un peu de chance, à une paix durable » a déclaré Kushner dans une interview à l’agence Reuters ce samedi.

« Pendant trop longtemps, le peuple palestinien a été piégé dans les structures inefficaces du passé », a ajouté Kushner. Le plan de paix « est un cadre pour un avenir plus radieux, plus prospère pour le peuple palestinien et la région, et un aperçu de ce qui est possible quand la paix est là ».

La proposition dévoilée samedi en dit autant.

« Avec l’appui de la communauté internationale, cette vision est à portée de main », dit le document. « En fin de compte, cependant, le pouvoir de le débloquer est entre les mains du peuple palestinien. Ce n’est que par la paix que les Palestiniens pourront atteindre la prospérité. »

Considéré comme proche de M. Netanyahu, le ministre israélien de l’Energie Youval Steinitz a, lui, salué le plan présenté samedi. « Il a l’air bien (…). Tout le monde veut aider les Palestiniens, sauf les Palestiniens eux-mêmes », a-t-il dit à la Treizième chaîne de la télévision israélienne.

Des responsables américains ont laissé entendre que le plan de paix final pourrait ne pas mentionner la création d’un Etat palestinien indépendant, rompant avec la ligne suivie par la diplomatie américaine ces dernières décennies.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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