La position de la nouvelle coalition enhardit les résidents d’implantations
Des milliers d'entre eux ont l'intention de célébrer Pessah à Homesh et Evyatar, profitant du revirement de politique du gouvernement qu'ils considèrent comme un tournant décisif
Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.
Alors que le tollé provoqué par la visite d’Itamar Ben Gvir sur le mont du Temple cette semaine a pris le dessus de l’actualité, des événements dramatiques se préparent dans d’autres points névralgiques du conflit israélo-palestinien.
N’importe quelle autre semaine, la plupart des gros titres internationaux auraient été consacrés à l’intention du gouvernement d’annuler des parties clés de la Loi sur le désengagement de 2005 et de potentiellement légaliser les quatre avant-postes du nord de la Cisjordanie dont Israël s’était retiré en 2005 – Homesh, Ganim, Kadim et Sa-Nur.
Le sixième gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu se prépare également à changer la réalité dans d’autres points sensibles de longue-date, comme l’avant-poste illégal d’Evyatar.
Profitant de la nouvelle position du gouvernement – qui constitue un renversement de la politique menée depuis de nombreuses années, y compris par les gouvernements Netanyahu précédents – environ un millier de résidents d’implantations prévoient de passer la nuit du seder de Pessah ce printemps à Evyatar et 500 autres se rendront à Homesh, a révélé le site en hébreu du Times of Israel, Zman Israel.
Les résidents d’implantations ont l’intention de refuser de quitter les deux avant-postes, qui ont tous deux une longue histoire de batailles juridiques et de procédures d’évacuation.
Le seder tombe cette année le soir du 5 avril, quelques jours après la date limite fixée lundi par la Haute Cour de justice, qui a averti le gouvernement qu’il a 90 jours pour expliquer pourquoi il ne démolira pas Homesh, un avant-poste illégal, construit sur des terres palestiniennes privées qui abrite une yeshiva et qui a été démoli et reconstruit des dizaines de fois ces dernières années.
« Ce sera un véritable test pour le nouveau gouvernement, sur le terrain », a déclaré l’un des organisateurs. « Il ne s’agit plus d’accords de coalition et de déclarations à la Haute Cour. Des milliers d’entre nous y retourneront, légalement, en étant conscients que nous ne serons plus évacués. »
Cette initiative est encouragée par Zvi Sukkot, un militant de longue date d’Evyatar, ancien directeur exécutif du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de Ben Gvir, et surtout – un probable nouveau député, qui s’est classé 16e sur la liste du parti HaTzionout HaDatit lors des élections législatives de novembre, au cours desquelles le parti, alors dans une alliance avec Otzma Yehudit et Noam, a remporté 14 sièges. Plusieurs de ces législateurs devraient bientôt démissionner en vertu de la Loi norvégienne lorsqu’ils deviendront ministres, ouvrant ainsi la voie à l’entrée à la Knesset de ceux qui figurent au plus bas de la liste et permettant probablement à Sukkot d’obtenir rapidement une place au Parlement.
Israël a pris la Cisjordanie à la Jordanie lors de la guerre des Six Jours en 1967. Quelque 600 000 résidents d’implantations israéliens y vivent aujourd’hui aux côtés de 2,7 millions de Palestiniens, qui réclament le territoire pour un futur État potentiel. Une grande partie de la communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, qu’Israël les considère comme légales ou non.
La position du nouveau gouvernement sur la légalisation des implantations illégales – rédigée par le ministre de la Défense, Yoav Gallant, le ministre de la Sécurité nationale, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Justice Yariv Levin – a suscité l’enthousiasme des résidents d’implantations, qui ressentent déjà le changement et considèrent les événements de cette semaine comme un tournant décisif.
« Ma prochaine maison sera à Sa-Nur », a promis Yossi Dagan, chef du Conseil régional de Samarie.
Dagan, affilié au parti au pouvoir, le Likud, s’est entretenu lundi avec Gallant et a déclaré à Zman Yisrael après coup que « tant que je serai en vie, j’agirai pour réparer la honte du désengagement », qui a vu Israël retirer toute sa présence militaire et civile de la Bande de Gaza et évacuer les quatre implantations du nord de la Cisjordanie.
« Cela [leur] permet de légaliser la yeshiva de Homesh et de résoudre cette question. Nous reconstruirons les communautés du nord de la Samarie et réparerons le préjudice moral consistant à déraciner les Juifs de leurs maisons sans raison », a déclaré Dagan tout en reconnaissant que la position du nouveau gouvernement ne signifie pas que toutes les implantations seront immédiatement reconstruites.
Les militants de Homesh ont déjà commencé à se sentir chez eux. Mercredi, le grand rabbin David Lau devait se rendre à la yeshiva de Homesh pour donner un cours de Torah. L’année dernière, Benny Gantz, alors ministre de la Défense, avait interdit au grand rabbin ashkénaze de se rendre à Homesh.
À Evyatar, la situation est plus simple qu’à Homesh, puisqu’il a été récemment déterminé que les 60 dunams de terre appartiennent à l’État – et non des terres palestiniennes privées. Alors que la zone a été évacuée en juillet 2021, Gantz avait conclu un accord avec les résidents pour vérifier le statut légal de la terre. Cela a été fait en octobre 2021 et en février 2022, le Procureur général de l’époque, Avichai Mandelblit, avait approuvé la création d’une implantation légale et d’une yeshiva à cet endroit.
Mais depuis lors, rien ne s’est produit.
Dagan n’a pas précisé si la question d’Evyatar avait été abordée lors de sa rencontre cette semaine avec Gallant, mais il a déclaré qu’il était « honteux que le gouvernement précédent n’ait pas respecté l’accord. Il doit être respecté dans les mois à venir ». « C’est ce qui est stipulé dans les directives politiques de base du gouvernement. »
Cependant, les résidents d’implantations ont toujours peur d’un facteur qui pourrait contrecarrer leurs plans : Netanyahu lui-même.
Au cours des dernières décennies, Netanyahu et les résidents d’implantations en sont venus à se respecter – mais aussi à se soupçonner – mutuellement. Les résidents d’implantations ne font pas confiance au Premier ministre. Ils ne sont que trop familiers avec le moment où on leur dit que la sécurité nationale et le danger diplomatique sont plus urgents que l’expansion juive de la Cisjordanie. De nombreux résidents d’implantations pensent que Netanyahu a renoncé à la Cisjordanie dans le cadre du plan de paix de l’ancien président américain Donald Trump en 2020, lorsqu’il a reconnu le principe de la création d’un État palestinien.
La question est de savoir ce qui se passera au moment de vérité, lorsque les résidents d’implantations retourneront à Evyatar à l’occasion de Pessah. Comment Netanyahu et Gallant vont-ils réagir ? Que dira Smotrich ?
En attendant, il est certain que le gouvernement s’oriente dans une nouvelle direction sur cette question et que c’est une étape importante du point de vue des résidents d’implantations.
Aujourd’hui le mont du Temple, demain Evyatar, Homesh et Sa-Nur…