Israël en guerre - Jour 469

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Reportage

La vie reprend dans le nord ; de l’autre côté de la frontière, le Hezbollah dépérit

Selon le commandant de la 91ᵉ division, Israël doit continuer à agir contre les menaces du groupe terroriste, bien que la zone de guerre soit calme après plusieurs semaines de trêve

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Un soldat de l'armée israélienne de la 91ᵉ division examinant un drapeau libanais, à Meiss El Jabal, au Liban, le 15 décembre 2024. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)
Un soldat de l'armée israélienne de la 91ᵉ division examinant un drapeau libanais, à Meiss El Jabal, au Liban, le 15 décembre 2024. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

SUD-LIBAN – La « Porte de Fatima » a été témoin des principaux épisodes de l’engagement d’Israël au sud du Liban.

Dans les années 1970, ce poste-frontière – également connu sous le nom de « Good Fence Crossing » – a été au centre des efforts humanitaires d’Israël envers son voisin du nord. Israël a ouvert un dispensaire militaire à ce point de passage pour les habitants du sud-Liban, y compris les chiites. Au fil du temps, l’effort s’est étendu, les commerçants libanais étant autorisés à se rendre en voiture à Kiryat Shmona pour leurs activités commerciales, et les ouvriers libanais traversant le poste-frontière pour se rendre à leur travail dans les fermes et les usines israéliennes.

Lorsqu’Israël a envahi le Liban pour combattre les terroristes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1978, puis en 1982, les troupes de l’armée israélienne et les membres des agences de renseignement ont fait des allers-retours par ce point de passage. Au cours des années suivantes, alors qu’Israël mettait en place sa zone de sécurité au sud du Liban, les combattants de l’Armée du Sud-Liban (ALS) et les membres de leurs familles ont emprunté ce même chemin pour travailler, faire des achats et recevoir des soins médicaux en Israël.

Sans surprise, la Porte de Fatima était une cible attrayante pour le Hezbollah, la jeune milice chiite terroriste créée par l’Iran pour mener une guerre de guérilla contre les troupes de Tsahal au Liban. En 1988, un terroriste suicide du Hezbollah a tué huit soldats israéliens lors d’un attentat à la Porte de Fatima.

Lorsqu’Israël s’est finalement retiré du sud du Liban en 2000, les troupes de l’ALS paniquées et leurs familles se sont rassemblées à la Porte de Fatima, tentant d’échapper aux représailles anticipées du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah. Ce tronçon d’un kilomètre de voitures abandonnées était un puissant symbole de la retraite humiliante d’Israël sous le feu d’une zone de sécurité qui avait coûté la vie à des centaines de soldats et provoqué des fractures au sein de la société israélienne.

Après ce repli, les sympathisants du Hezbollah se sont approchés du point de passage pour jeter des pierres sur les soldats israéliens de l’autre côté de la frontière.

Des partisans du Hezbollah réunis pour célébrer le crash d’un F-16 israélien abattu par les défenses aériennes syriennes, à proximité de la Porte de Fatima, à Kfar Kila, à la frontière libanaise avec Israël, le 10 février 2018. (Crédit : Ali Dia/AFP)

Ces dernières semaines, la Porte de Fatima a connu un changement spectaculaire. Après avoir maintenu pendant des années une position défensive qui a permis aux terroristes du Hezbollah de construire un vaste réseau de tunnels, de caches d’armes et de positions de combat le long de la frontière, Tsahal est finalement passé à l’offensive au mois d’octobre. Cette opération d’une efficacité dévastatrice a permis de repousser le groupe terroriste chiite libanais de la frontière, les troupes israéliennes ayant méthodiquement ratissé les villages frontaliers et fait exploser tous les bâtiments utilisés par le Hezbollah à des fins de combat.

Dimanche, ce journaliste du Times of Israel a franchi la Porte de Fatima avec le commandant de la 91ᵉ division, le général de brigade Shaï Klepper, pour examiner l’état des villages frontaliers du Liban après deux mois de combats, et la manière dont le cessez-le-feu conclu entre le Hezbollah et Israël se maintient.

Vide et calme

Klepper a lui aussi participé à des moments marquants de l’histoire souvent violente des relations israélo-libanaises. Il était commandant de l’unité d’élite de reconnaissance Sayeret Golani lors de la Deuxième Guerre du Liban, qui n’avait pas été concluante en 2006, une expérience qui lui a manifestement laissé un goût amer.

La 91ᵉ division de l’armée israélienne traversant d’anciens bastions du Hezbollah, dans le sud du Liban, le 15 décembre 2024. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

« Il n’y a pas de comparaison possible entre les réalisations de 2006 et celles de 2024 », a-t-il affirmé.

« Tout d’abord, les soldats [de la guerre en cours], qui sont arrivés après un an de combat, avec un esprit combatif inébranlable. Le niveau de professionnalisme – nos objectifs étaient clairs. Nous savions où nous allions, nous savions comment nous agissions. »

« Vous pouvez le voir dans les réalisations », a-t-il poursuivi.

« Les milliers de terroristes du Hezbollah éliminés, l’infrastructure et le réseau souterrain qui ont été détruits, et les armes qui ont été saisies : vous pouvez voir que nous parlons de réalisations à un tout autre niveau. »

Le commandant de la 91ᵉ division de l’armée israélienne, Shaï Klepper, dans le sud du Liban, le 15 décembre 2024. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

L’objectif principal de la campagne israélienne contre le Hezbollah cette année, qui consiste à permettre le retour en toute sécurité des dizaines de milliers de résidents évacués du nord d’Israël dans leurs foyers, n’a pas encore été atteint. Cependant, des signes de vie apparaissent partout le long de la frontière avec le Liban, du côté israélien. Les magasins commencent à rouvrir, les rues ne sont plus désertes et la plupart des barrages routiers de Tsahal ont été levés.

Alors que le côté israélien de la frontière se relève progressivement après quatorze mois de bombardements, il est difficile d’imaginer qu’un semblant de vie normale puisse revenir dans les villes frontalières libanaises dans les prochaines années.

Juste derrière la Porte de Fatima, le village chiite de Kafr Kila, bastion du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah jusqu’en octobre, a été rasé. Les seules structures encore en place sont celles que l’armée israélienne utilise comme avant-postes ou centres de commandement. Pour le reste, les piles de barres d’armature et de béton le long de la route dépassent à peine les bermes de terre poussées par les bulldozers de Tsahal. Des poteaux électriques rouillés jaillissent des monticules de terre grise.

« Chaque village, qui était en réalité un village ‘militaire’, a été traité comme il se doit », a déclaré Klepper.

The Beaufort Castle is a Crusader fortress in southern Lebanon which was used by the PLO to launch rockets at northern Israel before the first Lebanon War. (photo credit: Yossi Zamir/Flash90)
La forteresse de Beaufort, dans le sud du Liban qui a été utilisée par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour lancer des roquettes sur le nord d’Israël avant la Première Guerre du Liban, sur une photo non datée. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

« Nous avons détruit les opérateurs et leurs infrastructures. »

Il a bien précisé que chaque bâtiment abritant un terroriste du Hezbollah, une cache d’armes ou un tunnel avait été démoli.

La tension est redescendue lorsque le convoi de Klepper est sorti de Kafr Kila pour rejoindre Nabi al-Awadi. Depuis le sommet, la vue est imprenable. À l’ouest, les eaux bleues de la Méditerranée sont visibles. Au nord, les falaises abruptes du Fleuve Litani traversent le paysage, et les ruines de la forteresse de Beaufort, datant du XIIᵉ siècle, sont suspendues dangereusement au-dessus de l’eau. Au loin, la chaîne du mont Liban est recouverte de neige.

À l’est, une nouvelle preuve de l’ampleur des changements survenus au Moyen-Orient au cours des dernières semaines. Un immense drapeau d’Israël planté sur le sol libanais flottait dans le vent violent, avec en toile de fond le mont Hermon, désormais entièrement sous contrôle israélien.

Des troupes de la 91ᵉ division de l’armée israélienne opérant dans le sud du Liban, dans une photo diffusée le 15 décembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Jusqu’au cessez-le-feu décrété le 27 novembre entre le Hezbollah et Israël, les agriculteurs qui travaillaient les champs verdoyants de la vallée de Hula, entre les monts Hermon et Naftali, risquaient leur vie, car le Hezbollah tirait des dizaines, voire des centaines de roquettes par jour.

Dimanche, la scène était d’un calme presque inimaginable. Signe que le cessez-le-feu tient admirablement bien, pas une seule explosion ni un seul coup de feu n’ont été entendus pendant toute la matinée où le journaliste du Times of Israel se trouvait au Liban.

« Lorsque Tsahal tire, le Hezbollah prend la fuite, selon des directives reçues de sa hiérarchie », a déclaré Klepper.

Les forces armées libanaises (LAF) commencent à se déployer en grand nombre au nord de Khiam.

Des troupes de la 91ᵉ division de l’armée israélienne opérant dans le sud du Liban, sur une photo diffusée le 15 décembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Cependant, cela ne signifie pas que la division de Klepper bat en retraite. Ses troupes sont déployées sur plus de dix sites et sont prêtes à pénétrer plus profondément au Liban si l’ordre en est donné.

« Les troupes de la division ont localisé et saisi plus de 10 000 armes et équipements militaires, attaqué plus de 1 000 cibles du Hezbollah et détruit de nombreuses structures terroristes en surface et sous terre », a déclaré dimanche le bureau du porte-parole de l’armée israélienne.

« Les troupes de la division opèrent conformément aux accords conclus entre Israël et le Liban, tout en maintenant les termes du cessez-le-feu. Les soldats sont maintenant déployés dans le sud du Liban et opèrent contre toute menace pour Israël et ses citoyens en utilisant des moyens d’observation, des tirs de couverture et des capacités supplémentaires pour éliminer les menaces dans ce secteur. »

Une communauté qui travaille en paix

Les officiers druzes de la cellule de commandement de Klepper étaient très attentifs à la réalité émergente aux frontières d’Israël.

La semaine dernière, une vidéo non vérifiée circulant sur les réseaux sociaux semblait montrer un membre de la communauté druze du village de Hader, situé dans le sud de la Syrie, appelant à l’annexion de sa communauté au côté israélien du plateau du Golan.

« Ils ne vivent pas là-bas », a déclaré Yousef, qui est originaire de Hurfeish en Galilée.

« Ils savent que les Druzes d’Israël vivent bien, à tous points de vue : socialement, du respect dont nous jouissons en Israël, de notre niveau de vie comparé au leur. »

Illustration : Une explosion sur le plateau du Golan syrien, alors que le Front al-Nosra combat les troupes du dictateur syrien Bashar el-Assad, près du village druze syrien de Hader, le 16 juin 2015. (Crédit : Basel Awidat/Flash90)

Yousef a indiqué être en contact avec ses proches dans la ville druze syrienne de Hader, et que la vidéo traduit bien leur état d’esprit.

« Nous sommes une communauté qui œuvre pour la paix, qu’il s’agisse de la Syrie, du Liban ou de tout autre pays », a déclaré Haïtham, également originaire de Hurfeish.

« Les Druzes d’Israël sont le meilleur exemple de la manière dont une minorité doit se comporter dans les pays démocratiques », a-t-il poursuivi.

« Et nous attendons avec impatience l’avènement d’une nouvelle ère en Syrie. »

Des drapeaux du Hezbollah, dans le sud du Liban, le 15 décembre 2024. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

Des drapeaux flottent au-dessus des ruines

Klepper dirige le convoi vers le sud, sur la route Marjayoun-Bint Jbeil, en empruntant la première crête à l’ouest de la frontière. Les hummers cahotent sur les décombres et traversent Odaisseh, Houla et Meiss El Jabal.

Cette route traversait des terrains variés, ce qui constitue un défi unique pour les militaires. Les véhicules ont traversé des casbahs denses, des champs ouverts, des vergers et des pentes forestières abruptes.

Les habitants évacués n’ont pas cherché à cacher leur affiliation au Hezbollah. Des drapeaux jaunes et verts en lambeaux du Hezbollah étaient suspendus mollement à des grilles brisées dans la rue. Des panneaux en hébreu et en arabe mettent en garde contre toute coopération avec Israël.

Des troupes israéliennes de la 91ᵉ division opérant, à Meiss El Jabal, au Liban, le 15 décembre 2024. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

« Nous voulons que le sud soit le rocher sur lequel les aspirations de l’ennemi sioniste sont anéanties », indique un autre panneau à Meiss El Jabal, un peu maladroitement.

C’est plutôt dans ces villes que la 91ᵉ division a finalement libéré sa puissance de feu après avoir défendu la frontière pendant près d’un an, tandis que d’autres divisions s’attaquaient au Hamas dans la bande de Gaza. La première opération offensive de la division a eu lieu à Meiss El Jabal, où les 3ᵉ, 8ᵉ et 228ᵉ brigades ont encerclé et tué des terroristes du Hezbollah dans le village.

Klepper espère que, même après le cessez-le-feu, Israël continuera à mener des opérations agressives contre le groupe terroriste soutenu par l’Iran.

« Tsahal peut agir contre les menaces du Hezbollah », a-t-il déclaré au Times of Israel.

« Notre mental est beaucoup plus fort que le leur. Nous devons agir avec force. Nous sous-estimons notre propre force. »

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