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La brutalité policière à Tel Aviv entraîne des appels à “l’introspection”

“Je leur ai demandé d’arrêter” a dit aux policiers Maysam Abu Alqian, un arabe israélien d’Hura ; une enquête a été lancée pour violence présumée

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Vidéo d'une agression présumée de la police contre un homme arabe israélien à Tel Aviv, le 22 mai 2016. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)
Vidéo d'une agression présumée de la police contre un homme arabe israélien à Tel Aviv, le 22 mai 2016. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)

Des témoignages et des vidéos de policiers en civil en train de battre dimanche un employé arabe d’un supermarché dans le centre de Tel Aviv ont entraîné un torrent de critique de la police et des appels à une enquête.

La police israélienne a déclaré que Maysam Abu Alqian, 19 ans, de la ville bédouine du Néguev d’Hura, a résisté à l’arrestation et a attaqué des officiers quand ils lui ont demandé ses papiers d’identité. Un autre employé venu aider Alqian a également été accusé d’avoir attaqué les policiers.

L’incident brutal présumé de la police a eu lieu au supermarché Yuda de la rue Ibn Gvirol de la ville.

Pendant son premier entretien depuis l’incident, Alqian a contredit la version des évènements de la police.

« Je rentrais d’une livraison – j’aide avec les livraisons pour le supermarché – et un homme m’a demandé mes papiers », a déclaré Alqian à la radio militaire lundi matin.

« J’ai dit que je ne donnerais pas mes papiers à moins qu’il ne me montre sa carte de police. Il a dit ‘je suis un policier et j’ai une carte d’identité’. Il ne m’a pas dit pourquoi il m’avait arrêté, pourquoi il voulait voir [mes papiers]. J’ai dit, ‘vous devez faire venir quelqu’un en uniforme’. »

Le policier – la police a ensuite déclaré qu’il s’agissait d’un garde-frontière qui n’était pas en service – « a fait venir quelqu’un d’autre de son équipe. Cela n’a pas duré longtemps avant qu’ils ne commencent à me frapper », a dit Alqian.

Plus de policiers sont arrivés sur les lieux de l’incident. « Ils étaient beaucoup, je n’ai pas compté. Personne n’a montré de carte [de police]. Ils ont juste commencé à me frapper. Je leur ai demandé d’arrêter, essayé de me défendre, ils ont bloqué leurs coups pour qu’ils n’arrivent pas sur mon visage. »

Dans le cadre de la loi israélienne, les policiers en civil doivent présenter leur nom complet et leur rang, et présenter une carte d’identité physique, quand ils mènent des activités policières.

Des passants ont essayé en vain d’intervenir, s’est rappelé Alqian : « Il y avait des gens qui travaillent avec moi au supermarché qui ont essayé d’arrêter ça, mais ils n’ont pas pu. C’est la police, et personne ne peut intervenir entre la police et un civil. Beaucoup de personnes ont regardé depuis le supermarché. C’est l’une des plus grosses rues de Tel Aviv. »

Il a finalement été emmené dans une voiture de police mais a du être transporté à un moment à l’hôpital Ichilov de Tel Aviv pour soigner ses blessures au visage, au cou et dans le dos. Il a été placé en résidence surveillée plus tard dans la soirée par la cour du district de Tel Aviv.

Les photos et la vidéo de l’incident prises par des passants sont devenues virales dimanche.

Des témoins ont publié des critiques furieuses des policiers.

« A l’instant, devant la mairie, un employé de supermarché arabe est sorti pour jeter les poubelles. Un homme en short s’est approché et a dit : ‘montrez-moi vos papiers’ », a écrit Erez Krispin, un témoin, sur sa page Facebook.

« Mes papiers sont à l’intérieur. Qui êtes-vous ? », aurait répondu l’employé selon Krispin.

« A peine avait-il fini de parler qu’il a reçu des coups violents de l’homme et d’un ami qui était avec lui, a-t-il ajouté. Je n’ai jamais rien vu de pareil. Ses dents ont volé en l’air. L’arabe [israélien] était anéanti. »

« Quand une femme âgée a demandé ce qu’ils faisaient, ils lui ont crié dessus, ‘Dégage avant qu’on te finisse toi aussi’ », a écrit Krispin.

A ce moment, a-t-il continué, un policier en uniforme est arrivé et a continué à battre l’homme.

« Je ne sais pas vraiment si l’arabe est vivant, ils ont jeté ce qui restait de lui dans une voiture de patrouille, pas dans une ambulance, et ont démarré. »

Le gérant du magasin, Kobi Cohen, a dit avoir tenté d’intervenir auprès des policiers. Il a déclaré lundi matin avoir rendu visite à Alqian à l’hôpital et « vu à quel point ils l’ont battu. »

« Cela n’aurait pas du arriver, a-t-il dit à la radio militaire. Ce qui devrait se passer maintenant, c’est un nouveau processus où les membres de la police et des services de sécurité passent un processus qui apprend aux policiers comment se comporter avec les gens, comment leur parler, comment gérer les problèmes, et pas continuer à envoyer des brutes en civils à Tel Aviv. Tous les commandants doivent faire une introspection pour avoir envoyé ces gosses à Tel Aviv à la recherche de Palestiniens illégaux. »

« Je n’ai pas besoin de rappeler aux Israéliens la vague de violence policière contre les Ethiopiens l’année dernière, a continué Cohen. Il y a un problème de personnel de sécurité en Israël, qui prennent des libertés et agissent de cette manière. Quelqu’un doit faire une introspection. »

Dimanche, peu après l’incident, Cohen avait déclaré au site d’informations Ynet que les policiers « lui parlaient et il était là, il n’essayait pas de fuir. Ils lui ont demandé ses papiers et ne se sont pas présentés. Il a demandé leur identité. Ils ont appelé du renfort et quand ces policiers sont arrivés, la raclée a commencé », a déclaré Cohen.

D’autres employés qui essayaient de stopper les coups ont aussi été frappés, a ajouté Cohen.

« Ils l’ont frappé sans merci jusqu’à ce qu’il ne puisse plus bouger. Tout le monde était choqué par ce qui est arrivé. Et il n’y a qu’une seule raison pour ça : le type était arabe », a accusé Cohen.

Une porte-parole de la police israélienne a déclaré au Times of Israël que l’homme avait résisté à l’arrestation et attaqué les policiers, et que l’enquête était en cours.

« Il n’y a rien d’autre à ajouter », a-t-elle dit, sans expliquer de quoi l’homme était suspecté. « Une enquête est toujours en cours sur les circonstances. Le refus d’être arrêté et de se soumettre à une recherche est illégal. »

« En accord avec les procédures de police et dans les cas où les officiers ont utilisé la force pour mener leurs missions, le matériel a été envoyé au département des enquêtes internes de la police pour vérification », a annoncé dimanche la police dans un communiqué.

« Le matériel sera vérifié, et selon les résultats, une marche à suivre sera décidée », a ajouté la police.

Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, qui supervise la police israélienne, n’avaient pas encore réagi à l’incident lundi matin, les politiciens de centre gauche ne se sont pas retenus.

La députée Tzipi Livni  lors d'une session plénière de la Knesset, le 7 septembre 2015. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)
La députée Tzipi Livni lors d’une session plénière de la Knesset, le 7 septembre 2015. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

La députée Tzpi Livni, de l’Union sioniste, a déclaré que cette violence était un exemple de « peur qui se transforme en haine, en racisme ».

« Les coups reçus hier par un employé arabe sur la rue Ibn Gvirol me ramène des années en arrière, pendant mon enfance, a-t-elle déclaré lundi dans un communiqué. J’ai grandi dans une petite rue près d’Ibn Gvirol, et ma mère, combattante Etzel et membre idéologique du mouvement Herut, me donnait des carafes d’eau froide et de quoi manger pour les apporter aux ouvriers arabes qui construisaient les nouvelles maisons de notre rue. C’est comme ça que nous avons été élevés, pour respecter chacun. »

Livni a appelé la police israélienne et son département des enquêtes internes à « enquêter rapidement et soigneusement sur l’incident afin de déterminer comment une vérification d’identité s’est transformée en rixe disproportionnée. Et nous, en tant que société, devons cesser les peurs qui se transforment en haine, en racisme et en violence contre les minorités. »

La présidente du parti Meretz, Zehava Galon, a également critiqué sévèrement la police israélienne pour sa conduite, déclarant qu’elle se comporte comme un « gang de rue violent » et l’accusant de mauvaise volonté systématique pour traiter du problème de la brutalité qui se développe.

La présidente du parti Zehava Galon à la Knesset en 2011. (Crédit : Abir Sultan/Flash 90)
La présidente du parti Zehava Galon à la Knesset en 2011. (Crédit : Abir Sultan/Flash 90)

« Parce que non seulement la police a un problème de violence, mais elle a aussi un problème de blanchiment, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Environ un tiers des plaintes auprès du département d’enquêtes internes de la police en 2015 ont été closes sans enquête, principalement en raison d’un ‘manque d’intérêt public’. C’est inacceptable, et le moment est venu de mettre fin à cette pratique méprisable. »

Le père d’Alqian a déclaré à Ynet qu’il était « choqué » par l’incident, disant qu’il ne souhaitait à personne que « neuf policiers battent votre fils et que vous deviez voir ça en vidéo ».

Une autre témoin de l’incident, Saguy Green, a écrit sur Facebook que des « douzaines » de policiers en civil et anti-émeute ont attaqué l’homme, « un employé du supermarché Yuda ».

Le post de Green, qui comprend des photos des policiers maintenant l’homme, a cité un autre employé du supermarché qui a déclaré que l’homme avait été battu parce qu’il n’avait pas montré sa carte d’identité à la police.

« Non pas qu’il y ait un réconfort ou de l’espoir dans cela, mais beaucoup de passants ont aidé l’homme et ont protesté contre la violence incessante contre lui, et ont filmé les policiers », a-t-elle écrit.

MK Dov Khenin (photo credit: Miriam Alster/Flash90)
Le député Dov Khenin de la Liste arabe unie (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Le député Dov Khenin, de la Liste arabe unie, a condamné l’incident, en parlant de « lynchage », et a appelé le gouvernement à enquêter sur l’incident.

« J’ai transmis un message urgent au ministre de la Sécurité intérieure lui demandant des réponses pour ce qui semble avoir été un lynchage en plein jour, a déclaré Khenin dans un communiqué, une agression contre un citoyen israélien par la police simplement parce qu’il est arabe. »

Dimanche soir, des militants avaient manifesté près des lieux de l’incident pour protester contre les violences policières.

Elie Leshem et l’AFP ont contribué à cet article.

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