L’Académie navale US retire l’expo sur ses diplômées juives avant la visite de Hegseth
L'institution parle d'une erreur ; il est difficile de savoir si ce retrait s'explique par les ordres donnés par le secrétaire à la Défense concernant les questions de diversité, d'équité et d'inclusion

JTA – L’Académie navale américaine a retiré les objets qui figuraient dans une vitrine qui rendait hommage aux femmes ayant obtenu leur diplôme au sein de l’institution avant la visite prévue du secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, mardi.
Une vitrine qui contenait auparavant une collection de photos et de souvenirs de femmes juives diplômées de l’académie, qui était installée dans la Jewish chapel de l’académie, a été complètement vidée avant la visite, selon des photos qui ont été obtenues par la Military Religious Freedom Foundation (MRFF).
Avant d’être enlevée, la vitrine contenait des objets ayant appartenu à un certain nombre de femmes juives diplômées de l’USNA – avec notamment une étoile en bronze, une casquette militaire et des insignes, ainsi que des photos de remises des diplômes de l’USNA et des images de missions en Irak, d’après la MRFF. D’autres expositions présentant des hommes juifs diplômés sont pour leur part restées en place.
Sur la seule photo de l’exposition qui a semblé être épargnée, des femmes juives, des civiles, brandissent une banderole, pendant la Seconde Guerre mondiale, sur laquelle a été écrit : « Pendant que les boys n’étaient pas là, nous avons œuvré pour la victoire ». Un carton a également été placé pour dissimuler une affiche qui évoque « les femmes juives dans la marine », selon un cliché qui a été partagé par la MRFF.
Les objets ont été remis à leur place par l’académie, apparemment dans le sillage de la visite. Leur retrait a toutefois soulevé des questions, notamment sur la possibilité qu’il puisse s’expliquer par les récents ordres donnés par Hegseth visant les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI).
La campagne menée par Pete Hegseth à l’encontre des politiques DEI, au sein de son ministère, a mené à la censure de certains livres dans les écoles – une censure qui a également été appliquée à des sites internet du Pentagone et au contenu de programmes enseignés dans des camps d’entraînement de l’armée de l’air.

L’académie a confirmé les informations qui ont laissé entendre que les objets avaient été retirés de l’exposition, ajoutant qu’il s’agissait « d’une erreur ».
« La direction de l’Académie navale américaine a immédiatement pris des mesures visant à examiner et à corriger ces retraits qui n’ont pas été autorisés », a commenté le directeur de la communication de l’Académie navale dans un communiqué.
L’Académie a également fait disparaître 400 livres de sa bibliothèque avant la visite de mardi, suite à l’ordre donné par le bureau de Hegseth d’examiner son contenu du point de vue de la politique DEI, un ordre donné la semaine dernière. La liste des livres retirés n’a pas été communiquée.
Lors de sa visite de mardi, dans un discours qui a été prononcé par l’académie, Hegseth a affirmé que les « distractions du passé » avaient « dilué » l’objectif initialement poursuivi par l’armée, déclarant : « Ce ne sont pas nos différences qui nous rendent forts, c’est notre mission commune. C’est notre mission commune qui nous rend forts ».
Ce n’est pas la première fois que des documents historiques Juifs se sont retrouvés dans le collimateur de la campagne anti-DEI de Hegseth. Au mois de mars, après une note qui avait ordonné aux employés de purger les plateformes numériques du ministère de la Défense de tout contenu DEI, des pages qui commémoraient la Shoah, sur internet, avaient été supprimées.

Parmi les pages qui avaient purement et simplement disparu, les histoires de Kitty Saks, une survivante de la Shoah, et de Bea Arthur, l’actrice juive des « Golden Girls » qui avait servi dans les Marines, pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’histoire d’Arthur, ainsi qu’un autre article sur la mémoire de la Shoah qui avait été supprimé, avaient fait leur réapparition sur le site suite à un tollé – contrairement à l’article consacré à Saks, qui n’est plus à la disposition du public.
Au mois de février, un livre de photographies consacré à Ruth Bader Ginsburg, une icône du libéralisme qui aura également été la première femme Juive à siéger à la Cour suprême des États-Unis, avait été placé sous surveillance en raison de son contenu potentiel en matière de DEI. Il a ensuite été remis en rayon, selon Military.com.