Israël en guerre - Jour 429

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La Maison Blanche exhorte les démocrates à rejeter l’appel de progressistes au blocage des envois d’armes vers Israël

Le texte est presque voué à l'échec, le soutien à Israël étant bipartisan ; la décision de l'administration montre néanmoins que le parti souhaite réaffirmer son positionnement pro-israélienne après les élections

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le sénateur américain Bernie Sanders, représentant indépendant du Vermont, avec ses collègues sénateurs Chris Van Hollen (représentant Démocrate du Maryland), Jeff Merkley (représentant Démocrate de l'Oregon) et Peter Welch (représentant Démocrate du Vermont), lors d'une conférence de presse sur la restriction des ventes d'armes à Israël au Capitole, à Washington, DC, le 19 novembre 2024. (Crédit : Kevin Dietsch/Getty Images/AFP)
Le sénateur américain Bernie Sanders, représentant indépendant du Vermont, avec ses collègues sénateurs Chris Van Hollen (représentant Démocrate du Maryland), Jeff Merkley (représentant Démocrate de l'Oregon) et Peter Welch (représentant Démocrate du Vermont), lors d'une conférence de presse sur la restriction des ventes d'armes à Israël au Capitole, à Washington, DC, le 19 novembre 2024. (Crédit : Kevin Dietsch/Getty Images/AFP)

WASHINGTON – L’administration Biden exerce actuellement des pressions sur des sénateurs démocrates, les sommant de voter contre une législation qui a été proposée par plusieurs des membres les plus progressistes du parti – le texte bloquerait plus de 20 milliards de dollars de livraisons d’armes à Israël, ont déclaré deux responsables américains au Times of Israel, mardi.

La série de résolutions communes « de désapprobation », des résolutions qui ont été coparrainées par les sénateurs Bernie Sanders, Peter Welch, Jeff Merkley et Brian Schatz, devrait être soumise au vote mercredi. Elle vise à bloquer six transferts d’armes à Israël, des livraisons qui consistent notamment en missiles guidés, en obus de chars, en mortiers, en véhicules tactiques et en avions de chasse F-15.

Même si ce vote devrait échouer compte-tenu du fort soutien apporté à Israël des deux côtés de la sphère politique – et en particulier au sein du parti républicain – il devrait marquer un tournant dans un parti démocrate plus divisé que jamais, qui s’efforce encore de tirer les leçons des élections présidentielles qui viennent d’avoir lieu, avec un scrutin qui a permis aux républicains de remporter la Maison Blanche et le Sénat tout en conservant leur majorité à la Chambre des représentants.

La décision prise par l’administration Biden de s’engager sur cette question est révélatrice de son désir de voir le Parti démocrate maintenir un positionnement plus pro-israélien après les élections.

Si les modérés ont affirmé que le parti a trop cherché à satisfaire son aile progressiste, notamment en adoptant des positionnements hostiles à Israël, des députés tels que la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, une législatrice issue de la Squad, ont accusé le parti de vouloir satisfaire des groupes d’intérêts particuliers, tels que le lobby pro-israélien AIPAC, perdant ainsi ses soutiens. Une affirmation qui a été dénoncée par des organisations juives traditionnelles.

En conséquence, le camp progressiste espère obtenir un résultat fort lors du vote de mercredi, avec pour objectif de démontrer que le parti devrait adopter une ligne plus dure à l’égard d’Israël que cela n’a été le cas sous Biden.

Le président Joe Biden et le président israélien Isaac Herzog dans le salon Roosevelt de la Maison Blanche à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : Chris Kleponis)

Dans l’intervalle, l’administration Biden s’est efforcée, en privé, de s’opposer à la législation du Sénat. Ainsi, des officiels de la Maison Blanche, du Département d’État et du Pentagone ont contacté divers députés sur la question de leur vote, a déclaré un responsable américain au Times of Israel.

Ces démocrates ont exprimé leurs inquiétudes face au nombre croissant de victimes civiles à Gaza, préoccupés à l’idée que les armes fournies par les Etats-Unis soient utilisées pour tuer des femmes et des enfants, a noté le responsable. Certains ont également estimé qu’Israël n’avait pas fait suffisamment pour permettre l’acheminement des aides humanitaires à Gaza et que l’État juif n’avait pas respecté la plupart des mesures énoncées par l’administration Biden dans une lettre adressée à Jérusalem le mois dernier, une missive qui mettait en garde contre un embargo partiel sur les armes si la crise humanitaire à Gaza n’était pas résolue dans les 30 jours.

À l’expiration du délai, la semaine dernière, les États-Unis ont déclaré qu’Israël avait fait suffisamment de progrès sur un grand nombre de directives présentées dans la lettre pour rester en conformité avec la législation américaine, autorisant ainsi la poursuite des livraisons d’armes.

Une décision qui a exaspéré les progressistes – mais qui a également été prise quelques jours après l’élection de Donald Trump, qui serait presque certainement revenu sur toute décision de suspension des livraisons d’armes à Israël à son retour au pouvoir.

En s’opposant aux résolutions du sénat, les collaborateurs de Joe Biden ont déclaré que les armes concernées étaient déterminantes pour la défense d’Israël et qu’elles ne seraient pas livrées avant un an ou deux – « La probabilité qu’elles soient utilisées dans le contexte actuel de Gaza est très faible », a souligné un responsable américain.

« Alors que le Hezbollah est sur le point d’accepter un cessez-le-feu, ce n’est pas le moment de transmettre aux adversaires d’Israël le message que les relations entre les États-Unis et Israël sont rompues », a-t-il continué. « Cela ne ferait qu’encourager les adversaires d’Israël à afficher plus d’obstination et cela enverrait un message terrible à l’Iran, qui envisage des représailles contre Israël ».

L’officiel a ensuite rejeté les arguments avancés par certains sénateurs démocrates qui ont exprimé leur volonté de soutenir la législation, tout en affirmant qu’ils sont toujours favorables à l’envoi d’armes défensives à Israël.

Des enfants palestiniens passent devant des tentes dans un camp de fortune pour les personnes déplacées à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 octobre 2024. (Crédit : Eyad BABA / AFP)

« C’est un concept erroné », a expliqué le responsable américain. « On ne peut pas faire libérer les otages ou atteindre un lance-roquette avec un missile intercepteur du Dôme de fer ».

Concernant les frustrations des démocrates face au bilan d’Israël en matière d’acheminement des aides humanitaires à la population civile, l’officiel américain a indiqué que cette question était distincte de celles qui sont soulevées dans le cadre des résolutions. « Si nous voulons qu’Israël soit en mesure de faire des choix en matière d’aide humanitaire, les Israéliens doivent savoir que les États-Unis les soutiennent », a-t-il estimé.

Il a ajouté qu’il existait des moyens plus efficaces que ces résolutions pour transmettre à Israël des messages s’agissant des victimes civiles.

Pour sa part, Sanders a déclaré aux journalistes, dans la journée de mardi, que « ce qui se passe à Gaza aujourd’hui est indescriptible », soulignant la mort de dizaines de milliers de civils, ainsi que les ravages causés aux bâtiments et aux infrastructures, complètement détruits.

« Ce qui rend la situation encore plus douloureuse, c’est qu’une grande partie de ce qui se passe là-bas a été fait avec des armes américaines et avec le soutien des contribuables américains », a-t-il continué.

« Il est temps de dire au gouvernement Netanyahu qu’il ne peut pas utiliser l’argent des contribuables américains et les armes américaines en violation du droit américain, du droit international et de nos valeurs morales », a affirmé le sénateur progressiste du Vermont, qui a déclaré que le Premier ministre israélien sapait le programme de politique étrangère de l’administration Biden dans tous les domaines.

Sanders a également fait remarquer que d’autres alliés occidentaux avaient pris des mesures similaires pour réduire les livraisons d’armes à Israël, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Canada, la Belgique et les Pays-Bas.

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