Bahreïn : Washington confirme la non-invitation des responsables israéliens
Après des semaines d'incertitude, un responsable américain a déclaré que les Etats-Unis veulent "se concentrer sur l'aspect économique, pas politique"
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON — La Maison Blanche a confirmé lundi que les responsables et ministres israéliens ne participeront pas à un sommet économique organisé par les Etats-Unis au Bahreïn, qui sera la première phase de la révélation du plan mis au point par l’administration Trump pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien.
Cette annonce a mis un terme à des semaines d’incertitude sur l’éventuelle présence d’une délégation de Jérusalem lors de la conférence. Elle survient au lendemain d’une intervention du ministre des Affaires étrangères, Yisrael Katz, qui avait expliqué les raisons justifiant, selon lui, la présence d’Israël à la table.
Un responsable américain qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat a dit que les politiciens israéliens ne participeraient pas à l’atelier de travail.
« C’est un atelier où nous présenterons notre vision économique pour les Palestiniens », a confié le responsable au Times of Israel. « Nous voulons nous concentrer sur l’aspect économique, pas politique ».
La rencontre – qui porte le nom officiel d’atelier de la « Paix vers la prospérité » – aura lieu les 25 et 26 juin à Manama. Elle se focalisera sur l’augmentation des investissements économiques en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
La Maison Blanche avait annoncé lorsqu’elle avait fait part, le mois dernier, de l’organisation du sommet que ce dernier « faciliterait les discussions sur une vision ambitieuse, réalisable et sur le cadre nécessaire pour créer un avenir prospère pour les Palestiniens et pour la région ».
La semaine dernière, les Etats-Unis ont annoncé que la Jordanie, l’Egypte et le Maroc y participeraient, ce qui est considéré comme une victoire majeure pour l’administration qui a tenté de rallier le soutien régional en faveur de la conférence.
Les Etats-Unis n’ont pas fait savoir quels sont les noms des hommes d’affaires israéliens qui ont été invités. La majorité des hommes d’affaires palestiniens conviés ont décliné l’invitation, conformément au rejet ferme de la conférence exprimé par l’Autorité palestinienne.
Son président, Mahmoud Abbas, a affirmé que les autorités de Ramallah ne se rendraient pas au sommet et qu’elles n’accepteraient pas non plus ses résultats. Lui et d’autres critiques ont déploré que les questions économiques prévalent sur la solution politique au conflit.
« Qui veut résoudre la question palestinienne doit d’abord aborder le problème politique, puis le problème politique et enfin le problème politique. On pourra alors parler des illusions de ces milliards qui, dit-on, nous seront présentés », a déclaré Mahmoud Abbas à la fin du mois de mai.
Il a gelé les relations diplomatiques avec les États-Unis depuis que le président Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017, estimant que l’administration avait perdu sa légitimité d’intermédiaire équitable dans les négociations.
Le conseiller spécial à la Maison Blanche Jared Kushner a, dans le passé, suggéré que le cadre économique de la proposition de paix serait débattu par les parties prenantes du conflit, avec également la résolution des questions politiques telles que celle de l’État palestinien.
Il a également annoncé que son équipe s’était retenue d’utiliser le terme de « solution à deux États ». La raison, a-t-il expliqué, est que cette formule a des significations différentes selon les gens.
Les Emirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite ont annoncé au mois de mai qu’ils prendraient part à la conférence de Manama.
Tandis que l’Etat juif avait fait savoir qu’elle attendait une invitation pour envoyer le ministre des Finances Moshe Kahlon au Bahreïn, les Etats-Unis n’avaient pas formellement fait savoir si Israël serait convié.
Selon Axios, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été informé de la décision prise par l’administration de laisser à l’écart les Israéliens et a dit la respecter.