La Maison Blanche et le texte sur la Shoah qui mentionnait les Juifs
Le site d’information Politico indique que le communiqué écrit par le département d’état a été ignoré par l’administration en faveur d’une condamnation globale qui omettait le génocide juif

L’administration Trump aurait choisi d’ignorer un communiqué écrit par le département d’état lors de la Journée internationale de l’Holocauste et qui mentionnait explicitement les victimes juives de Hitler.
Selon le site d’information américain Politico, le bureau du département d’Etat de l’envoyé spécial sur les questions de l’Holocauste avait pensé que son communiqué serait diffusé par la Maison Blanche.
Mais, affirme le site, l’administration aurait choisi d’émettre une déclaration qui ne mentionnait pas spécifiquement le génocide juif, une initiative qui a suscité un vaste mouvement d’indignation dans les groupes juifs de toutes obédiences politiques.
Dans sa déclaration, Trump promettait de combattre les forces du mal et demandait à ses auditeurs de « faire prévaloir l’amour et la tolérance dans le monde », mais sans citer aucunement ni les Juifs ni l’antisémitisme.
Cette omission avait été condamnée par de nombreuses organisations juives, dont l’ADL (Anti-Defamation League), la RJC (Republican Jewish Coalitionet la ZOA (Zionist Organization of America).
Le sénateur démocrate de Virginie, Tim Kaine, avait pour sa part qualifié cet oubli de déni de l’Holocauste.

Le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer avait défendu la déclaration, affirmant qu’elle avait été « rédigée avec l’aide d’un individu Juif et descendant de survivants de l’Holocauste ».
Il avait également qualifié les protestations suscitées par l’omission du génocide juif de « pathétiques » et de « pinailleuses ».
Il a été établi plus tard que le communiqué avait été écrit par un assistant juif du président, Boris Epshteyn.
Un porte-parole de la Maison Blanche a toutefois indiqué à Politico que le texte du département d’état n’avait pas été délibérément rejeté, mais qu’il n’avait pas été vu par l’administration avant qu’elle-même ne fasse paraître sa propre déclaration.
Le responsable a également expliqué que, indépendamment des affirmations du département d’état, la Maison Blanche ne lui avait pas demandé de rédiger un communiqué.
En fait, a ajouté le responsable, l’administration avait même demandé au département d’état de ne pas diffuser sa propre version.
Deborah Lipstadt, professeur en études de l’Holocauste, écrivant sur le site The Atlantic, a déclaré que si la première omission pouvait avoir été une erreur, l’insistance mise à grouper les Juifs aux côtés des autres victimes de l’Holocauste était « ce que je qualifie de déni ‘mou’ de l’Holocauste… Cela ne nie pas les faits, mais cela les minimise ».
« Cela pourrait être une erreur commise par une nouvelle administration qui répugne à reconnaître qu’elle a eu tort », a-t-elle écrit.
« Mais cela peut aussi être une tentative consciente de la part de personnalités qui entretiennent des sympathies avec l’antisémitisme de réécrire l’Histoire. Dans les deux cas, c’est profondément perturbant ».