L’ancienne dirigeante sioniste belge à la tête de l’immigration en Israël
Betty Dan indique qu'elle reçoit jusqu'à 5 appels par jour de personnes souhaitant avoir des informations sur l'alyah
L’ancienne présidente de l’association sioniste belge a pour projet d’immigrer en Israël dans un futur proche et affirme que les Juifs belges pensent à faire la même chose.
Dans une interview accordée au journal anglais The Telegraph, Betty Dan a expliqué qu’à la suite des attaques de Paris du 13 novembre qui ont tué 130 personnes et la révélation ultérieure de l’existence d’une cellule djihadiste à Bruxelles qui a mené l’assaut, et les meurtres l’an dernier dans le musée juif de la ville – également par un djihadiste – ont suscité la crainte que la Belgique et l’Europe en général, ne soient pas plus sûr pour les Juifs.
Dan, également directrice d’une station de radio juive depuis 25 ans, organise également des salons de l’immobilier pour les Juifs belges qui partent pour Israël.
Elle dit qu’à la suite des attentats de Paris, il y a eu une forte augmentation du nombre d’appels qu’elle reçoit des gens qui cherchent des informations sur un déménagement éventuel, qui est passé d’environ une fois par semaine à cinq par jour.
« Il y a quelques années, c’étaient les retraités qui partaient, qui voulaient le soleil d’Israël », a déclaré Dan au The Telegraph. « Maintenant, ce sont les jeunes qui ont des enfants qui vendent leurs maisons et qui quittent tout. Ils ont peur ».
« C’est une chose douloureuse. Je suis une vraie belge – mon pays, ma culture et mes amis sont ici », dit-elle, en ajoutant que sa fille et son petit-fils vont probablement déménager avec elle.
« Ma fille n’a jamais, jamais, jamais pensé à quitter [la Belgique]. Maintenant, elle se dit de son petit garçon, quel est son avenir ici ? Nous ne nous sentons pas en sécurité », a expliqué Dan.
Outre Israël, dit-elle, d’autres amis ont l’intention de partir vers les Etats-Unis, au Canada ou à Londres.
La communauté juive de Belgique, qui compte 45 000 membres, connaît un taux alarmant d’attaques contre les membres de la communauté. Les responsables belges ont enregistré une augmentation de 50 % de rapports sur des attaques antisémites l’année dernière, quelque 130 incidents ont été enregistrés, un record en 10 ans.
Les attentats de Paris ont eu comme conséquence un bouclage de Bruxelles en raison du fait que les terroristes étaient de la capitale belge. Craignant des attaques similaires, le pays a déclaré son état le plus élevé d’alerte et les synagogues sont restées fermées tandis que les forces de sécurité ont lancé des raids pour chercher les suspects et les complices.
« Les Juifs prient à la maison. Certains d’entre eux ont l’intention de partir », a indiqué le Grand Rabbin Avraham Guigui de Bruxelles, sur la radio israélienne à l’époque. « Les gens se rendent compte qu’il n’y a pas d’avenir pour les juifs en Europe ».
Guigui a été critiqué pour ce commentaire par l’Association européenne juive.
Dan dit que la peur dans la rue est palpable. Elle dit qu’elle cache son pendentif en formé d’étoile de David et sait que certaines familles qui ont déplacé leur mezouza de leurs portes d’entrée de peur d’attirer l’attention.
« Je n’ai jamais pensé jamais que j’aurai à cacher un journal juif dans le métro », a déclaré Dan au The Telegraph. « Quand mon petit-fils sort de l’école, il sait qu’il doit mettre sa kippa dans sa poche. Il me demande, pourquoi nous haïssent-ils ? Je lui réponds, oh, c’est une longue histoire ».
Le directeur du Centre communautaire juif européen à Bruxelles a déclaré au journal qu’il est régulièrement insulté et menacé, avec ses quatre enfants.
« J’ai grandi en Argentine et j’ai connu quelques cas d’antisémitisme, mais par rapport à ce que mes enfants vivent en Europe en 2015, cela est incomparable », a dénoncé le rabbin Avi Tawil. Ses bureaux sont dans un bâtiment gardé par l’infanterie belge.
« Nous voyons des gens visés parce qu’ils sont juifs dans les rues tout le temps », a-t-il précisé.
Aussi bien Tawil que Dan ont dit au Telegraph que la majorité des incidents sont perpétrés par de jeunes hommes arabes.
« Si je m’en tiens à ma propre expérience, les insultes et les actes de violence semblent provenir de personnes qui me maudissent avec des Allahu Akhbar ou d’autres insultes arabes », a expliqué Tawil.