La Pologne depuis 1918 : cent ans d’histoire tumultueuse
Envahie par l’Allemagne nazie, puis satellite de l’URSS et victime d'une campagne "antisioniste" en 1968, la Pologne, vidée de ses Juifs, entretient une relation tendue avec l'UE
La Pologne, depuis son indépendance en 1918, a connu un siècle d’histoire tumultueuse, envahie par l’Allemagne nazie, puis satellite de l’URSS, avant d’entretenir ces trois dernières années une relation tendue avec l’Union européenne qu’elle a rejointe en 2004.
L’indépendance
Divisée entre les Empires allemand, austro-hongrois et russe, la Pologne retrouve sa souveraineté en 1918 après la guerre. Jozef Pilsudski, qui menait le combat pour l’indépendance, prend la tête de la nouvelle République.
Les vainqueurs de la guerre accordent en 1919 à la Pologne un accès à la mer. Le tracé de sa frontière fait l’objet d’affrontements avec la Russie bolchévique, battue en 1920 par la Pologne, qui étend ses frontières à l’est.
Pilsudski se retire en 1922 mais son successeur est assassiné. Un coup d’État en 1926 lui redonne le pouvoir, qu’il gardera jusqu’à sa mort en 1935. En 1932 et 1934, il signe des pactes de non agression avec l’URSS et l’Allemagne nazie.
L’invasion allemande
En 1939, Adolf Hitler envahit le pays sans déclaration de guerre le 1er septembre. Son armée assiège Varsovie et la ville capitule le 28 septembre.
Elle est partagée entre Russes et Allemands. Le Reich y multiplie camps de concentration et d’extermination.
Les juifs sont exterminés. Le ghetto de Varsovie est anéanti au printemps 1943.
La résistance, déclenchée en août 1944 à Varsovie, est écrasée.
Le 17 janvier 1945, les troupes soviétiques libèrent la ville détruite.
La période soviétique
La conférence de Yalta du 11 février 1945 fixe les frontières de la Pologne.
Le communiste Boleslaw Bierut prend le pouvoir en 1947.
C’est la période stalinienne, des nationalisations et des collectivisations. Le 14 mai 1955, le pacte de Varsovie cimente la Pologne au bloc de l’Est.
Trois ans après la mort de Staline, une révolte ouvrière éclate à Poznan en 1956.
Sous Wladyslaw Gomulka, le régime se libéralise timidement: c’est l' »Octobre Polonais ». L’Église, très populaire, est mieux considérée.
Mais en 1968, les mouvements étudiants et intellectuels contre le durcissement autoritaire du régime sont réprimés. Une campagne « antisioniste » pousse à l’émigration plusieurs milliers de Juifs polonais..
Fin 1970, Gomulka est destitué et Edward Gierek, plus souple, prend le pouvoir.
Le dégel se poursuit mais de nouvelles manifestations contre la vie chère sont matées en 1976.
Jean-Paul II et Solidarnosc
En 1978, Karol Wojtyla devient le premier pape polonais. « N’ayez pas peur ! […] ouvrez les frontières des États, des systèmes politiques et économiques » déclare-t-il. Son premier voyage en Pologne, en 1979, mobilise les catholiques polonais.
En 1980 est officiellement reconnu, pour la première fois dans le bloc communiste, un syndicat indépendant, Solidarnosc (Solidarité), après des grèves.
Mais le gouvernement, contrôlé par le général Jaruzelski, déclare l' »état de guerre » le 13 décembre 1981. Lech Walesa, à la tête de Solidarnosc, est arrêté.
La loi martiale prend fin en 1982. Libéré, Lech Walesa reçoit le prix Nobel de la paix en 1983.
Profitant des bouleversements en URSS, un grand mouvement de grève permet le retour de Solidarnosc et de la démocratie.
Lech Walesa remporte l’élection présidentielle de 1990. La Pologne entre dans l’économie de marché.
La Pologne des jumeaux Kaczynski
La Pologne rejoint l’OTAN en 1999 et l’Union Européenne en 2004.
En octobre 2005, le conservateur catholique Lech Kaczynski est élu à la présidence à la surprise générale.
Le mois précédent, son frère jumeau Jaroslaw, à la tête de leur parti Droit et Justice (PiS), remportait les élections législatives in extremis.
En 2010, un accident d’avion, près de la base russe de Smolensk, emporte Lech Kaczynski et de nombreux responsables polonais.
Jaroslaw Kaczynski se présente à l’élection présidentielle la même année mais est battu par le candidat du parti libéral, Bronislaw Komorowski.
En 2015, le PiS reprend le pouvoir. Le gouvernement rentre en conflit avec l’Union Européenne, qui lui reproche ses réformes judiciaires et menace de le priver de ses droits de vote. Mais le soutien de la Hongrie empêche d’éventuelles sanctions du Conseil européen.