L’AP commence à enrôler des recrues pour assurer la sécurité à Gaza
Dans le cadre de l'accord entre les factions rivales palestiniennes, Ramallah enverrait initialement 3 000 gardes dans la bande
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a signé lundi un décret pour commencer à enrôler de nouvelles recrues afin d’établir une présence sécuritaire pour l’AP dans la bande de Gaza conformément à un accord de réconciliation qui vient d’être signé entre les factions palestiniennes rivales du Hamas et du Fatah, a annoncé le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Sheikh.
Sheikh a fait part de cette décision lors d’une interview accordée lundi soir à Palestine TV.
Tandis que le ministre n’a pas précisé combien de recrues l’Autorité palestinienne, contrôlée par le Fatah, voulait engager pour assurer la sécurité de Gaza, des sources proches de la convention de réconciliation qui a été signée jeudi au Caire ont fait savoir que 3 000 policiers de l’AP seraient redéployés dans la bande.
Ce chiffre est une fraction du nombre de policiers employés par le Hamas, l’organisation terroriste qui dirige la bande de Gaza.
Dans l’accord de réconciliation, le Hamas a formellement convenu de laisser l’AP, dirigée par le Fatah, gouverner Gaza, notamment en prenant la charge des postes-frontières et d’avancer vers la formation d’un gouvernement d’unité palestinienne.

La convention stipule également que des responsables de la sécurité de l’AP se rendront à Gaza et qu’elles se coordonneront avec les « parties concernées » pour amorcer « la reconstruction des services de sécurité ».
Le Hamas doit rendre le contrôle des postes-frontières en date du 1er novembre, avant de transférer totalement ses pouvoirs sur l’enclave côtière le 1er décembre.
Abbas a insisté sur le fait qu’il veut que l’AP ait le contrôle total de Gaza, notamment de toutes ses armes, avant d’accepter l’idée d’un gouvernement d’unité avec le Hamas.
Le Hamas, pour sa part, a indiqué ne pas être désireux de désarmer son armée qui serait forte de 25 000 soldats. Le chef du groupe terroriste Ismail Haniyeh a fait la distinction la semaine dernière entre les armes de l’Etat et celles « de la résistance », en référence à l’arsenal et aux militants du Hamas, clamant que ces dernières resteraient en possession du groupe jusqu’à la résolution du conflit israélo-palestinien.
Sheikh, qui est l’un des plus proches conseillers d’Abbas et qui a pour mission de coordonner les affaires de l’AP avec Israël, a réaffirmé l’insistance mise par le président de l’AP sur le fait que son gouvernement aurait le contrôle total des armes dans l’ensemble de la bande de Gaza.
« Il n’y a pas un seul pays dans le monde qui accepterait une double approche en termes d’autorités, de prise de décision, d’ordre ou d’armes », a-t-il expliqué.
« Nous ne sommes pas des milices qui partageons l’autorité entre nous. Nous voulons un régime qui ait le contrôle total et complet de l’autorité », a-t-il ajouté.
Tout en notant que le processus de réconciliation avec le Hamas ne serait pas facile, Sheikh a fait savoir que l’AP « ne regardera pas en arrière ».
Le groupe terroriste a pris le contrôle de Gaza du Fatah d’Abbas lors d’un coup d’état violent en 2007. Il s’est opposé depuis à Israël lors de trois conflits majeurs.
Israël, aux côtés d’une grande partie de la communauté internationale, a fait savoir qu’il n’accepterait aucun gouvernement d’unité a moins que le Hamas ne renonce au terrorisme et reconnaisse l’Etat juif.
Pendant ce temps, les relations entre les deux parties ont d’ores et déjà commencé à décliner, ce qui laisse planer le doute sur l’avenir des efforts de rapprochement. Le Hamas a demandé à Abbas de lever les sanctions qu’il avait imposé à la bande au mois de mars, mais le président de l’AP a déclaré qu’il attendrait d’avoir repris le contrôle de la bande.

Parmi ces sanctions, une réduction drastique des salaires pour des milliers de fonctionnaires et la mise en retraite anticipée de milliers de personnes, de coupes budgétaires effectuées à partir des coffres de l’AP pour l’approvisionnement en électricité à Gaza – ne laissant aux habitants de l’enclave côtière que quelques heures d’électricité par jour – ainsi que des coupes importantes dans l’aide médicale et la baisse des consultations médicales octroyées aux Gazaouis qui doivent être soignés hors de l’enclave.
Ces sanctions avaient pour objectif d’obliger le Hamas à abandonner le pouvoir en supprimant son gouvernement séparé. Abbas comme Israël ont affirmé que le Hamas utilisait son budget pour financer son armée tout en demandant à Ramallah de payer la facture pour la gouvernance de Gaza.
Au commencement du round actuel de négociations, le Hamas avait annoncé le démantèlement de son gouvernement et avait autorisé l’AP à commencer à reprendre le contrôle à Gaza.
Lundi, c’est le porte-parole du Hamas Sami Abu Zuhri qui a mis un terme à cette rhétorique de bonne volonté entre les deux ennemis de longue date en critiquant la décision du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de ne pas lever les sanctions sévères imposées à Gaza.
« Aujourd’hui, il n’est pas justifié de continuer les sanctions prononcées à l’encontre de Gaza alors même que le gouvernement de l’AP est satisfait d’évoquer la reprise du contrôle des postes-frontières et les explorations nécessaires pour les recherches de gaz naturel à Gaza », a écrit le porte-parole du Hamas sur son compte Twitter.