Lapid comprend mais s’oppose aux menaces de refus de service des réservistes
Le chef de l'opposition a accusé Ben Gvir et Smotrich de pouvoir utiliser les capacités de piratage de l'armée sans aucune restriction légale si la réforme judiciaire était adoptée

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a déclaré samedi qu’il s’opposait aux menaces des réservistes militaires de refuser de servir si la réforme judiciaire du gouvernement est adoptée.
Dans une interview accordée à la Douzième chaîne, Lapid a reconnu que même s’il pensait que les préoccupations des anciens soldats étaient justifiées, il était contre les appels à refuser le service de réserve car la nation doit se protéger contre les ennemis.
Pour appuyer ces inquiétudes, le chef du parti de Yesh Atid a donné l’exemple de la cyber-unité de l’armée, « qui, en une seconde, peut s’introduire dans les téléphones posés sur cette table, dans les e-mails, et les photos ou toute autre chose que vous pourriez nommer ».
« Et ils se demandent si – dans un pays où il n’y a pas de contrôle légal sécurisé – [le ministre de la Sécurité nationale Itamar] Ben Gvir et [le ministre des Finances Bezalel] Smotrich, utiliseraient la cyber-unité s’ils le pouvaient ? Bien sûr qu’ils le feraient », a déclaré Lapid, faisant référence aux membres d’extrême-droite de la coalition Netanyahu.
« C’est ce qui se passera si cette chose, appelée ‘réforme’, qui n’en est pas une, est adoptée », a-t-il ajouté.
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, ancien chef d’état-major de Tsahal, a appelé dimanche les soldats réservistes à continuer à se présenter à leur service de réserve, même dans un contexte de vague de protestations contre les projets du gouvernement de remanier le système judiciaire.
« Je demande aux réservistes et à ceux qui sont en service actif – de continuer à servir, de se présenter quoi qu’il arrive », a déclaré Gantz lors d’une réunion de sa faction à la Knesset. « Protéger ce pays par des manifestations et le protéger par des incursions [militaires]… malgré la douleur. »
Gantz les a appelés à « continuer à se battre pour ce pays dans la bataille et continuer à se battre pour lui via la protestation. Nous gagnerons cette lutte tôt ou tard. L’État d’Israël et ses valeurs sont plus forts qu’un seul gouvernement. »
Un nombre croissant de réservistes de diverses unités ont prévenu qu’ils ne serviraient pas si la coalition poursuivait ses plans visant à remanier radicalement le système judiciaire, ce qui, selon les opposants, ferait d’Israël une démocratie affaiblie, voire une dictature.

La semaine dernière, d’anciens soldats de l’unité 8200 au sein des renseignements militaires ont rejoint une liste croissante de réservistes de pilotes, de membres du Corps Blindé Mécanisé, de sous-mariniers, de marins et d’autres forces spéciales qui menacent de refuser de se soumettre à leur devoir de réserve en signe de protestation contre le plan largement controversé du gouvernement de réformer le système judiciaire israélien.
La semaine dernière, le député Gadi Eisenkot (HaMahane HaMamlahti), ancien chef d’état-major de Tsahal, a déclaré à la radio 103 FM qu’il était également contre les menaces de refus de service, mais qu’il comprenait « leur douleur ».
Le député Yuli Edelstein (Likud), qui préside la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, a déclaré samedi à la Douzième chaîne que les hauts responsables de la sécurité sont préoccupés par les appels au refus de service.
« Ils s’inquiètent du fossé qui se creuse dans la nation, de la division et des appels au refus », avait-il déclaré.
La semaine dernière, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré que « tout appel au refus nuit à la sécurité d’Israël », alors qu’il s’adressait à des troupes de réservistes en Cisjordanie.
La coalition Netanyahu est à l’origine d’une refonte du système judiciaire qui augmenterait le contrôle du gouvernement sur le système judiciaire. Selon ses détracteurs, ce projet portera profondément atteinte au caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système d’équilibre des pouvoirs, en accordant presque tous les pouvoirs à la coalition et en laissant les droits individuels sans protection et les minorités sans défense.

Ces projets ont suscité une vive opposition de la part de nombreux secteurs de la société et ont conduit à des manifestations de masse de plus en plus nombreuses à Tel Aviv, Jérusalem et d’autres grandes villes.
Samedi soir, quelque 160 000 personnes se sont rassemblées à Tel Aviv et des dizaines de milliers d’autres se sont mobilisées ailleurs contre les propositions.
Les partisans de la refonte assurent que les changements mettront fin à la surenchère des tribunaux et des institutions judiciaires, qui ont bloqué les efforts de la droite pour faire passer des mesures considérées comme violant les droits inscrits dans les Lois fondamentales d’Israël.