L’AP a répondu aux exigences israéliennes pour la prolongation de l’accord bancaire – officiel américain
Le ministre d'extrême droite Smotrich a dorénavant jusqu'au 31 octobre pour approuver l'accord permettant aux banques israéliennes et palestiniennes de travailler ensemble
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Les États-Unis ont tiré la conclusion que l’Autorité palestinienne (AP) avait bien rempli les conditions fixées par Israël pour permettre aux banques israéliennes de continuer à effectuer des transactions avec les banques palestiniennes, a déclaré lundi au Times of Israel un responsable américain proche du dossier.
Ce constat officiel, de la part des États-Unis, vise à pousser le gouvernement israélien à prolonger le cadre de « l’accord bancaire correspondant » avec les Palestiniens pour au moins une année supplémentaire.
Les États-Unis ont déclaré que si la dérogation permettant aux banques israéliennes d’effectuer des transactions avec leurs homologues palestiniennes n’était pas approuvée, il pouvait y avoir une crise économique grave en Cisjordanie et un effondrement de l’AP.
L’accord doit expirer le 31 octobre. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avait accepté de le prolonger de trois mois seulement au cours de l’été – malgré les pressions exercées par les États-Unis en faveur d’une période beaucoup plus longue. Alors que la date-butoir approche, les Américains craignent que Smotrich puisse refuser de prolonger davantage l’accord bancaire.
Ces derniers mois, le bureau de Smotrich avait informé le ministère des Finances de l’AP et l’administration Biden qu’Israël serait prêt à accorder une prolongation si l’AP procédait à une évaluation des risques de son système financier et si un examen similaire était programmé du côté du Groupe d’action financière pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Israël veut voir des preuves montrant que les banques régulées par l’AP respectent les lois internationales en matière de lutte contre le terrorisme et de lutte contre le blanchiment d’argent.
L’économie palestinienne dépend fortement des relations que ses banques entretiennent avec leurs homologues israéliennes pour traiter les transactions effectuées en shekels, car l’AP ne dispose pas de devise propre. Selon les données officielles, quelque 53 milliards de shekels ont été échangés dans les banques palestiniennes en 2023.
Des responsables américains ont prévenu que si les relations bancaires entre Israël et les Palestiniens n’étaient pas maintenues, la Cisjordanie deviendrait une « économie monétaire », ce qui profiterait aux organisations terroristes présentes sur le territoire. Ils ont ajouté qu’un tel scénario compliquerait la tâche de l’AP, déjà affaiblie, dans sa lutte contre ces groupes.

Le département du Trésor a indiqué, dans le compte-rendu d’un rare appel téléphonique qui a eu lieu lundi entre le secrétaire adjoint au Trésor américain Wally Adeyemo et le Premier ministre de l’AP Mohammad Mustafa, que l’AP avait satisfait aux deux exigences posées par Israël.
Adeyemo a noté les progrès réalisés par l’AP – avec notamment l’achèvement des phases déterminantes de l’évaluation des risques au sein de sa juridiction et le renforcement de la conformité du système bancaire aux normes internationales, selon le communiqué américain.
« Ils ont discuté de l’importance des relations de correspondance bancaire entre les banques israéliennes et palestiniennes pour la sécurité et la stabilité économique de la région », a noté le compte-rendu.
Adeyemo « a souligné l’importance d’empêcher les terroristes et les extrémistes violents » de collecter, d’utiliser et de transférer des fonds en Cisjordanie, a ajouté le communiqué du Trésor, faisant apparemment référence aux sanctions américaines qui ont été prises contre des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation.
Avant la dernière prolongation de la dérogation, Smotrich, leader du parti Hatzionout HaDatit d’extrême-droite, qui est favorable à l’élargissement des implantations, n’avait accepté de prolonger l’accord que de quatre mois, au lieu de l’année habituelle.
Il n’avait accepté cette prolongation qu’après des pressions massives qui avaient été exercées par Washington. De surcroît, il avait, semble-t-il, conclu un accord de contrepartie avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu à cette occasion. Le gouvernement avait ainsi légalisé cinq avant-postes illégaux en Cisjordanie, fait avancer les plans de construction de milliers de nouveaux logements dans les implantations avec l’approbation d’une série de mesures de sanctions à l’encontre de l’AP.
À l’approche de la nouvelle échéance, les responsables américains s’inquiètent de voir Smotrich tenter de trouver de nouvelles raisons pour justifier des mesures punitives à l’encontre de l’AP.
Les Etats-Unis ont envisagé de sanctionner Smotrich pour sa politique, mais ils se sont abstenus de prendre cette mesure radicale pour le moment.
Reuters a contribué à cet article.