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L’armée d’élite du régime en Iran proclame la fin de la « sédition »

Selon les autorités iraniennes, les Etats-Unis et le mouvement des Moudjahidine, basé en France, seraient à l'origine de ce mouvement de contestation

Des manifestants pro-gouvernementaux brandissent des affiches du leader suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei et du fondateur iranien de la République islamique, l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, lors d'une marche dans la ville sainte iranienne de Qom le 3 janvier 2018 (Crédit : AFP PHOTO / Mohammad ALI MARIZAD)
Des manifestants pro-gouvernementaux brandissent des affiches du leader suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei et du fondateur iranien de la République islamique, l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, lors d'une marche dans la ville sainte iranienne de Qom le 3 janvier 2018 (Crédit : AFP PHOTO / Mohammad ALI MARIZAD)

L’armée d’élite du pouvoir en Iran a proclamé la fin du mouvement de contestation qui a fait 21 morts et entraîné des centaines d’arrestations, dans la foulée de manifestations massives de soutien au régime.

Parallèlement, l’Iran s’est plaint auprès du Conseil de sécurité et du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres d’ingérence des Etats-Unis dans ses affaires intérieures, tout en cherchant à minimiser le mouvement de contestation, le premier de cette ampleur depuis celui de 2009 contre la réélection du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui avait été violemment réprimé.

Aucune manifestation anti-régime n’a été rapportée durant la journée de mercredi. Les autorités ont bloqué sur les téléphones portables les réseaux sociaux Telegram et Instagram, utilisés selon elles pour appeler à protester.

« Aujourd’hui nous pouvons annoncer la fin de la sédition », a déclaré mercredi le chef des Gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari, en soutenant que le nombre de manifestants antirégime n’avait « pas dépassé les 15 000 sur l’ensemble du pays ».

Le commandant des Gardiens de la Révolution iranienne, le général Mohammad Ali Jafari. (Crédit : capture d’écran YouTube/Press TV)

« Un grand nombre de fauteurs de troubles, au centre de la sédition, ont reçu une formation de la contre-révolution », a-t-il dit en référence aux Moudjahidine du peuple, principale formation de l’opposition en exil. Ceux-ci « ont été arrêtés et il y aura une action ferme contre eux ».

Le général Jafari a également fait valoir que des milliers de personnes avaient été « entraînés » par les Etats-Unis pour « fomenter des troubles en Iran ».

Le numéro un iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a lui accusé les « ennemis » de l’Iran de porter atteinte au régime, sans les nommer, alors que le président Hassan Rouhani a lui parlé d’une « petite minorité » de contestataires.

Rouhani a en outre demandé à son homologue français Emmanuel Macron de prendre des mesures contre les activités des Moudjahidine, basés en France, selon la TV d’Etat.

Nouvelles manifestations pro-régime jeudi

La classe politique en Iran – réformateurs comme conservateurs – s’est positionnée contre les violences lors des manifestations, tout en soulignant la nécessité de trouver une solution aux problèmes économiques, principalement le chômage qui atteint 30 % chez les jeunes.

Mercredi lors d’une massive mobilisation prorégime, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à travers le pays pour apporter leur soutien aux leaders religieux.

Munis de banderoles dénonçant les « fauteurs de troubles », les manifestants ont repris des slogans en faveur du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et crié « Mort à l’Amérique » ou « Mort à Israël ».

La télévision d’Etat a montré des images en direct de manifestations massives. « Nous offrons à notre guide le sang qui coule dans nos veines », ont scandé les participants.

D’autres manifestations pro-régime sont prévues jeudi à Ispahan et Machhad.

Seules quelques petites protestations sporadiques en province ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et impossibles à vérifier, contrastant avec les précédentes nuits de contestation contre l’austérité économique et le pouvoir.

Les troubles, partis le 28 décembre de la deuxième ville d’Iran Machhad avant de se propager, ont été marqués par des violences et des attaques contre des biens publics, pouvoir ou médias mettant en cause des « contre-révolutionnaires » basés à l’étranger, mais aussi les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, rivale de l’Iran au Moyen-Orient.

Durant les importantes protestations de jeudi à lundi soir, 21 personnes ont péri -en majorité des manifestants- et des centaines ont été arrêtées, dont 450 à Téhéran.

‘Interventions’ américaines

A Téhéran, beaucoup d’habitants interrogés par l’AFP ont dit comprendre les motifs socio-économiques des protestations mais ont dénoncé les violences et les critiques américaines.

« L’administration américaine actuelle a franchi toutes les limites en enfreignant les règles et les principes du droit international régissant la conduite civilisée des relations internationales », a affirmé le représentant iranien à l’ONU, Gholamali Khoshroo, dans une lettre rendue publique mercredi par la mission diplomatique iranienne auprès des Nations unies.

« Au cours des derniers jours, l’administration américaine dirigée par le président américain a augmenté ses interventions d’une manière grotesque dans les affaires intérieures de l’Iran sous prétexte de fournir un soutien à des manifestations sporadiques », a-t-il souligné en reprenant l’argumentation de Téhéran d’une contestation ourdie de l’étranger.

Depuis le début de la contestation, M. Trump a pris fait et cause pour les protestataires et a condamné le régime. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a demandé des réunions d’urgence du Conseil de sécurité et de celui des droits de l’Homme sur l’Iran.

Et un haut responsable de l’administration américaine a affirmé que « toutes les possibilités étaient examinées » concernant des sanctions américaines contre des organisations et des personnes en Iran susceptibles d’être visées pour des « infractions » aux droits de l’Homme, des actes de censure ou l’entrave à la liberté de rassemblement.

Contrastant avec la position américaine, les pays européens ont réagi avec prudence aux protestations, exprimant leur « préoccupation » et appelant au « dialogue ».

A Beyrouth, Hassan Nasrallah, le chef du mouvement terroriste libanais du Hezbollah financé par Téhéran, a affirmé que les « espoirs de Trump ont été déçus, tout comme ceux des Israéliens et des responsables saoudiens qui pariaient sur des protestations plus importantes qui provoqueraient la chute du régime en Iran ».

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