La maison des Israéliens blessés au Habad avait été détruite par des roquettes
"Ça peut arriver partout", a dit le père de Noya Dahan, 8 ans. Selon son oncle, blessé lui aussi, la vie à Sdérot les avait préparés à répondre à l'attaque contre la synagogue
Un parent de deux Israéliens qui ont été blessés lors d’une fusillade survenue samedi dans une synagogue Habad à Poway, en Californie, a fait savoir que la famille s’était installée à San Diego dans un contexte d’attaques à la roquette incessantes tirées depuis la bande de Gaza, dont certaines avaient endommagé leur maison et causé des blessures – avant d’être prise pour cible, aujourd’hui, par l’antisémitisme aux Etats-Unis.
Selon les autorités locales, John Earnest, 19 ans, a ouvert le feu avec un fusil d’assaut sur les fidèles qui étaient réunis lors du service du matin au dernier jour de Pessah, samedi, tuant Lori Gilbert-Kaye, 60 ans, et blessant le rabbin Yisroel Goldstein ainsi qu’une fillette israélienne, Noya Dahan, 8 ans, touchée par un éclat de balle au visage et à la jambe et son oncle, Almog Peretz, 31 ans, touché à la jambe. Tous les trois se trouvent dorénavant dans un état stable.
« Nous sommes passés d’un feu à l’autre », a commenté Israel Dahan, le père de Noya, en référence à l’installation de sa famille en Californie, quittant la ville israélienne de Sdérot, située à la frontière avec Gaza.
Dahan a déclaré à la radio israélienne que l’habitation familiale, à Sdérot, avait été frappée à plusieurs occasions par des tirs de roquette et que lui-même avait été blessé.
Après l’installation de la famille aux Etats-Unis il y a plusieurs années, a-t-il ajouté, leur nouvelle maison avait été prise pour cible cette fois par des antisémites, qui avaient peint des croix gammées sur les murs.
« Ça peut arriver partout. Nous sommes forts », s’est-il exclamé.
Peretz a expliqué avoir réussi à rapidement mettre à l’abri les enfants au cours de la fusillade grâce aux instincts développés au cours des années face à la nécessité de fuir les milliers de roquettes tirées par les groupes terroristes du Hamas.
« C’est triste, mais je suis originaire de Sdérot et on sait donc ce que c’est de devoir échapper aux roquettes du Kassam », a-t-il commenté devant les caméras de la Douzième chaîne depuis son lit d’hôpital.
« Un individu tenant un énorme fusil qui ressemblait à un M-16 est rentré dans la synagogue et il a commencé à tirer partout », s’est souvenu Peretz. « De prime abord, nous avons pensé que le plafond s’était écroulé mais je me suis retourné et j’ai vu qu’il pointait son arme contre moi ».
« Il y avait de nombreux petits enfants à côté de moi », a-t-il poursuivi. « J’ai pris une petite fille, notre voisine, et trois de mes nièces et nous avons couru. J’ai ouvert la porte, à l’arrière, et nous avons couru avec les enfants vers un bâtiment, tout au fond. Je les ai cachées là-bas ».
« Alors que j’attrapais la petite fille, le terroriste a tourné son arme vers moi. J’ai été blessé à la jambe ».
Peretz a expliqué qu’il est ensuite retourné à la synagogue, inquiet de l’une de ses autres nièces.
« Je suis revenu parce que l’une de mes nièces était allée aux toilettes. Il fallait que je revienne et que je la ramène avec moi », a-t-il dit. « Heureusement, elle était restée à l’intérieur et le terroriste était déjà parti ».
Un autre membre de la congrégation, Shimon Abitbol, a raconté avoir emmené l’un de ses petits-fils à l’extérieur de la synagogue pendant le service, et qu’il était en train de revenir quand il a entendu les tirs.
« Sans même y réfléchir, je me suis couché sur mon petit-fils et je l’ai protégé », a-t-il dit. « Après avoir compté sept ou huit tirs, il y a eu une accalmie – je présume que l’arme s’est bloquée – j’ai pris mon petit-fils et nous sommes rapidement sortis par une porte latérale. Nous y avons ensuite réuni tous les enfants ».
Abitbol a expliqué qu’il était alors retourné dans la salle de prière et qu’il avait vu le rabbin Yisroel Goldstein, « une personnalité réellement étonnante, des blessures par balles aux mains. Il a recouvert ses blessures avec un tallit [châle de prière] — une vision vraiment surréaliste ».
Abitbol, qui appartient aux services de secours du Magen David Adom, a alors tenté de s’occuper de Lori Gilbert-Kaye, qui est morte dans l’attaque.
« Il était impossible de trouver son pouls », a-t-il poursuivi. « Son mari qui est médecin est arrivé vers moi et il m’a dit : ‘Ecoutez, c’est mon épouse’. Il s’est alors évanoui. Ce moment a été très, très difficile ».
Selon la Douzième chaîne, un jeune israélien qui n’a été identifié que par son prénom, Gil, est parvenu à échapper à la mort en se cachant sous une table.
« J’ai vu le terroriste qui courait rapidement vers la synagogue avec un fusil à la main », a-t-il raconté. « J’ai alors immédiatement couru vers une pièce qui était ouverte. Le terroriste a ouvert le feu sur une femme qui se trouvait devant, la touchant à l’estomac – c’était le premier tir. Il a encore tiré deux fois et elle, je l’ai entendue crier ».
« Puis il m’a vu et il a commencé à crier : ‘Tu ferais mieux de te casser, fils de…’. Il a couru vers moi, je me suis précipité dans la pièce et je me suis caché sous la table. Il ne m’a pas vu et il est parti en courant dans une autre direction ».
L’AFP a contribué à cet article.