L’armée classe l’occupation du Sud-Liban comme une campagne officielle
Si le ministre de la Défense approuve la mesure, celle-ci devra alors recevoir le feu vert de la commission ministérielle du gouvernement pour les cérémonies et les symboles
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L’armée israélienne reconnaîtra la période de 1982 à 2000 durant laquelle des troupes ont été déployées au Sud-Liban comme une campagne officielle et nommée, et accordera un insigne spécial à ceux qui y ont pris part, sous réserve que le gouvernement soutienne cette initiative, a annoncé l’armée mercredi.
La décision du chef d’état-major Aviv Kohavi, marque une victoire pour un groupe d’anciens combattants de cette période, qui réclament cette reconnaissance officielle depuis des années, affirmant que leurs expériences dans la « zone de sécurité » au Sud-Liban ont été oubliées et ignorées par l’Etat.
Ce geste symbolique mettra l’occupation militaire de 18 ans sur le même plan que les guerres et les campagnes militaires pluri-annuelles d’Israël.
Cette période, durant laquelle Tsahal a occupé une bande du Sud-Liban – totalisant environ 10 % du territoire libanais – afin de défendre le nord d’Israël contre les attaques terroristes, sera connue sous le nom de « Campagne pour la zone de sécurité au Liban », a déclaré l’armée dans un communiqué.
La décision a été prise par Kohavi sur la recommandation d’un comité dirigé par l’ancien chef d’état-major, le lieutenant général (rés.) Shaul Mofaz, qui avait dirigé l’armée pendant une partie de cette période, a déclaré l’armée.

La commission Mofaz, qui réunit des généraux actuels et d’anciens hauts commandants de la campagne, a été chargée d’examiner la possibilité de reconnaître officiellement cette période comme une campagne de Tsahal au début de l’année, à l’approche du 20e anniversaire du retrait d’Israël du Sud-Liban.
Israël a démantelé la zone de sécurité et s’est empressé de se retirer à la frontière internationale fin mai 2000, sous la direction du Premier ministre Ehud Barak. L’Armée du Sud-Liban, une milice soutenue par Israël qui a combattu a ses côtés dans la zone, s’est effondrée au moment du retrait d’Israël. Le groupe terroriste chiite du Hezbollah soutenu par l’Iran s’est ensuite installé dans la zone, et un raid transfrontalier du Hezbollah a débouché sur la seconde guerre du Liban en 2006.
Kohavi a accepté la recommandation de la commission, déclarant que c’était « un geste important et moral, qui exprime une profonde reconnaissance pour le service de nombreuses générations (de soldats), qui ont défendu les frontières nord du pays et ses citoyens ».
Kohavi a transmis sa recommandation au ministre de la Défense Benny Gantz, qui avait par le passé exprimé son soutien à la mesure. Si le ministre de la Défense approuve effectivement la mesure, celle-ci devra alors recevoir l’approbation finale de la commission ministérielle du gouvernement pour les cérémonies et les symboles.
« Il ne fait aucun doute que le service opérationnel au Liban mérite une reconnaissance historique », a déclaré Gantz en juillet.
Après l’annonce de l’armée, Gantz a indiqué qu’il soutiendrait cette démarche, disant qu’il saluait la décision de Kohavi d’accepter l’avis de la commission.
« J’ai servi pendant 22 ans au Liban et je connais – de mes propres yeux – la particularité du service dans cette région. Dès mon entrée en fonction, cette question m’a été soumise et j’ai pris soin de la faire avancer avec le chef d’état-major. Bientôt, j’inviterai les membres de la commission à discuter de leurs recommandations », a déclaré Gantz.
כמי שנכנס ללבנון במרץ 1978 והיה האחרון לצאת ממנה במאי 2000, אני מכיר היטב את תרומתם הגדולה של חיילי צה׳׳ל שהיו לאורך השנים על אדמת לבנון. נלחמו בעוז, הגנו על המדינה ושילמו מחיר דמים כבד.
אין ספק שהשירות המבצעי בלבנון ראוי להכרה היסטורית. pic.twitter.com/CwfHVeauGF
— בני גנץ – Benny Gantz (@gantzbe) July 9, 2020
Si le projet est approuvé, ce sera la neuvième campagne de ce type à être reconnue par l’armée, avec la guerre d’indépendance de 1948, la guerre du Sinaï de 1956, de la guerre des Six Jours de 1967, la guerre de 1967-1970, la guerre du Kippour de 1973, la première guerre du Liban de 1982, la deuxième guerre du Liban de 2006 et la guerre de Gaza de 2014, connue officiellement sous le nom d’opération Bordure protectrice.
On estime que 675 soldats ont été tués pendant l’occupation du Sud-Liban par Israël. Cette période a été couverte dans le documentaire télévisé « War with No Name », qui a été publié au début de l’année en signe de reconnaissance officielle de la présence israélienne au Sud-Liban depuis 18 ans.
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L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.