La relance d’un projet de construction à Mitzpe-Tel suscite l’ire des habitants
Les militants demandent pourquoi la police a attendu le lendemain des élections municipales pour informer le tribunal de Jérusalem que la recherche de sites alternatifs avait été infructueuse
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les habitants du sud-est de Jérusalem se préparent à relancer leur campagne contre la construction d’un grand complexe policier sur une colline réputée pour sa flore saisonnière et ses vues imprenables, après que la police israélienne a annoncé que l’examen d’autres sites n’avait rien donné et que la colline était la seule option restante.
L’emplacement, connu sous le nom de Mitzpe-Tel (mots qui, en hébreu, signifient séparément « guet » et « colline » et qui, découpés différemment, peuvent s’entendre mitz petel, ce qui signifie « jus de framboise »), s’étend entre le quartier juif de Talpiot Est (également appelé Armon HaNatziv) et le quartier palestinien de Jabel Mukaber, dans le sud-est de Jérusalem.
Il offre une vue panoramique sur le mont du Temple, le tombeau d’Hérode à Hérodium, le désert de Judée, la mer Morte et les montagnes de Moab en Jordanie.
Il sert de centre communautaire en pleine nature presque toute l’année. Mais ce sont les tapis de lupins bleus du printemps qui attirent les foules.
Il y a un an, le comité de planification du district de Jérusalem a approuvé la construction d’un poste de police de 5 000 mètres carrés sur la partie inférieure de la colline, en lieu et place d’une installation temporaire de 2 000 mètres carrés située sur un terrain voisin préempté pour un hôtel.
Cette installation a été mise en place en 2014, à la demande des habitants d’Armon HaNatziv, suite à la guerre à Gaza de 2014.
Le site actuel du commissariat appartient au magnat de la grande distribution Rami Levy, qui souhaite y construire un hôtel dans le cadre d’un nouveau quartier appelé Nof Zahav (« Le paysage doré »).
En août, à la suite d’une longue campagne menée par les habitants des deux quartiers contre la construction sur la colline et d’un recours déposé auprès du tribunal de Jérusalem, l’État a annoncé qu’il suspendait le projet et qu’il envisageait d’intégrer le nouveau complexe de police à l’hôtel.
Un protocole d’une réunion du comité de Planification du District de Jérusalem ce même mois cite l’architecte de l’hôtel, Yoël Feigin de Feigin Architects, accueillant favorablement l’idée de l’intégration et présentant les premiers croquis.
La municipalité a déclaré dans un communiqué que la tentative d’intégrer le poste de police dans l’enceinte de l’hôtel n’avait pas abouti. Elle a insisté sur le fait que la construction sur Mitzpe-Tel n’affecterait ni la flore ni le panorama.
Les militants d’Armon HaNatziv ont rejeté ces affirmations.
Gadi Dahan, guide touristique qui vit à Armon HaNatziv et militant, a déclaré que la collecte, qui a recueilli plus de la moitié de son objectif de 180 000 shekels, a été contraint de recourir aux tribunaux.
« Depuis le début, l’approche de la police a été la suivante : ‘C’est là que nous construirons le commissariat, un point c’est tout' », a-t-il déploré.
Il a déclaré que les événements visant à sensibiliser le grand public à l’importance de la colline allaient reprendre.
« Notre approche a toujours été de trouver une solution adéquate, car les habitants méritent à la fois la nature et la sécurité », a-t-il affirmé. « J’ai rencontré la police en novembre, dans le cadre d’un petit groupe avec nos responsables locaux, et leur point de vue n’a pas changé. Mais ils n’ont soumis leur réponse au tribunal de Jérusalem que le 28 février, le lendemain des élections municipales, ce qui est un timing bizarre. »
Le tribunal de Jérusalem examinera la question le 30 avril.
Un communiqué de la police israélienne indique qu’elle a « vérifié un certain nombre d’alternatives et qu’en fin de compte, l’emplacement approprié a été choisi, qui répond à tous les aspects de planification et d’exploitation ».
La police a préféré ne pas fournir de détails sur ces autres sites.
Le nouveau commissariat servira à la fois à la police régulière et à la police des frontières, qui se concentre sur la lutte anti-terroriste.
D’une hauteur maximale de 791 mètres au-dessus du niveau de la mer, il comprendra des bureaux, des logements, un terrain de parade, des cellules de détention, une antenne de 30 mètres de haut, des lignes électriques à haute tension, des entrepôts d’armes et une clôture périphérique avec éclairage et caméras de sécurité.
Avant que les plans ne soient temporairement gelés, le comité de district a rejeté la plupart des arguments avancés pour s’y opposer et a insisté sur le fait que les dimensions du bâtiment étaient liées aux « besoins de sécurité dans la zone », qui est située au-delà de la Ligne verte.