Lapid : « Netanyahu, a ignoré tous les signaux précédant le 7 octobre ; il doit partir »
Dans une interview au ToI, le chef de l'opposition dit avoir assisté à une réunion de sécurité clé avec le Premier ministre, donnant lieu à son avertissement public du 20 septembre
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été informé des dangers imminents pour Israël avant le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, et les chefs de l’establishment de la Défense lui ont dit que la sécurité nationale était en danger, mais il a volontairement ignoré « toutes les balises rouges, tous les avertissements », a accusé le chef de l’opposition Yaïr Lapid dans une interview accordée au Times of Israel.
Par conséquent, Netanyahu, qui a refusé d’endosser la responsabilité globale directe en tant que Premier ministre de l’incapacité à empêcher l’assaut et les massacres du Hamas, aurait dû démissionner le 8 octobre, a déclaré Lapid.
Le dirigeant de Yesh Atid et ancien Premier ministre a mentionné une réunion de sécurité spécifique à laquelle Netanyahu était présent et à laquelle il avait assisté en sa qualité de chef de l’opposition, a fait référence à des « documents de renseignement » que Netanyahu et lui-même avaient reçus et a cité ce qu’il a déclaré être des avertissements directs adressés au Premier ministre par les chefs de l’armée israélienne.
Lors du briefing de sécurité des dernières semaines avant l’incursion et les massacres du Hamas, a noté Lapid, « il a entendu les mêmes choses que moi, de la part du général [Avi] Gil, [le secrétaire militaire du Premier ministre] », a déclaré Lapid. « Et puis j’ai lu les documents de renseignement qu’il a vus. »
« Tous les signaux, tous les drapeaux rouges, tous les avertissements » étaient là, a accusé Lapid, mais Netanyahu « les a tous ignorés ».
Lapid était tellement troublé par ce briefing de sécurité, a-t-il rappelé, que le 20 septembre dernier, il avait tenu une conférence de presse au cours de laquelle « j’ai dit, quelque chose d’horrible va se produire. Et Gaza a été mentionnée. Et j’ai dit : ‘Nos parents vont s’asseoir dans des mamadim [les pièces sécurisées], nos enfants vont mourir ». Lapid avait commencé cette conférence de presse en déclarant : « À l’approche de Yom Kippour, je suis obligé d’avertir les citoyens d’Israël : nous nous rapprochons d’une confrontation sur plusieurs fronts… »
Lapid a ajouté que, sous le précédent gouvernement, dirigé par lui et Naftali Bennett, « nous étions en alerte, et il aurait été impossible que si le chef d’état-major et ses généraux de haut rang, étaient entrés dans la pièce – comme cela s’est produit avec Netanyahu – et avaient déclaré : ‘Vous risquez la sécurité d’Israël ; votre refonte du système judiciaire est en réalité en train de miner notre capacité de dissuasion parce que notre ennemi voit cela comme une opportunité’, que moi ou [Bennett] l’aurions ignoré ».
« C’est pourquoi cela ne se serait pas produit sous notre mandat – et c’est pourquoi il n’aurait plus dû être Premier ministre depuis le 8 octobre », a ajouté Lapid.
En ce qui concerne la poursuite des pourparlers indirects avec le groupe terroriste palestinien du Hamas sur un accord de « trêve contre libération d’otages », Lapid a accusé Netanyahu de gagner du temps afin d’empêcher les partis d’extrême-droite de quitter sa coalition, et a déclaré que la récente insistance du Premier ministre sur une présence israélienne continue le long du corridor Philadelphi entre Gaza et l’Égypte n’était qu’un prétexte.
« La guerre a commencé le 7 octobre. Lui, en tant que Premier ministre, a envoyé des troupes dans le corridor Philadelphi en mai. C’est presque huit mois après », a-t-il fait remarquer. « Pendant huit mois, vous n’avez pas pensé que le corridor Philadelphi était la chose la plus importante. Tout à coup, c’est la seule chose qui compte. Je ne dis pas que le corridor Philadelphi n’est pas important. Il l’est. Mais il est bien plus important de finaliser l’accord pour les otages. »
Un tel accord « calmera également le nord », a soutenu Lapid. « Mais surtout, la société israélienne ne guérira jamais tant que les otages ne seront pas de retour. Et nous pouvons en réalité utiliser la pause [des combats] pour reconstruire et remodeler la société israélienne et l’armée pour les défis auxquels nous sommes confrontés – et s’assurer que tout le monde comprend que nous avons maintenant la capacité d’être plus proactifs sur ce qui se passe dans le nord – sans parler de l’Iran, qui a toujours été le plus grand défi. Et cet accord pour les otages est aussi la seule voie vers la coalition régionale qui est essentielle pour [traiter avec l’Iran]. »
Au cours de l’interview, Lapid a insisté sur le fait qu’Israël, après Netanyahu, pourra redevenir « ce que nous avons toujours été censés être ».
« Nous pouvons être heureux, nous pouvons être optimistes, nous pouvons être pleins d’espoir. Nous pouvons être opérationnels, ce qui n’est pas le cas actuellement. »
« Mais avant tout », a-t-il réitéré, « Netanyahu doit partir ». « Ce qui compte au sujet de Netanyahu, c’est qu’il ne travaille pas pour le pays », a déclaré Lapid.
« Il est intéressé par le pouvoir en soi et non par le pouvoir de faire le bien. »
« Le fait que Netanyahu dise des choses sur l’unité ou la division n’a pas d’importance. Il faut regarder ce qu’il fait, et ce qu’il fait en ce moment, c’est qu’il ne conclut pas l’accord des otages comme il devrait le faire, qu’il ne fait pas avancer le budget dans l’intérêt de tous. Il ne respecte pas les sacrifices que fait ce pays. Il se déplace en jet privé. Il n’est pas allé dans un seul kibboutz depuis le 7 octobre. Il ne peut donc pas me dire qu’il sert le pays. Il agit pour lui-même. »
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