L’AP a demandé à Israël d’autoriser des élections palestiniennes à Jérusalem-Est
Un haut responsable palestinien, Hussein al-Sheikh a indiqué que Ramallah attend la réponse d'Israël ; un analyste exprime son scepticisme quant à la tenue d'un vote
Le gouvernement palestinien basé à Ramallah a officiellement demandé à Israël la permission d’autoriser les Palestiniens de Jérusalem-Est à voter et à se présenter aux élections parlementaires et présidentielles de l’Autorité palestinienne (AP), selon un responsable de l’AP mardi.
« Nous avons officiellement demandé à Israël d’autoriser Jérusalem-Est à participer aux élections législatives et parlementaires, à s’y présenter et à y voter », a tweeté Hussein al-Sheikh, le chef de la commission des Affaires civiles de l’AP et proche du président de Mahmoud Abbas. « Nous attendons la réponse d’Israël. »
L’écrasante majorité des Palestiniens de Jérusalem-Est ne peuvent pas voter aux élections nationales israéliennes parce que la loi israélienne n’autorise que les citoyens de l’État hébreu à voter. Les Palestiniens de Jérusalem-Est disposent, pour la plupart, du statut de résident permanent, mais pas de la citoyenneté israélienne.
Fin septembre, Abbas a promis, depuis la tribune des Nations unies lors de l’Assemblée générale à New York, d’organiser des élections générales en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est.
Il a rencontré Hanna Nasser, chef de la commission centrale électorale de l’AP, pour discuter de la tenue d’élections, mais aucune date n’a été fixée.
De son côté, le Hamas s’est dit prêt à participer à des élections législatives et disposé à faire certaines concessions pour permettre la tenue du vote.
Les divisions intra-palestiniennes sont telles qu’aucun scrutin électoral n’a eu lieu depuis plus de 13 ans.
Le Hamas avait remporté en 2006 les législatives, mais le groupe terroriste avait été privé de sa victoire et avait pris le pouvoir à Gaza en 2007 au prix de combats meurtriers avec le Fatah de Mahmoud Abbas.
Depuis, l’Autorité palestinienne, entité intérimaire censée préfigurer un futur État indépendant et dominée par le Fatah, n’exerce plus qu’un contrôle limité en Cisjordanie.
Le Parlement palestinien ne siège plus depuis 2007. Le mandat d’Abbas a lui expiré en 2009, mais court toujours faute d’élections.
De nombreuses tentatives de réconciliations entre le Fatah et le Hamas ont échoué.
Interrogé sur la question de savoir si Israël a reçu une demande des Palestiniens d’organiser des élections à Jérusalem-Est, un porte-parole du bureau du Premier ministre a répondu qu’il était en train d’examiner cette question.
La Treizième chaîne a cité un haut responsable israélien anonyme qui a déclaré mardi qu’al-Sheikh avait envoyé une lettre à Israël il y a trois semaines, demandant la permission d’installer des isoloirs de l’AP à Jérusalem-Est et d’autoriser les résidents à voter.
Selon le rapport, le haut responsable a également confirmé qu’al-Sheikh avait demandé à Israël de permettre aux Palestiniens de Jérusalem-Est de se présenter à de telles élections. Israël ne lui a pas encore répondu, a dit le fonctionnaire.
Les Accords d’Oslo, signés par Israël et l’OLP dans les années 1990, établissent un mécanisme permettant aux Palestiniens de participer aux élections à Jérusalem-Est, que l’Etat juif considère comme faisant partie de sa capitale souveraine.
Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de l’état indépendant auquel ils aspirent.
Israël a autorisé la tenue d’élections de l’AP à Jérusalem-Est en 1996, 2005 et 2006.
Cependant, Jihad Harb, analyste palestinien basé à Ramallah a fait part de son scepticisme quant à la tenue d’un scrutin imminent.
« La possibilité que des élections aient lieu est très faible », a-t-il dit dans une interview téléphonique. « Je dirais qu’elles sont de 20 % »
Il a affirmé que l’un des principaux obstacles aux élections palestiniennes est la réticence d’Israël à autoriser leur tenue à Jérusalem-Est.
« Israël ira probablement vers de nouvelles élections prochainement. Dans ce contexte, le gouvernement n’autorisera pas prochainement la tenue d’élections palestiniennes à Jérusalem », a-t-il prédit, soulignant que le Fatah et le Hamas ont tous deux fait savoir qu’ils ne participeraient pas à des élections qui n’incluent pas Jérusalem-Est.
Israël mène une politique de répression sur l’activité de l’AP à Jérusalem-Est ces dernières années.
Harb a également déclaré que l’AP et le Hamas n’ont pas conclu d’accords sur certaines questions portant sur les élections.
« Les deux partis n’ont pas encore convenu du tribunal qui sera chargé d’arbitrer les litiges liés aux élections. Ils n’ont également pas convenu d’un consensus sur la supervision policière des élections », a-t-il indiqué, ajoutant que du point de vue de l’AP, les forces de l’ordre ne sont pas légitimes.
« Ensuite, il y a la loi électorale de 2007, qui pourrait présenter des défis pour le Hamas », a-t-il expliqué. « L’Autorité palestinienne et le Hamas n’ont pas non plus conclu d’arrangement qui leur permettrait de s’autoriser mutuellement à opérer librement. En fait, nous avons récemment vu l’AP arrêter des membres du Hamas et vice-versa. »
La loi électorale de 2007 de l’AP exige que tous les candidats aux élections législatives ou présidentielles « fassent de l’OLP le représentant unique et légitime du peuple palestinien ».
Le Hamas n’est pas membre de l’OLP et s’est fermement opposé à plusieurs de ses initiatives, y compris à la décision de signer les accords d’Oslo.