L’alyah de France en baisse de 60 % en 2023
Le ministère de l'Intégration et l'Agence juive ont lancé un programme pour inciter les potentiels nouveaux migrants de France à poursuivre le processus d’immigration
Le ministère de l’Alyah et de l’Intégration et l’Agence juive ont constaté une baisse de 60 % du nombre de Juifs faisant leur alyah depuis la France et d’autres pays occidentaux de janvier à fin juillet de cette année, en comparaison à la même période l’année dernière.
Selon les données de ces deux institutions, environ 700 olim [nouveaux immigrants] français sont arrivés en Israël sur cette période.
Elles estiment ainsi qu’il existe encore un potentiel important pour l’alyah depuis la France, et ont lancé un programme – notamment avec l’ouverture d’un call center – pour inciter les potentiels nouveaux migrants de France et d’autres pays occidentaux à poursuivre le processus d’immigration.
Les Juifs de France qui ont entamé un processus d’alyah au cours des cinq dernières années mais qui ne l’ont pas encore terminé devraient ainsi être contactés.
Cette initiative vise à augmenter le nombre de nouveaux immigrants en provenance de France, suite à la récente baisse.
Environ 8 000 Juifs français auraient entamé un processus d’alyah auprès de l’Agence juive entre 2019 et fin 2022, mais ne l’ont pas achevé.
« La baisse du nombre d’olim de France et des pays occidentaux nous oblige à sortir des sentiers battus et à investir massivement pour encourager l’alyah et la faciliter pour les olim potentiels de ces pays », a déclaré Ofir Sofer, ministre de l’Alyah et de l’Intégration.
« Nous déployons tous les efforts possibles avec nos partenaires du ministère de l’Alyah et de l’Intégration pour trouver des solutions efficaces, innovantes et pertinentes à une réalité changeante, dans le but de proposer un processus d’alyah réussi et fluide », a quant à lui déclaré Doron Almog, président de l’Agence juive. « Les nouveaux olim renforcent Israël et jouent un rôle crucial dans son développement. »
Le ministère et l’Agence souhaiteraient également attirer des étudiants français vers des programmes d’ingénierie et de pré-médecine en Israël.
En 2022, 2 000 personnes ont immigré en Israël depuis la France, contre 3 500 en 2021. Le nombre de nouveaux arrivants depuis l’Amérique du nord est aussi tombé de 4 400 en 2021 à 3 500 en 2022. Cette baisse significative de l’alyah des Juifs d’Amérique du nord et d’Europe occidentale était attendue.
Dganit Sankar-Langa, directrice-générale du ministère de l’Immigration et de l’Intégration, a attribué ces baisses à des considérations d’ordre financier.
« Nous pensons qu’elles sont liées au coût de la vie et à la crise du logement en Israël. Nous nous basons en cela sur ce que les immigrants eux-mêmes nous disent, en plus de ceux qui s’intéressent à l’idée d’immigrer », a-t-elle expliqué.
2022 a néanmoins été une année record pour l’alyah, sans précédent depuis deux décennies, avec presque 75 000 personnes qui se sont installées dans le pays. Plus de trois-quarts de ces nouveaux arrivants provenaient de Russie et presque 20 % d’Ukraine – soit cinq fois plus que l’année précédente, selon les chiffres du Bureau central des statistiques.
L’important flux de nouveaux arrivants de l’ex-Union soviétique a entraîné des tensions majeures dans les infrastructures chargées de l’intégration des immigrants dans le pays, avec de nombreuses personnes venues de l’étranger qui ont dû apprendre l’hébreu, trouver du travail et se fondre dans la société israélienne. Alors qu’un grand nombre de ces immigrants étaient arrivés de manière impromptue, sans effets personnels, le gouvernement avait offert une allocation particulière pour les aider à se remettre sur pied dans un nouveau pays, une allocation qui a été suspendue depuis.
Depuis le 10 juillet, les olim hadashim qui obtiennent la citoyenneté israélienne par le biais de la Loi du retour doivent prouver que leur centre de vie se trouve dans l’État juif avant de recevoir leur passeport, mettant ainsi fin à la pratique du passeport à l’arrivée. La législation a été votée début juin par la Knesset. Cette loi fait suite à l’afflux d’immigrants russes et ukrainiens en Israël.
Les nouveaux arrivants reçoivent désormais un document de transit temporaire, appelé teoudat maavar, jusqu’à ce que l’année soit écoulée.
Selon les données de l’Autorité de la population, de l’immigration et des frontières, environ 63 % des immigrants arrivés en 2015 et 66 % de ceux qui ont déménagé en 2016 ont toujours leur centre de vie en Israël aujourd’hui. Depuis 2017, ce pourcentage oscille entre 61 % et 69 %.