La majorité des politiciens saluent l’accord sur la libération des otages
Smotrich a expliqué pourquoi son parti a finalement voté en faveur de l'accord approuvé par le cabinet, auquel Herzog et Lapid ont apporté leur soutien
Après l’approbation d’un accord par le cabinet qui prévoit la libération d’une cinquantaine d’otages détenus à Gaza en échange de la remise en liberté d’environ 250 Palestiniens condamnés pour des activités terroristes et incarcérés en Israël, cette nuit, l’accord a été salué avec prudence par la majorité des politiciens israéliens – un grand nombre soulignant qu’il était important que l’accord entraîne, à terme, la remise en liberté des près de 200 captifs qui resteront entre les mains des terroristes dans la bande.
Le président Isaac Herzog a publié une déclaration exprimant son soutien à l’accord sur les otages, tout en soulignant « les appréhensions compréhensibles, douloureuses et difficiles ».
« C’est un devoir moral et éthique qui s’aligne avec la valeur juive et israélienne du rachat des captifs, et j’espère que ce sera une première étape significative qui permettra à terme de ramener tous les otages auprès de leurs familles », a déclaré Herzog.
« L’État d’Israël, Tsahal et les forces de sécurité continueront d’agir par tous les moyens pour atteindre cet objectif, tout en rétablissant la sécurité totale des citoyens israéliens », a-t-il ajouté.
Sous les termes de l’accord qui a été approuvé par le cabinet, Israël a accepté de libérer 150 prisonniers palestiniens actuellement incarcérés sur son sol en échange de la remise en liberté initiale de 50 otages israéliens actuellement retenus en captivité à Gaza, en plus d’une pause de quatre jours dans les combats qui font rage au sein de l’enclave côtière.
Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers palestiniens qui pourraient être potentiellement libérés, donnant le droit aux citoyens de faire appel contre la libération de certains d’entre eux devant la Haute-cour, dans les 24 heures à venir. La grande majorité de ces détenus sont âgés de 16 à 18 ans et ils sont originaires de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Le communiqué émis par le gouvernement sur le vote n’a pas précisé ses détails. Toutefois, l’accord aurait été approuvé par 35 voix « Pour » contre 3 « Contre ». Seuls les ministres du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit se seraient prononcés en sa défaveur.
Hatzionout HaDatit, l’autre formation d’extrême-droite, a fait savoir, mercredi matin, que ses trois ministres ont finalement surmonté leur opposition initiale à l’accord sur les otages et qu’ils ont voté en sa faveur après avoir été convaincus que les efforts visant à déraciner le Hamas se poursuivraient après le cessez-le-feu de quatre jours, qui pourra être prolongé de 24 heures contre chaque libération supplémentaire de dix otages.
« Ce n’est pas un secret qu’avant la discussion au sein du cabinet, nous pensions le contraire », a dit le chef du parti, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, dans une déclaration, notant qu’au cours du débat, les membres de sa faction ont été convaincus que « le rapatriement des otages fera avancer les objectifs de la guerre et que le gouvernement, le cabinet et l’ensemble de l’establishment de la défense s’engagent sans réserve à poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas »
Smotrich a mentionné des « mécanismes clairs », dont la nature n’est pas précisée dans l’accord, qui empêcheront « les manœuvres futures et notre reddition devant les manipulations de [Yahya] Sinwar », le chef du Hamas.
Le leader d’extrême-droite a remercié l’armée israélienne d’avoir exercé ce qu’il a considéré comme le niveau de pression nécessaire pour parvenir à un accord sur les otages.
« Nous n’avons pas l’intention d’arrêter, au contraire – l’échelon politique vous soutient, croit en vous et il est convaincu que vous allez terminer le travail, que vous allez détruire les nazis du Hamas à Gaza et que vous rendrez aux citoyens d’Israël à la fois la sécurité et leur dignité nationale », a-t-il continué.
La ministre des Missions nationales Orit Strock, élue sous l’étiquette de Hatzionout HaDatit, a écrit sur X qu’elle avait voté en faveur de l’accord même si elle n’en avait pas l’intention au début de la rencontre du cabinet.
« Cet accord portant sur la libération des otages est l’un des résultats obtenus dans cette guerre – c’est ma conclusion au vu de mon réexamen détaillé des choses, au de questions qui ont reçu des réponses en profondeur et de l’étude de la liste des terroristes qui seront libérés », a-t-elle noté. « Les soldats, qui ont permis d’obtenir ce résultat par leurs combats sur le terrain, continueront la bataille qui a été engagée immédiatement après et avec toute leur puissance ».
De son côté, dans la matinée de mercredi, le chef du parti Otzma Yehudit Itamar Ben Gvir, a qualifié l’accord qui a été approuvé de « précédent dangereux » qui, selon lui, répète les erreurs commises dans le passé – probablement une référence à l’accord Gilad Shalit de 2011, dans le cadre duquel plus de 1 000 terroristes avaient été libérés en échange de la remise en liberté d’un soldat de Tsahal. Il a ajouté que l’accord faisait le jeu du chef du Hamas, Yahya Sinwar.
Le politicien d’extrême-droite a affirmé que si l’accord contient certains avantages, « nous avons le devoir moral de ramener tout le monde, et nous n’avons ni le droit ni la permission d’accepter l’idée de les séparer et de n’en ramener que quelques-uns ».
Il a reproché à l’accord de ne pas garantir la libération de toutes les femmes et de tous les enfants détenus à Gaza, le qualifiant « d’immoral, illogique et très loin d’être suffisant » et affirmant qu’il « aurait pu et qu’il aurait dû être différent. »
« Le Hamas voulait cette trêve plus que tout », a-t-il poursuivi. « Il voulait également se débarrasser des femmes et des enfants lors de la première phase, car ils étaient à l’origine de la pression internationale. Il voulait obtenir en échange du carburant, la libération de terroristes, l’arrêt des activités de Tsahal et même une interdiction des vols [de surveillance]. Les terroristes ont obtenu tout ça ».
Il a insisté sur l’intensification des actions militaires israéliennes contre le Hamas, dans le but de faire pression sur le groupe terroriste pour l’amener à accepter un accord global sur les otages. Il a déclaré que les ministres de son parti avaient voté contre l’accord « non sans y avoir réfléchi », affirmant que toutes les options étaient « mauvaises » à l’heure actuelle.
Pour sa part, le leader de l’opposition, Yair Lapid, a déclaré que son parti Yesh Atid « soutenait » l’accord approuvé par le cabinet – dont il avait été informé en détail, mardi soir, par le secrétaire militaire du gouvernement.
Reconnaissant que près de 200 otages resteront à Gaza selon les termes de l’accord, Lapid a écrit sur X que « l’État d’Israël a l’obligation suprême de continuer à travailler pour ramener tous les otages chez eux, jusqu’au dernier ».
Le député Meir Cohen de Yesh Atid a écrit sur X qu’il était important « de renforcer le gouvernement et de se réjouir de l’accord qui a été approuvé cette nuit sur la remise en liberté des otages. Nous prions tous de bientôt voir tous les otages revenir chez eux ».
Merav Ben-Ari, législatrice du même parti, a fustigé les ministres d’Otzma Yehudit – « des faibles, des lâches, un groupe majoritairement constitué d’opportunistes pathétiques » pour leur opposition à l’accord, les appelant à démissionner après avoir voté contre « l’une des décisions les plus dramatiques, les plus compliquées, prises par ce gouvernement. »
Si tous les ministres du parti du Likud au pouvoir ont voté en faveur de l’accord, Tally Gotliv, députée provocatrice de la formation du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a pour sa part dénoncé « une honte nationale ».
« Pas un seul ministre de ce gouvernement n’a demandé la preuve que tous les otages sont encore en vie avant de voter ‘pour’ comme des marionnettes », a-t-elle écrit. « Cet accord, qui ne permettra pas à tous les otages de rentrer chez eux, est une humiliation », a-t-elle estimé, laissant entendre qu’il ne ferait que renforcer le Hamas.
Pendant toute la réunion du cabinet – qui a commencé dans la soirée de mardi et qui a continué jusqu’à mercredi, au petit matin – toutes les agences de sécurité, l’armée, le Shin Bet et le Mossad, ont exprimé leur soutien à l’accord. Les médias israéliens disent que c’est cet appui apporté par l’establishment qui a finalement convaincu plusieurs ministres qui étaient hésitants jusque-là à se prononcer en faveur de l’accord – cela a été notamment le cas du ministre Gideon Saar, du parti HaMahane HaMamlahti.
Un responsable du gouvernement qui s’est exprimé, mardi après-midi, devant les journalistes a expliqué que Netanyahu avait insisté pour que certains éléments soient intégrés dans l’accord, et notamment la potentielle remise en liberté d’un plus grand nombre d’otages après la pause initiale de quatre jours dans les combats, l’engagement pris par le Hamas d’identifier et de localiser les otages détenus par les autres factions terroristes de la bande ainsi que le refus opposé par Israël de libérer les Palestiniens reconnus coupables de meurtre.
L’État juif pense que le Hamas pourrait parvenir à localiser 30 femmes et enfants de plus – au-delà des cinquante otages initiaux – et que la trêve pourrait être prolongée de 24 heures pour chaque groupe de dix otages localisés et remis en liberté, a noté l’officiel gouvernemental. Le Hamas a affirmé, pour sa part, qu’il était dans l’incapacité de retrouver environ dix enfants qui ont été kidnappés en Israël pendant l’assaut du 7 octobre.
L’accord permettra la libération de 30 enfants et de 20 femmes qui se trouvent actuellement entre les mains du Hamas à Gaza. Huit femmes sont les mères de certains de ces enfants, selon les médias israéliens.
Le Hamas a annoncé que 210 des 240 personnes enlevées, le mois dernier, étaient placées sous sa garde. Le Jihad islamique palestinien aurait, de son côté, la majorité des autres otages. Le Hamas a indiqué, durant les négociations portant sur l’accord, qu’il ne remettrait pas en liberté de soldats.
Selon l’accord, la Croix-Rouge pourra accéder aux captifs qui resteront à Gaza, leur fournissant notamment des médicaments, selon le bureau de Netanyahu, mardi.
Netanyahu a déclaré, avant le vote du cabinet, que la guerre contre le Hamas continuerait jusqu’à ce que tous les objectifs d’Israël soient atteints – en particulier le renversement du groupe terroriste à la tête de Gaza, la libération de tous les otages et l’assurance que l’enclave ne représentera plus une menace pour la sécurité de l’État juif.
« Nous sommes en guerre et la guerre continuera jusqu’à ce que nous ayons atteint nos objectifs », a-t-il affirmé, ajoutant que le retour des otages était « une priorité sacrée à laquelle je suis pleinement attaché ».
« C’est une décision difficile que nous devons prendre mais c’est la bonne décision », a-t-il poursuivi. « Nous ne connaîtrons aucun répit avant que tous les otages aient été libérés. La guerre a différentes phases et le retour des otages, lui aussi, aura différentes phases ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.