La présidente de Columbia annonce finalement sa démission
La présidence a été largement accusée de ne pas avoir lutté assez fermement contre des propos ou actes visant des étudiants juifs lors des blocages au sein des campus
La présidente de l’Université Columbia, Minouche Shafik, a annoncé mercredi sa démission, invoquant la « période de crise » du printemps quand le prestigieux campus new-yorkais est devenu l’épicentre de manifestations étudiantes anti-Israël et opposés à la guerre à Gaza, sur fond de montée de l’antisémitisme.
Cette économiste américaine d’origine égyptienne a elle-même annoncé sa démission avec effet immédiat de dans une lettre à la communauté enseignante et étudiante, alors qu’elle avait jusqu’ici échappé à la vague de démissions l’hiver dernier de ses homologues de l’Université de Pennsylvanie, Elizabeth Magill, et de Harvard, Claudine Gay.
« Je fais cette annonce maintenant pour que la nouvelle direction soit en place avant le début du prochain semestre », a écrit « avec tristesse » Mme Shafik dans un courriel obtenu par l’AFP.
« Cela a été une période de crise au cours de laquelle il a été difficile de dépasser les opinions divergentes au sein de notre communauté », déplore-t-elle.
Elle a fait état de « menaces », « d’insultes » voire de « mauvais traitements » contre sa personne, « des collègues » et « des étudiants » et a « décidé » que sa « démission permettra à Columbia de mieux faire face aux défis à venir ».
« Nous devons tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour résister aux forces de la polarisation », implore encore la désormais ex-présidente de Columbia.
À l’appel de Mme Shafik, la police de New York avait délogé manu militari quelques dizaines de militants et étudiants le 30 avril et la grande cérémonie de remise des diplômes avait été annulée.
Début juillet, trois administrateurs de Columbia avaient été révoqués pour des SMS échangés lors d’un forum public en mai, dont des médias conservateurs s’étaient fait l’écho et qui auraient révélé de « vieux préjugés antisémites » selon la présidence.
Avant la rentrée universitaire dans quelques semaines, Columbia a annoncé vendredi qu’elle restreindrait l’accès du public à son immense campus arboré du nord de Manhattan.
Cette université privée au budget colossal financé par des donateurs et grandes entreprises, dont certains liés à Israël, accueille des dizaines de milliers d’étudiants et professeurs.
La présidence a été largement accusée de ne pas avoir lutté assez fermement contre des propos ou actes visant des étudiants juifs, mais aussi d’avoir eu la main trop lourde contre de petits groupes pro-palestiniens.
Mme Shafik avait été auditionnée par le Congrès l’hiver dernier avec d’autres présidentes d’universités, la droite républicaine les accusant de pas avoir été assez fermes et univoques face à une montée flagrante de l’antisémitisme sur les campus.
Le chef de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, Mike Johnson, venu à Columbia au pire de la crise pour dénoncer le « terrorisme » des manifestations, s’est félicité dans un communiqué mercredi soir du départ de Mme Shafik.