L’alimentation, l’énergie et la technologie spatiale, priorités nationales d’Israël
Le ministère de l’Innovation, de la Science et de la Technologie allouera 180 millions de shekels par an de subventions à la recherche
Israël a déclaré que les technologies alimentaires, énergies renouvelables et technologies spatiales figuraient parmi les cinq priorités nationales, qui feront l’objet d’importants investissements au cours des cinq prochaines années.
Cette liste de priorités nationales va orienter le financement gouvernemental vers les entreprises civiles de recherche et développement (R&D) dans les domaines prioritaires.
La liste des domaines prioritaires a été présentée au début du mois par la ministre de l’Innovation, de la Science et de la Technologie, Orit Farkash-Hacohen, au Comité ministériel pour la science et la technologie de la Knesset. Le Conseil national israélien pour la recherche et le développement du ministère a fait une présentation sur le processus de prise de décision.
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Quatorze domaines ont été sélectionnés par le conseil, les cinq principaux étant la technologie alimentaire, les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie, la bioconvergence (technologies appliquées dans les domaines de la biologie combinées à l’ingénierie telles que l’électronique, la biologie computationnelle, la physique, la nanotechnologie et la science des matériaux), la technologie spatiale civile et la « bluetech », qui utilise la mer comme ressource.
La liste détaillée comprend les villes intelligentes, les technologies de l’éducation, la gestion des déchets et l’économie circulaire, ainsi que les semi-conducteurs.
Ces nouvelles priorités rejoignent celles déjà déclarées priorités nationales de R&D : l’intelligence artificielle, la science des données et l’informatique quantique.
Les critères de sélection de ces domaines prioritaires, définis par le Conseil, ont consisté à évaluer des facteurs tels que les avantages comparatifs d’Israël, ses besoins stratégiques, sa force en R&D, son rôle de centre mondial d’innovation, le degré de besoin de soutien gouvernemental et la composante scientifique.
Le ministère de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie va promouvoir des programmes nationaux dans ces domaines prioritaires et distribuer quelque 180 millions de shekels chaque année en subventions de recherche.
Hilla Haddad Chmelnik, directrice-général du ministère, a déclaré dans un communiqué : « Le leadership scientifique et technologique d’Israël est essentiel pour sa résilience : il est indispensable de le maintenir et même de le renforcer. Cartographier et définir les domaines prioritaires nationaux, sur la base d’une compréhension de la scène internationale et des atouts scientifiques locaux est indispensable au renforcement des différents secteurs de l’économie qui reposent sur l’innovation et les technologies de pointe. »
Haddad Chmelnik a ajouté que la liste « servira de base aux politiques et au travail du ministère pour les années à venir, et permettra d’informer tous les organismes gouvernementaux concernés ».
Le professeur Peretz Lavie, président du Conseil national pour la recherche et le développement, a déclaré que « les cinq domaines recommandés par le comité étaient importants en termes de concurrence mondiale et de progrès des technologies de pointe israéliennes, afin d’assurer son avenir économique et maintenir son excellence scientifique au cours des cinq prochaines années ».
La plupart des domaines sélectionnés, pluridisciplinaires, devraient croître rapidement dans les années à venir, a expliqué M. Lavie.
Il a expliqué que l’étude du conseil avait pris en compte les résultats d’études sur des pays déjà dotés de priorités nationales en matière de R&D, constatant que ces investissements « avaient renforcé emploi et qualité de vie, et généré un surplus de croissance ».
C’est notamment le cas du Danemark, de la Suède, de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Irlande, de Singapour, de la Corée du Sud et du Japon.
« Israël, qui dépend de ses ressources humaines et des connaissances dans les domaines de haute technologie, risque de perdre son avantage comparatif dans les domaines technologiques s’il renonce à de tels investissements », a averti Lavie.
La ministre Hacohen a indiqué qu’elle adopterait la liste des domaines de R&D prioritaires définie par le conseil afin d’ « assurer le leadership scientifique et technologique d’Israël pour les années à venir ».
La technologie alimentaire, priorité nationale
Israël a déjà investi dans certains de ces domaines prioritaires.
L’an dernier, l’Autorité israélienne de l’innovation a réuni 69 millions de dollars pour quatre consortiums – groupes d’entreprises industrielles et institutions de recherche pour le développement conjoint de technologies – dans les domaines de la viande cultivée (sous-secteur clé de la technologie alimentaire), de l’élevage d’insectes, de l’échantillonnage de fluides pour le diagnostic médical et de l’interface homme-robot (HRI), domaine multidisciplinaire qui étudie les interactions entre les humains et les robots.
L’activité du consortium de la viande cultivée a débuté en avril. Il comprend 14 entreprises, dont des startups de premier plan dans le domaine des technologies alimentaires, et 10 universités et instituts de recherche.
Ces financements ne seront pas immédiats.
La reconnaissance du caractère prioritaire des technologies alimentaires, et en particulier des protéines alternatives, « positionne le secteur comme un moteur de croissance clé pour Israël », explique Alla Voldman-Rentzer, vice-présidente de la stratégie et de la politique au Good Food Institute (GFI) Israël, une organisation à but non lucratif destinée à promouvoir la recherche et l’innovation dans les technologies alimentaires.
Le secteur des protéines alternatives comprend les substituts à base de plantes des viandes, produits laitiers et œufs, les produits laitiers cultivés, viandes et fruits de mer fabriqués à partir de cellules ainsi que divers procédés et produits de fermentation. L’activité des startups spécialisées dans les protéines cultivées et les technologies de fermentation est souvent liée.
« Ces technologies répondent aux besoins du pays et tirent parti de ses avantages comparatifs, particulièrement au regard des tendances mondiales que sont l’urgence climatique et les crises alimentaires mondiales. Elle constitueront à n’en pas douter un atout stratégique mondial », ajoute Voldman-Rentzer.
Cette année déjà, un rapport de GFI Israël faisait valoir qu’Israël avait besoin d’un programme officiel pour soutenir la croissance de son secteur des technologies alimentaires, afin de conserver un rôle clé au cours des prochaines années. Une industrie alimentaire locale forte est de nature à garantir la sécurité alimentaire et se convertir en atout stratégique pour Israël, détaille le rapport.
Le soutien du gouvernement est une nécessité, explique Voldman-Rentzer.
« Le gouvernement dispose des ressources nécessaires pour soutenir le secteur, notamment en créant des mécanismes pour garantir la formation de personnel qualifié, favoriser l’installation d’usines innovantes, réglementer et normaliser et enfin inclure les protéines alternatives dans le cadre des stratégies climatiques et de sécurité alimentaire. »
À l’heure actuelle, les technologies alimentaires israéliennes sont florissantes et leur force va crescendo. Le mois dernier, GFI a indiqué que les entreprises israéliennes étaient parmi les premières dans le monde en matière d’investissements dans les technologies alimentaires et le secteur des protéines alternatives à base de plantes, en deuxième position après les États-Unis pour les fonds investis dans l’industrie des protéines alternatives dans son ensemble en 2022.
À la fin de l’an dernier, Future Meat d’Israël, société de biotechnologie basée à Jérusalem, productrice d’aliments à base de poulet, d’agneau et de bœuf fabriqués à partir de cellules animales, a levé 347 millions de dollars, plus gros investissement dans une entreprise de viande cultivée à ce jour.
Future Meat a récemment annoncé avoir produit son premier agneau cultivé, fabriqué à partir de cellules isolées en 2019 à partir de moutons Awassi.
Dans le secteur des protéines végétales, l’investissement de 135 millions de $ dans Redefine Meat, fabricant de produits carnés à base de plantes imprimés en 3D, pour financer des unités de production en Israël et aux Pays-Bas et multiplier ses partenariats avec des restaurants, est le plus important à ce jour.
La société produit des morceaux d’agneau et de bœuf sans animaux, hamburgers, saucisses, brochettes d’agneau et bœuf haché, vendus dans quelque 200 restaurants et établissements en Israël et en Europe (y compris des restaurants étoilés Michelin).
La start-up israélienne Remilk, qui produit du lait et des produits laitiers sans animaux, a levé 120 millions de dollars cette année, ce qui représente également un investissement important. La société utilise un processus de fermentation à base de levure pour produire des protéines de lait qui, selon la société, sont identiques en tout point aux protéines du lait de vache, mais sont exemptes de lactose, cholestérol et hormones de croissance.
De nouvelles entreprises de technologie alimentaire semblent se créer chaque semaine, en ce moment.
Cette semaine encore, Steakholder Foods (anciennement Meatech), fabricant israélien de produits carnés cultivés, a dévoilé un produit à base de bœuf appelé Omakase Beef Morsels (Omakase est une expression japonaise qui décrit une expérience culinaire).
Forsea Foods, start-up basée à Ashdod, a produit de la viande d’anguille d’eau douce cultivée a base de cellules.
La semaine passée, Mermade Seafoods, basée à Jérusalem, a levé 3,3 millions de dollars pour développer des noix de St Jacques cultivées à partir de cellules, à l’aide d’une technologie d’agriculture cellulaire appelée aquaculture.
Entrepreneurs et scientifiques israéliens travaillent également à la fabrication d’œufs à base de plantes, de poissons à base de plantes, de miel d’élevage sans abeilles et même de safran, avec des méthodes de culture innovantes.
Technologie spatiale
Israël a également les yeux rivés sur les technologies spatiales civiles.
En mai, le ministère de l’Innovation, de la Science et de la Technologie annonçait la mise à disposition de 600 millions de shekels, au cours des cinq prochaines années, pour l’industrie spatiale civile et les startups développant des technologies de pointe dans ce domaine.
Ce programme a été dévoilé à un moment que le ministère qualifie de « changement radical » dans l’industrie spatiale, qui s’affranchit du seul soutien des gouvernements pour s’ouvrir aux investisseurs et entrepreneurs civils.
Cela s’est récemment traduit par la première mission privée vers la Station Spatiale Internationale, avec à son bord trois astronautes privés, dont un Israélien, qui ont entièrement financé leur voyage à hauteur d’une cinquantaine de millions de dollars chacun.
La mission de l’alunisseur israélien Beresheet, en 2019, mise en œuvre par la start-up spatiale SpaceIL – dont une nouvelle mission est prévue en 2024 -, est également considérée comme faisant partie de cette industrie spatiale civile en pleine émergence.
Israël compte un certain nombre de startups prometteuses dans le domaine des technologies spatiales, notamment Helios, qui développe une technologie capable de produire de l’oxygène, nécessaire à la production de carburant, à partir du sol lunaire, et Ramon.Space, société qui construit des systèmes de calcul pour le secteur spatial.
Au début du mois, Ramon.Space a annoncé son partenariat avec Lulav Space, start-up développant des systèmes de navigation robotique pour l’industrie spatiale, afin de fournir une solution de navigation avancée pour les prochaines missions lunaires Beresheet II.
Haddad Chmelnik a, par le passé, déclaré au Times of Israel que l’espace était « en train de passer de la main des gouvernements à celle du marché privé, et que cela présentait d’énormes opportunités » pour Israël.
Technologie énergétique
Dans le domaine des énergies renouvelables, Israël est toujours en retard, avec des obstacles bureaucratiques et un processus de prise de décision lent qui entrave les progrès.
Le pays a promis aux Nations Unies que 30 % de son électricité serait tirée des énergies renouvelables d’ici 2030, mais le chiffre actuel n’est que de l’ordre de 8,5 %.
Les ONG environnementales et entreprises spécialisées dans l’énergie solaire se plaignent, par exemple, depuis longtemps de la longueur et de la complexité des procédures, qui freinent l’avènement d’une véritable révolution solaire.
Lors d’une réunion du Conseil des ministres, au début du mois, pour évoquer les préparatifs du pays aux effets du changement climatique, la ministre de l’Énergie, Karine Elharrar, a déclaré que son ministère proposerait prochainement un plan pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables en simplifiant la réglementation, supprimant les obstacles et exonérant de taxes à l’importation les technologies essentielles au déploiement de l’énergie solaire et aux économies d’énergie.
À la fin de l’année dernière, le ministère de l’Énergie avait annoncé son intention de dépenser 100 millions de shekels sur cinq ans pour un institut national de production et de stockage de l’hydrogène.
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